Les fêtes du solstice d’été, depuis fort longtemps, depuis des temps absolument immémoriaux étaient considérées comme l’une des plus grandes manifestations sorcières annuelle. Fêtes à la fois traditionnelles et rituelles, elles mêlaient la vielle tradition et des vieux rites absconds et la nécessité pour la communauté magique de se rassembler en certains lieux pour y arborer tenues traditionnelle et autres joyeuseries. Les moldus eux-mêmes faisaient parfois la fête en ce jour, bien que les sorciers s’emploient à les éloigner par divers moyens redoutables d’efficacité. Depuis plusieurs millénaires, sorcières et sorciers, surtout dans l’ancien monde druidique se réunissaient autour des Cromlech pour y célébrer le jour le plus long de l’année et s’assurer de la puissance de leur magie. Les créateurs de baguette y travaillaient dur pour y fabriquer leurs nouvelles baguettes, les enchanteurs venus du monde entier s’y réunissaient, mais également les spécialistes en potions ou les adeptes de la plupart des ésotérismes. Elsa Rebecca Stieglitz-Piercowski, en tant que fondatrice du VERRUES ( Véritable Et Respectable Rassemblement Unitaire des Égorgeuses Sorcières ) avait été invitée en Irlande, malgré la guerre, car le lobbying des vieilles sorcière était toujours d’une grande puissance et d’un impact notable lors de ces festivités, et également, mais c’était plus officieux en tant qu’écrivain de renommée puriste internationale était présente aussi bien à l’initiative de son club qu’à celui du PPI, le Parti Puriste d’Irlande.

Après un court voyage, accompagnée de membres du club parmi les plus renommés Maryse Petroglutch, une vieille chouette à moitié sourde et à la peau violette, Phillipa Tantrik, Menela Nikoleta, Judith Serpens et la très redoutée harpie Olegrine Katarka. Toutes formaient en quelque sorte ses plus éminentes spécialistes. Tantrik était sans doute la sorcière ayant volé le plus d’enfant moldus sur sa colline du Norfolk. Nul ne pouvait se targuer de mieux connaître les entrailles du corps humain que Petroglutch qui refusait de manger rien d’autres que de la viande humaine, Nikoleta était sans aucun doute la femme à la voix la plus criarde qui soit et elle n’hésitait pas à l’utiliser sur les hommes, non pour les séduire, mais pour les effrayer avant de les tuer pour ses repas. Judith Serpens passait ses nuits sur son Brossdur pour chasser les enfants moldus lors des pleines lunes. Elza, enfin avait fait un peu de tout mais surtout excellait dans ses préparations de potions. Elle en était là pour ça, du moins c’avait été le motif qui l’avait motivé à venir en Irlande. Faute de pouvoir utiliser un Portoloin, faute de transplanage on avait profité d’une véritable croisière dans un carrosse tiré par des Kelpys victimes d’un sortilège de mise en place. Le voyage avait été long jusqu’à la rive et l’on avait fini en balai. Un plaisir certain. Elsa avait pour l’occasion, comme la plupart des gens ici présentes, revêtu une richissime robe noire bordée d’or et d’argent, et un chapeau pointu à faire redéfinir le mot « pointu » dans les dictionnaires.

Elsa se rendait au Cromlech de Drombeg, au sud-ouest du pays. Le lieu était un haut-lieu de la culture magique irlandaise. Les festivités y étaient toujours particulières. Chaque année le spectacle était étourdissant : on y voyait toujours des superbes choses. Arrivées en début d’après-midi, elles purent se rafraichir et se reposer en attendant les festivités du soir qui commencèrent assez tôt. On en profita pour visiter quelques stands et faire des rencontres. Il y avait plusieurs gardes sur le sites, des irlandais qui regardaient d’un mauvais œil le groupement de tente située au fond du campement où se trouvaient, et on les voyait de loin les emblèmes du parti puriste irlandais, du groupes des VERRUES, de la société d’édition Belle Magie ( qui éditait le dernier roman historique d’Elsa Piercowski qui racontait comment les moldus avaient vainement tenté de persécuter les sorciers au Moyen-Âge en les brûlant et comment Gwendoline la Fantasque s’était révélée idiote ). Il y avait des tentes, un peu partout sur le site, ou des échoppes avec des stands et cela annonçait qu’on aurait droit à tout et n’importe quoi. Des démonstrations, des sorts, de la magie, des expérimentations et toutes sortes de choses. Entres autres également, des adeptes de Grindelwald, ralliés aux groupes de mages noirs soutenant le Seigneur des Ténèbres, des groupes de Nécromanciens, de druides noirs, des sacrificateurs, brefs, toute la fine fleur de la racaille regroupée en association était là sous l’œil attentif des organisateurs et des autorités.

A sept heures, un match de Quidditch opposa dans une ambiance festive, entourée de sorciers en robes longues, les Crécelles de Kenmare aux Chauve-Souris de Ballycastle qui l’emportèrent en une demi-heure sur le score de 370 à 100. Le match, animé et rapide fut l’occasion pour les irlandais d’entonner des chansons et de sortir drapeaux, fanion et étincelles de baguette. La fête s’annonçait longue. Elza, derrière le stand des Verrues, participait au concours de potions. Elle l’emporta en finale face à un vieil homme aux cheveux crépus et sombres avec un regard niais mais qui s’y connaissait plutôt bien. Le prix, un ensemble de chaudrons de qualité lui serait envoyé chez elle, dans le SadHall, un manoir secondaire sur le terrain du Manoir Menroth-Piercowski où elle habitait. Pour la peine, elle accepta une courte danse avec que la fête ne reprenne. Fière, elle s’autorisa une virée, un peu à l’écart du cercle de pierre, autour duquel les rituels étaient en train d’être accomplis : du sacrifice au sacrifié. L’herbe était molle sous ses pieds, lorsque soudain, elle crut reconnaître une silhouette familière. Par instinct, elle sortit sa baguette et continua de suivre la personne. Il lui semblait que quelque chose n’était pas normal. Bientôt, elle fut assez loin du cercle pour que les services de sécurité n’interviennent pas. D’ailleurs en Irlande, le duel même s’il n’était pas tout à fait autorisé était et surtout pour ces jours de fêtes, une chose courante et tolérée pour peu que cela ne se fit pas à quelques mètres d’un agent. Elsa pointa sa baguette, parvenue à dix mètres et intima l’ordre à Lyna Sweet de se retourner :

-Bonsoir, jeune fille. Il est tard, vous ne croyez pas ? Je crains que vous ne vous soyez égaré.

Une proposition de duel en somme.

-INFÂME TRAITRESSE A TON SANG, PAR SALAZAR, JE VAIS TE MONTRER QUELLE EST LA VALEUR DU SANG !!! EN GARDE !!

Lyna Sweet venait de se retourner et la colère commença à se mêler à la joie sur le visage de la doyenne. Parfait ! Ici, en terre irlandaise, en terrain ennemi, en terre bourbiste, elle allait pouvoir accomplir quelque chose pour sa famille mais surtout pour les Sweet et rincer l’opprobