Si vis pacem (Léon)

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Premier lundi de novembre. Une journée qui s'annonçait grise, pluvieuse, triste à souhait – en un mot, anglaise. James aimait Londres sous ce temps sinistre, lorsque le vent balayait les rues de la capitale et que la pluie leur donnait une brillance inhabituelle. Il s'était d'ailleurs permis une petite promenade matinale avant de se rendre au Ministère, le col de son imperméable relevé, indifférent à la pluie qui coulait sur son visage. Les Moldus, dont beaucoup se débattaient avec des parapluies que le vent menaçait de retourner à chaque instant, ne semblaient pas comprendre le plaisir de se balader sous la pluie, de se laisser tremper par cette eau glacée... Bon, ils ne connaissaient pas non plus le sort qui permettait de se sécher en un instant, ceci devait expliquer cela. Le président du Magenmagot, lui, avait marché une bonne demi-heure sous l'averse, avant de se décider à gagner le Ministère. Il avait déménagé très récemment, mais Londres lui manquait déjà. Challenger House était certes une demeure très confortable, et nettement plus prestigieuse que son appartement de Clarendon Road, mais James ne s'y sentait pas totalement à son aise. Peut-être parce que ce n'était plus Londres, où il avait habité des années durant, et dont il aimait l'ambiance, jusque dans les quartiers moldus. Sans doute, surtout, parce que Challenger House restait la demeure familiale des Jugson, et que quelque chose, entre ces murs, semblait refuser l'imposteur qui en était désormais propriétaire. Eccleston préférait ne pas trop réfléchir à tout cela. Une maison n'a pas d'âme propre, tout cela ne pouvait provenir que de son esprit ; s'il cessait de se faire des idées, tout rentrerait dans l'ordre. Il n'en avait parlé à personne, un peu honteux de ces pensées puériles.

L'entrée du Ministère le tira de ses réflexions. Déjà ? Il jeta un regard de regret à la rue autour de lui, et pénétra dans la vaste bâtisse par l'entrée discrète où s'engouffraient les employés. Il aurait préféré rester dehors que d'aller s'enfermer dans son bureau... La lourdeur de sa tâche lui pesait parfois, et il se prenait à rêver d'action. Il était facile de rêver d'aventure lorsqu'on passait ses journées dans un confortable bureau, au sein de l'institution la plus sécurisée du monde magique... James appréciait les moments où, sous les ordres de Crow, il pouvait rompre avec la monotonie de son travail au Magenmagot. Cela ne l'empêchait pas de prendre à cœur sa tâche au tribunal, et de s'y consacrer de son mieux. Depuis sa nomination à la présidence du Magenmagot, il n'avait pas ménagé ses efforts, conscient qu'un sang-mêlé promu à un haut poste serait encore plus observé qu'aucun autre sorcier. Il n'avait pas compté ses heures au Ministère ; d'ailleurs, malgré sa promenade dans Londres, il arrivait encore très tôt au Ministère ce matin-là, avant la majorité des autres employés. Dans l'Atrium encore calme, il rencontra William Avery, le directeur de la Justice Magique ; les deux hommes gagnèrent ensemble le niveau 2, et, tout naturellement, ils reprirent une conversation déjà engagée la veille. Le nouveau président-sorcier du Magenmagot s'inquiétait du fonctionnement du tribunal en période de guerre ; il avait interrogé le directeur de la Justice Magique à ce sujet, mais certains points demeuraient obscurs pour eux et Avery finit par suggérer :

-Demandez audience à l'Intendant, et posez-lui toutes vos questions. Et n'oubliez pas de me faire un rapport complet de votre entrevue.

L'idée était excellente, et James, de retour dans son bureau, chargea aussitôt son secrétaire de prendre contact avec Urquhart. Il écrivit lui-même une lettre dans laquelle il sollicitait une entrevue pour le plus vite possible, et Cadwallader se chargea d'expédier le courrier en urgence. À la grande surprise du magistrat, la réponse arriva dès la fin de la matinée : l'Intendant le conviait à se présenter à Urquhart en début d'après-midi. Cela ne laissait guère de temps ; James vérifia les quelques notes qu'il avait préparées, et annonça à son secrétaire qu'il pouvait disposer de son après-midi. Il ignorait combien de temps prendrait son déplacement à Urquhart, et préférait voir large ; de toute façon, s'il n'y restait pas longtemps, il avait à faire en-dehors du Magenmagot, et il pourrait y consacrer la fin de la journée.

À deux heures moins vingt, il déploya sur ses épaules une cape de voyage noire, et descendit vers l'Atrium. L'Intendance était un lieu hautement sécurisé, mais Brom avait dû donner des consignes pour que le président du Magenmagot puisse emprunter le réseau de Cheminette pour se rendre à leur entrevue... Du moins fallait-il l'espérer, sinon les conséquences risquaient d'être douloureuses.

Par chance, le réseau de Cheminette fonctionnait, et Eccleston arriva sans encombre jusqu'à la forteresse écossaise. Il fut accueilli par la secrétaire qu'il avait déjà vue lors de la réunion que Brom avait présidée quelques semaines plus tôt, et se présenta :

-James Eccleston, président-sorcier du Magenmagot. Monsieur l'Intendant doit m'attendre.

La secrétaire hocha la tête, et guida le visiteur à travers le vaste château, jusqu'à une porte devant laquelle elle le pria de s'asseoir et de patienter. Le magistrat prit place sur une chaise, sa mallette de cuir sur les genoux, tandis que la secrétaire entrait dans la pièce et refermait la porte. Le bureau de Brom, sans doute. James n'y était encore jamais venu ; sa seule visite à Urquhart ne l'avait mené que dans une vaste salle du rez-de-chaussée, loin du saint des saints que constituait le bureau de l'Intendant. Le jeune homme fixait la porte, vaguement impressionné. C'était donc là le centre du monde magique – ou presque, le véritable centre étant l'endroit où se trouvait le Seigneur des Ténèbres... L'attente se prolongea un petit moment. Absorbé dans ses pensées, James sursauta légèrement lorsque la porte se rouvrit, laissant paraître la secrétaire qui annonça :

-Monsieur l'Intendant va vous recevoir. Suivez-moi, je vous prie.

Le jeune serviteur des Ténèbres se leva en hâte, imitant sans s'en rendre compte la célérité de la secrétaire de Brom. On ne faisait pas attendre l'Intendant, tout dans l'attitude de la femme le disait clairement, et le visiteur ne pouvait que se plier à cette règle.

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Depuis sa résurrection, Léon Brom avait prit le temps d'aménager son bureau entièrement, pour le rendre plus confortable et plus personnel. Comme jadis dans sa salle de cours, le fond de la pièce était occupé par un orgue qui jouait faiblement une musique de fond. Les murs étaient recouverts d'illustres tableaux, des grands mages noirs et des puristes convaincus, il y avait également un étrange tableau représentant une main écarlate aux ongles noirs entourés de flammes obscures. Des tapisseries avec l'emblème de l'Intendance étaient placés de part et d'autre de la grande porte de bois qui menait à son bureau.

Le mobilier était entièrement en pierre directement modelé depuis le sol, les flammes, se consumant dans des vasques pendues au plafond et sur les bougies d'un immense lustre étaient toutes bleutées. Ce bleu profond rappelant indéniablement celui des yeux de l'Intendant qui travaillait depuis un véritable trône de pierre sur une table immense. Il écrivait ses missives quand sa secrétaire entra :

Monsieur, votre rendez-vous de 14 heure est arrivé.

Rangez les dossiers de guerre et faites le entrer.

La plume de Brom grattait toujours le papier, ses yeux n'ayant pas quitter les mots qu'il écrivait à un rythme régulier, d'une écriture fine et penchée. Il écrivait extraordinairement vite, il eut terminé sa dernière lettre alors que la femme sortait de la pièce pour aller chercher James Eccleston, il la signa d'un geste routinier, et la plaça dans une enveloppe qu'il scella avec la pointe de sa baguette magique. Il se leva de son siège, se dirigeant vers une petite armoire de pierre qu'il ouvrit d'un geste de la baguette, dévoilant une pensine dans laquelle il mit un de ses souvenirs.

Il refermait l'armoire quand son invité entra. Il regarda la secrétaire, et désignant les deux lettres il dit :

La première est pour le Ministre Français la seconde pour l'Italien. Envoyez des hommes et non des hiboux.

Oui Monsieur.

Il se tourna enfin vers Eccleston, et alla lui serrer la main de façon courtoise et disant :

Bonjour James. Ravis de vous revoir dans mon humble siège. Je vous en prie asseyez vous.

Le premier con venu aurait fait remarqué à l'Intendant qu'il n'y avait pas de siège, mais deux secondes après cette proposition, le mangemort avait déjà levé son bâton pour faire jaillir du sol un fauteuil face à son trône, bien que séparé par le bureau de la fonction la plus haute du Régime. Léon rejoignit son immense siège, parfaitement inconfortable, mais au combien prestigieux. Il posa son regard dans celui de son invité sans la moindre retenue, et il dit d'une voix haute :

Manchinsse, apporte le vin d'elfe !

L'elfe de maison apparut en une fraction de seconde, une bouteille poussiéreuse dans les mains ainsi que deux coupes d'argent. Il posa les coupe devant les deux sorciers, les remplit, et se barra vite fait avant de recevoir une branlée imméritée. Brom but une gorgée et dit :

J'ai cru comprendre que vous aviez des questions à me poser. Et si Avery a cru bon d'appuyer votre demande d'audience, c'est qu'il approuve votre venue. J'espère pouvoir éclairer votre lanterne.

Je vous écoute.

Brom reposa sa coupe de vin, il joignit ses doigts devant lui, regardant son interlocuteur avec le plus grand intérêt.

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Aller voir Brom. Cela n'avait eu l'air de rien lorsqu'Avery avait formulé cette suggestion, mais maintenant que James se trouvait à Urquhart, cela prenait une tout autre dimension. Sa démarche lui semblait soudain extraordinairement audacieuse ; avait-on idée de déranger l'Intendant pour des broutilles, alors qu'il était l'un des hommes les plus occupés du monde magique ? Les yeux fixés sur le sol de pierre tandis qu'il attendait d'être reçu, il commençait à douter du bien-fondé de sa présence dans cette illustre forteresse. Oh, bien entendu, il pouvait toujours se prévaloir de l'autorisation d'Avery... mais comment être certain que son supérieur ne l'avait pas envoyé à Urquhart en étant certain qu'il allait se faire mal recevoir par l'Intendant ? Léon Brom pourrait légitimement s'agacer de perdre son temps en formalités, et, en envoyant un sous-fifre, Avery évitait une engueulade. Une méthode éprouvée, en somme... James n'avait, objectivement, aucune raison de se méfier du Directeur de la Justice Magique, mais là, dans le silence du château d'Urquhart, son esprit vagabondait et il en arrivait à des conclusions parfaitement injustifiées. Sa relation avec William Avery était, précisément, empreinte de confiance puisqu'ils étaient maître et apprenti, et le Mangemort n'avait aucun intérêt à mettre son élève dans une mauvaise situation... mais cela, James ne l'envisageait pas. Pour l'heure, il n'était capable que de pensées négatives, et il était dans un état d'esprit très pessimiste lorsque la secrétaire de l'Intendant vint le chercher.

Emboîtant le pas à l'employée, Eccleston pénétra dans le plus étrange bureau qu'il ait jusqu'alors eu le privilège de visiter. L'endroit était décoré avec faste ; un grand trône de pierre, face à une vaste table de travail, servait probablement de siège à l'Intendant ; il n'y avait pas d'autre siège, et peu d'autres meubles. Toute la pièce baignait dans une lumière bleutée que le magistrat jugea reposante, bien qu'un peu froide. Léon Brom se tenait debout devant une armoire dont il refermait la porte lorsque la secrétaire introduisit le visiteur. Le président du Magenmagot garda le silence le temps que son hôte donne ses instructions, puis il serra respectueusement la main que lui tendait l'Intendant en murmurant :

-Bonjour, Monsieur l'Intendant. Je vous remercie de m'accorder un peu de votre temps.

Le Mangemort le pria de s'asseoir, et James, perplexe, tourna la tête vers le bureau devant lequel il n'avait vu aucun siège ; dans l'instant, il y vit apparaître un fauteuil modelé dans la même pierre que le trône de l'Intendant, légèrement moins haut et moins massif mais certainement tout aussi inconfortable. Il prit donc place sur le siège glacé, déposa sa mallette à ses pieds, et s'efforça de paraître à son aise tandis que Brom le fixait. À la vérité, il n'aimait guère être scruté de la sorte par un Mangemort, par l'un des personnages les plus influents du régime ; il lui semblait toujours qu'on allait trouver en lui cent défauts, cent reproches à lui faire, et, inconsciemment, il préparait déjà une défense. Lorsque l'Intendant ouvrit la bouche, cependant, ce ne fut que pour appeler son elfe, et lui ordonner de servir à boire, puis pour inviter très courtoisement son visiteur à parler. James prit une minuscule gorgée de vin, et entra immédiatement dans le vif du sujet :

-En effet, monsieur, j'ai quelques questions à vous poser... Ce sont des questions qui intéressent l'ensemble de la Justice Magique, et c'est pourquoi monsieur Avery m'a autorisé, et même incité, à venir vous voir.

Il marqua une brève pause, puis reprit :

-Vous avez, dernièrement, présidé ici même une réunion relative à la guerre en Irlande. Bien des points ont été abordés, mais celui de l'organisation de la justice ne l'a pas été. Or, il est difficilement concevable de conserver en temps de guerre le même fonctionnement judiciaire qu'en temps de paix... Nous allons avoir besoin de procédures accélérées, éventuellement de lois spécifiques pour la période des hostilités... C'est de tout cela que j'aimerais m'entretenir avec vous, de manière à ce que la Justice Magique soit parfaitement en accord avec l'Intendance. Des modifications dans le fonctionnement de la justice sont-elles prévues, monsieur l'Intendant ? Des lois d'exception sont-elles en projet ? Le Magenmagot sera-t-il compétent pour juger des faits commis en Irlande durant la période de guerre, si le cas venait à se présenter ? Voici quelques questions parmi d'autres... Nous sollicitons des éclaircissements, dans un souci d'efficacité.

Tout en parlant, il s'était penché pour ouvrir sa mallette, et en tirer quelques parchemins qu'il déposa, avec un support de cuir, sur ses genoux. De la poche de sa cape, il sortit une petite plume, et, fixant Léon Brom intensément, mais avec déférence, s'apprêta à prendre en note ses réponses.

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Léon Brom, coupe de vin en main, écouta les paroles de son interlocuteur, sans jamais le quitter des yeux, même en buvant. Son contact visuel était, il le savait parfaitement, déroutant pour la plupart des gens, car ils y voyaient l'étendue de sa propre folie.

Certains disaient que les yeux étaient le reflet de l'âme, comme si ils étaient une fenêtre ouverte sur la plus sincère et la plus profonde nature des hommes. L'Intendant partageait cette idée, même si logiquement, elle n'avait pas de fondement sur lesquels s'appuyer. Il aimait cette idée de montrer le pire en lui afin que tous le sache, mais ils savaient sans vraiment savoir, cette connaissance par reconnaissance n'était finalement rien d'autre que des présomptions, des conclusions hypothétique que ce simple regard pouvait entraîner, une vague d'émotions, à la fois positives et négatives que juste ce contact visuel permettait d'entretenir.

Le Président du Magenmagot était couillu de venir ici, mais visiblement bien moins assuré une fois l'acte culotté entamé. Il était jeune, il était moins puissant, moins habile, et surtout, bien moins dangereux qu'un homme de la trempe de Léon Brom. Et le Mage Noir le savait.

On pouvait cependant qu'assez peu conclure sur la véritable cause de la venue d'Eccleston. Un simple courrier lui aurait permis d'obtenir le genre de réponses que ses questions exigeaient, pourquoi se déplacer ? Une forme de respect ? Une volonté de prendre des contacts plus haut placés que lui ? Une envie de montrer sa hargne, ses envies, son engagement ?

Brom ne savait pas très bien quelles étaient les desseins de son interlocuteur, mais une chose était certaine, le jeune homme ne désirait rien laisser au hasard, même si son discours était un peu maladroit. Un homme moins ouvert que Brom aurait pu entendre un reproche dans la bouche de James quand il affirmait la réunion lacunaire. Il sourit une fraction de seconde, comme la folie de la jeunesse était intéressante !

Arquant un sourcil, comme pour se motiver, Brom se repositionna quelque peu dans son fauteuil et se laissa aller aux vastes réponses d'un si grand nombre de questions :

Nous ne pourrons au moins pas vous reprocher un manque de soucis du détail Eccleston.

Les Membres de l'Etat-major ont reçu de la part de l'Intendance un droit exécutif de la justice sur le sol Irlandais. Ce droit s'appliquera uniquement pour les affaires concernant les dérives de nos ennemis pendant les batailles. En effet, qui mieux que ceux qui dirigeront les offensives pourront témoigner et juger dans les affaires se déroulant pendant celles ci ?

Ceci étant dit, les Lois Martiales du Droit Magique International s'appliqueront à nous également, et notre système judiciaire devra en prendre compte. Ainsi tout acte de non respect des grands engagements internationaux devra être punis avec sévérité et tout auteur de tels actes sera soumis au Jugement du Magenmagot. J'entends par là le massacre de personnes innocentes, le génocide, la rupture du Secret Magique ou la cruauté excessive en matière d'interrogatoire sur les personnes ayant des droits dans notre société.

Quoi de plus normal me direz-vous ? Notez bien que les Lois internationales s'appliquent directement en fonction de notre estimation des droits individuels... je suis sur que vous me comprenez.

Pour l'heure aucune loi spécifique n'est en cours de rédaction. Il est probable que certaines viennent à être promulguées lorsque notre autorité sur le peuple Irlandais sera confirmée, afin que celui ci aie la chance de pouvoir jouir de la magnificence de notre régime et de sa Justice. Attendez vous à avoir des agrandissements de compétence, d'un point de vue géographique au minimum.

De façon plus concrète, abolir le Baiser du Détraqueur durant la guerre. Une peine de mort publique sera mise en place pour lutter contre la traitrise et la résistance à notre action de purification et pacification de l'Irlande Magique.

Je reste naturellement ouvert à toute proposition de Lois favorisant l'application de notre Système Judiciaire en territoire conquis, si vous avez des suggestions, n'hésitez surtout pas !

Brom reprit sa silencieuse contemplation de son interlocuteur, un sourire assez sadique se dessinant sur son visage, il attendait la suite avec la plus grande impatience.

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La plume courait sur le parchemin tandis que James notait les précisions apportées par Léon Brom ; le jeune homme retranscrivait presque en totalité les paroles de l'Intendant, par souci d'exhaustivité, mais aussi pour éviter de croiser ce regard dérangeant à force de fixité. Tout le temps qu'il avait exposé la raison de sa venue, Brom n'avait cessé de le regarder, comme s'il pouvait voir à l'intérieur même de son crâne, et le magistrat avait senti son assurance fondre comme neige au soleil. Il espérait que rompre le contact quelques instants lui permettrait de se reprendre, et de paraître à son avantage ; pas comme un petit garçon craintif, mais plutôt comme ce qu'il espérait être : un subalterne sûr de lui, digne de confiance, et profondément respectueux de l'autorité.

Il analysait les réponses de l'Intendant à mesure qu'elles étaient fournies, et signalait d'un astérisque celles qui lui seraient le plus immédiatement utiles au Magenmagot. Il hocha la tête à l'évocation des lois martiales internationales, et ne put s'empêcher de sourire brièvement ; il savait bien comment ces lois seraient appliquées, et il trouvait là matière à sourire. Naguère encore, il aurait été outré que la loi ne fût pas respectée à la lettre et qu'au nom d'une idéologie on pût la tordre pour n'en faire qu'une coquille vide ; à présent, il estimait que le purisme justifiait tout, et ne se rendait même plus compte que son propre cynisme atteignait des sommets. Il était le serviteur d'une justice dévoyée, en avait pleinement conscience, et n'en était pas le moins du monde affecté. Il avait passé l'âge des grands idéaux de l'adolescence, place à la réalité, dans toute sa cruauté.

Comme il l'avait espéré, le fait de baisser la tête sur ses notes et d'échapper quelques instants au regard inquisiteur de Léon Brom lui avait rendu quelque assurance. Lorsqu'il reprit enfin la parole, ce fut d'une voix plus ferme, bien que toujours déférente :

-Je vous remercie pour toutes ces précisions, Monsieur l'Intendant, et avec votre permission, je vais ajouter quelques questions...

Il laissa filer quelques secondes, puis, prenant le silence de son vis-à-vis pour une autorisation à poursuivre, se lança :

-Cette guerre permettra, je l'espère, de faire prisonniers certains responsables de la résistance bourbiste. Relèveront-ils du Magenmagot ? Quant aux ressortissants de l'Intendance faits prisonniers sur le sol irlandais, quel droit devrons-nous leur appliquer ? De plus, certains membres du Magenmagot ont émis le souhait de servir en Irlande le temps de la guerre. Jugeriez-vous à propos que soit constitué une sorte de détachement du Magenmagot, destiné à assister les membres de l'Etat-Major dans l'exercice de la justice ? La présence de professionnels auprès des personnes investies du pouvoir exécutif permettrait, à mon sens, de gagner un temps précieux.

Il avait formulé cette suggestion sur un ton presque hésitant, en homme qui ne veut pas imposer ses vues à plus puissant que lui. Brom ferait de cette idée ce que bon lui semblerait, mais s'il avait des questions, le président du Magenmagot avait préparé quelques explications. Il hésita avant de poursuivre, puis fit :

-Ma toute dernière question ne concerne pas directement l'Irlande, Monsieur l'Intendant... Peut-être serait-il préférable de terminer sur les problèmes posés par la guerre avant d'y venir ?

Car James Eccleston n'aimait pas s'éparpiller. Ajouté au sens du détail dont avait parlé Léon Brom, cela tendait à indiquer une personnalité maniaque, perfectionniste, méthodique – autant dire un bon petit soldat du régime, un organisateur froid et rationnel de la répression, un rouage parfaitement réglé dans la grosse machine du purisme.

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Léon Brom vidait sa coupe, gorgée par gorgée, sans la moindre retenue, certains qualifieraient volontiers un tel comportement d'alcoolisme. C'était plus ou moins vrai. Il prenait soin d'enchanter toutes les bouteilles en sa possession pour annuler les effets de l'éthanol. Il aimait son goût, il n'était pas shooté au vin comme des français lambda.

Il regarda fixement Eccleston le temps que celui ci parla. Il avait noté beaucoup de chose, il ne manquait pas de professionnalisme, mettant les formes quand elles étaient nécessaires, négligent la franchise pour tomber dans les question d'ordre purement pratique. Il ne pu s'empêcher de trouver, dans ce style de dévotion, autant de défaut que de qualité. Oui il servait bien. Non il n'agissait pas seul comme âne. Mais en contrepartie, prendre rapidement une décision lui semblait tout bonnement et tout simplement impossible. L'hésitation dans sa voix, dans sa posture, dans ses gestes, voilà le reflets de la faiblesse de l'ambition dirigée de tout contrôler.

Léon avait connu cela, mais il était passé à autre chose, car il savait à présent pertinemment, que jamais il ne pourrait tout contrôler. Il avait vu le contrôle absolu quand ses yeux bleu croisèrent les deux braises qui servaient de regard au Seigneur des Ténèbres, il avait vu, de ses propres yeux, les limites de ses propres capacités. Comparé à Lord Voldemort, il resterait faible toute sa vie. Et pour un homme ayant pour valeur la puissance et le pouvoir au travers de la connaissance, ça foutait un sacré choc.

James Eccleston était dans la phase transitoire : passer de suivre l'autorité à l'exercer. Difficile chemin pour un jeune adulte, peu puissant baguette à la main. Il avait cependant de bon mentors, et il arriverait à grimper les échelons quand le temps aura fait son oeuvre. Mais pour l'instant, sa relative naïveté plaisait à Brom.

"Que ferez vous des prisonniers ?" La question la plus drôle de la journée, sans le moindre doute. Ils seront torturés et tués une fois vidé de leurs infos, logique. Mais Brom voulait se montrer plus subtil que ça. On jugerait le purisme sur la façon dont la guerre sera menée, et il voulait y voir l'image de la rupture avec les clichés génocidaires à deux balles.

Brom attendit d'être certain que son interlocuteur aie terminé sa tirade pour se penché en avant, écartant la coupe à présent vide du revers de la main.

Je vais commencer par nos hommes, si ceux ci sont fait prisonniers, ils tomberont sous l'égide du droit International, et de par ce fait, ils ne pourront ni être considéré comme espions ni comme terroristes. Si tel est le cas, le Magenmagot devra se mobiliser pour faire un recours international pour clarifier leur statut de prisonnier de guerre afin qu'ils puissent jouir de la défense à laquelle ils auront droit. L'Intendance n'agira cependant pas dans un éventuel contexte de demande de rançon, de payement ou de négociation contre des vies humaines. Notre cause est plus important que notre vie.

Léon prit une pause, durant laquelle il se redressa droitement dans son siège avant de reprendre.

Les agents Irlandais et résistants éventuellement capturés seront interrogé et en fonction de leurs réponses, seront considérés ou non comme des terroristes. Tout acte de terrorisme sera punis de la peine capitale. Les autres seront jugés comme la loi l'exige.

Concernant la façon dont les jugements se passeront, si vos Juges sont assez audacieux que pour aller prester en territoire de guerre, je n'y vois aucune objection et je ne m'y opposerai certainement pas. Leur sécurité ne sera pas contre pas mon problème, vous devrez faire le nécessaire par vous même pour éviter qu'ils ne deviennent les prisonniers dont nous parlions.

A moins que vous ayez d'autres question vis à vis de l'avenir irlandais, je pense que vous pouvez aborder le deuxième sujet qui vous importait.

Brom avait essayé d'être clair, succin, et précis à la fois, il n'aimait pas spécialement parler des heures durant, étant bien plus efficaces dans des activités soit purement intellectuelles, soit dans l'action de combat.

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Ce n'était pas une guerre conforme aux traités internationaux qui se préparait, James en était pleinement conscient, mais une guerre de massacre, une guerre sans prisonniers. Personne ne ferait de cadeau, ni les puristes anglais qui voulaient anéantir la résistance, ni les Irlandais qui se battraient avec l'énergie du désespoir. La consigne, bien sûr, était de ne pas faire de victimes innocentes, mais qu'était-ce que l'innocence aux yeux des puristes ? Les Moldus étaient coupables d'être Moldus, les enfants étaient coupables d'être du même sang que les résistants, les vieillards étaient coupables de les avoir mis au monde. Même les chiens et les chats irlandais devaient être coupables de quelque crime qui justifierait leur massacre. Les principes énoncés se heurtaient là à une conception biaisée de la réalité, et les discours restaient des discours.

James Eccleston faisait partie de ceux qui discouraient. Il avait réaffirmé, à chaque occasion, le profond respect des lois internationales, il était intarissable sur le strict légalisme du régime, et il concourait, à sa manière, à rendre ce régime de terreur acceptable aux yeux du monde. Il n'ignorait rien de la réalité, savait qu'il jouait un rôle – celui du juge intègre, garant de la loi envers et contre tous – et obéissait aveuglément aux ordres, quels qu'ils soient. Il avait envoyé aux Détraqueurs des innocents, mais l'essentiel était sauf : personne, ni la presse, ni les pays étrangers, n'en avaient jamais rien su. Il œuvrait dans la discrétion la plus totale, et pérorait sans cesse pour sauver les apparences. Jusqu'à présent, il s'en était plutôt bien sorti, mais il semblait que la guerre en Irlande allait lui compliquer la tâche. S'il interprétait correctement les propos de Léon Brom qu'il notait avec soin, il n'y aurait pas de procès, et la peine capitale serait prononcée et exécutée directement en Irlande. Erreur. S'il avait posé la question du devenir des prisonniers, ce n'était pas seulement pour le plaisir de passer pour un naïf ; il estimait indispensable de pouvoir tenir quelques procès, et il se permit d'objecter, sans perdre son ton respectueux :

-Il me semblerait judicieux de pouvoir juger quelques terroristes au Magenmagot, à Londres, monsieur l'Intendant. En temps de guerre, quelques procès bien préparés et bien menés ont un impact non négligeable sur les consciences.

Avec de la méthode, on pouvait faire avouer n'importe quoi à n'importe qui, on pouvait forcer un terroriste à demander pardon en pleurant, et, s'il le faisait en public, dans l'enceinte paisible d'un tribunal, on marquait des points. Le peuple demandait des coupables, et les pays étrangers étaient rassurés de voir qu'on jugeait selon les formes. Le président du Magenmagot conclut sur ce point :

-Je vous réponds de l'action du Magenmagot en faveur de nos prisonniers. Quant aux juges, il s'agit de volontaires, et j'organiserai leur sécurité en territoire irlandais.

Il marqua une brève pause, le temps de prendre une gorgée de vin d'elfe puis, repliant ses parchemins dont il n'avait plus besoin, reprit :

-J'en viens donc au deuxième point... Puisque vous m'accordez un peu de votre temps, j'en profite pour vous demander... comment dire ? Une autorisation. Nous avons convenu, lors de la réunion que vous avez présidée ici même, qu'il fallait prendre un soin tout particulier à l'éducation de la jeunesse sorcière. Mademoiselle LeeRoy et monsieur Serpens s'en chargent tout naturellement, mais il m'est venu une idée qui pourrait seconder leur travail... Vous n'ignorez pas, monsieur l'Intendant, qu'il existait autrefois une fonction appelée « représentant de la jeunesse britannique auprès du Magenmagot », destinée aux plus prometteurs des jeunes gens. Je pensais créer une fonction similaire, en étroite collaboration avec Poudlard et les Jeunesses Puristes, pour que le département de la Justice Magique prenne sa part du travail d'éducation de la jeunesse. Le professeur LeeRoy saura, bien entendu, désigner les élèves les plus aptes à remplir cette fonction à la satisfaction de tous... Mais avant toute chose, je souhaitais m'assurer qu'une telle initiative n'indisposerait pas l'Intendance...

Après tout, il s'agissait, ni plus ni moins, de recréer une fonction existant sous l'ancien régime, et même en l'habillant de nouveaux oripeaux, cela pouvait être mal perçu, d'autant plus que Dumbledore lui-même avait occupé le poste de Représentant de la Jeunesse britannique auprès du Magenmagot. James prit une nouvelle gorgée de vin et ajouta :

-Bien évidemment, je prends l'entière responsabilité de cette initiative et de ses éventuelles conséquences.

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Léon Brom regardait toujours aussi fixement James Eccleston, il aimait beaucoup rendre les gens mal à l'aise face à lui, c'était un de ses passes temps favoris durant ses entrevues. On pouvait y voir les restes d'un comportement enfantin, ou les délires d'un vieillard aigri par la vie. Mais pour l'Intedant, c'était plus que ça, il jaugeait l'homme face à lui, il jugeait sa potentialité, c'était un duel psychologique constant.

On pourrait croire que Brom cherchait les mecs avec le moins de peur possible dans le regard, mais c'était faux. Il savait que si son Interlocuteur ne le jugeait pas assez puissant ou important que pour le craindre, c'était un danger, un danger de trahison. Il voulait ni un peureux ni un brave, il voulait quelqu'un qui avait des peurs raisonnées et raisonnables. Ni plus, ni moins.

Après c'était plus facile à dire qu'à faire, car pour susciter ce genre de comportements, il fallait un certain charisme, et diront les plus avisés, un certain don de la mise en scène. Et Le Mage Noir pouvait se vanter d'avoir les deux.

James faisait bonne figure, sans le savoir, il marquait des points sur le baromètre de Brom, même si l'Intendant ne le lui dirait sans doute jamais, il voyait en ce jeune homme un bel avenir, dont il essayerait peut être, à un moment où à un autre, de tirer profit pour lui même.

Il écouta le jeune homme avec attention quand il changea de sujet, l'Irlande était pliée, Brom ne s'opposerait pas aux actions du jeune hommes sur le terrain, mais il ne les aiderait pas non plus. Libre à lui d'y organiser la justice, mais ce ne serait certainement pas le problème de Brom si les choses tournaient mal.

L'autre sujet, dans le bon fond, ne concernait pas directement Brom, et la majorité des gens aurait sans doute pensé qu'il n'en avait, stricto sensu, rien à foutre. Mais celà aurait été bien mal connaitre le vieil homme, qui avait eut à coeur, quelques années plus tôt déjà, d'instruire à ses arts les jeunes sorciers et sorcières. Il aimait manipuler les enfants pour leur permettre de devenir aussi monstrueux que lui. Il savait, élève déjà, qu'il ne pensait pas comme la plupart des gens, qu'il avait une vision de la mort bien éloignée de celle des enfants de son âge, et lui, pensait que la société avait toujours fait erreur, et désormais, il voulait que les choses soient faites dans le bon ordre.

Il regarda droit dans les yeux James en répondant :

Officiellement, je n'ai rien à y redire Eccleston. Arrangez vous comme bon vous semble avec Miss LeeRoy, et instrumentaliser le nombre d'élèves qu'il vous plaira. Je dois cependant vous avertir que la moindre erreur de jugement aura de grosse conséquences dans ce genre d'entreprise.

Nous avons un justice, dirons-nous, particulière. Il faut être certain que nos actes ne seront pas mal interprétés ou mal restitués aux autres enfants. Et cela dépendra des choix que vous ferez. Si une bavure est commise, elle sera lourde, pour vous et pour la vision du Purisme à Poudlard.

Réfléchissez-y bien.

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La demande formulée par le président-sorcier du Magenmagot pouvait paraître insignifiante, voire anecdotique, et il n'aurait pas été étonnant que Léon Brom lui réponde qu'il s'en fichait éperdument. James n'aurait d'ailleurs jamais osé déranger l'Intendant pour si peu, mais puisqu'il avait affaire à lui pour régler d'autres questions, il aurait été idiot de ne pas en profiter ; après tout, c'était la première fois qu'il osait une initiative vraiment personnelle, quelque chose qui ne lui avait été ni ordonné, ni même soufflé par ses supérieurs, et il avait donc besoin d'appuis. L'idée lui était venue quelques semaines auparavant, au hasard d'une lecture, et il y avait abondamment réfléchi depuis... Le département de la Justice Magique était l'un des piliers du régime, et se devait de contribuer à l'effort d'éducation de la jeunesse décidé par les autorités. Pour une fois, le jeune et ambitieux président-sorcier du Magenmagot n'agissait pas par intérêt personnel, mais pour le bien du régime qu'il servait. Car, après tout, cela ne lui apporterait certainement rien, sinon du travail supplémentaire... Il était arrivé plus haut qu'il ne l'avait espéré, et il y avait fort à parier que sa carrière marquerait une longue pause à ce poste de haut fonctionnaire si rapidement atteint. Pour le moment, il n'avait aucune promotion à espérer, mais, au contraire, comme le lui avait dit Lars Menroth, bien des craintes à nourrir. La Roche Tarpéienne étant toujours proche du Capitole, un sang-mêlé trop bien placé suscitait immanquablement jalousie et méfiance... Il devait à présent se concentrer sur un seul objectif : travailler en faveur du purisme comme devait le faire un loyal serviteur, dévoué au régime et conscient de ce qu'il lui devait. Aurait-il pu accomplir la même carrière sous l'ancien pouvoir ? Certainement pas ; à ce moment-là, la fidélité et la compétence comptaient moins que le piston, et il y avait bien trop de fils à papa à caser pour qu'un James Eccleston fasse son trou. Le nouveau régime, en revanche, récompensait le dévouement, il en était la preuve vivante – et éminemment convaincue du bien-fondé de cette opinion. Il n'avait aucune raison de remettre en cause cette version, puisqu'il bénéficiait personnellement de la haute bienveillance du pouvoir en place...

Il apportait donc son projet au service du purisme à Léon Brom, et il ressentait, en attendant la réponse, le même mélange de nervosité et d'impatience qu'il éprouvait en cours de potions, adolescent, lorsqu'il apportait un échantillon à Rogue. Le bon élève, désireux de bien faire, était impatient de connaître l'opinion de l'enseignant, mais craignait toujours que l’œil aguerri du maître des potions ne remarque quelque défaut... C'était un peu la même chose, des années après, avec Léon Brom. Ce type-là en savait bien plus long que James en matière de magie et de propagande, et une erreur dans le projet n'aurait aucune chance de lui échapper. De fait, l'Intendant, après avoir donné son approbation, souleva un problème essentiel, mettant son interlocuteur en garde contre les risques inhérents à ce type d'entreprise. James approuva d'un signe de tête – à vrai dire, il y avait pensé ; prendre une initiative, c'était forcément prendre des risques – et répondit :

-J'ai bien conscience de ces risques, Monsieur l'Intendant. J'ai l'intention de travailler en étroite collaboration avec Poudlard et avec les Jeunesses Puristes pour que rien ne soit laissé au hasard, et bien entendu de bâtir un programme propre à donner la vision la plus positive qui soit de notre système judiciaire. Quoi qu'il en soit, je répondrai de toutes les conséquences de cette initiative. L'Intendance sera tenue au courant de l'avancement de ce projet – je pense en particulier à monsieur Valverde, qui me semble être l'interlocuteur le plus qualifié pour ce type d'entreprise.

Il marqua une brève pause, qu'il mit à profit pour vider son verre de vin, puis, voyant que Brom ne semblait pas disposé à reprendre la parole, déclara :

-Pour ma part, j'ai fait le tour des questions que je souhaitais aborder avec vous, Monsieur. Je vous remercie de m'avoir consacré un peu de votre temps... Avec votre permission, je vais prendre congé, conclut-il en reprenant sa mallette.

L'entretien, estimait-il, avait été fructueux. Il repartait avec des réponses précises à ses interrogations, et avec la bénédiction de l'Intendant pour mener à bien un projet avec Poudlard. Les prochaines semaines seraient intéressantes, à n'en pas douter.

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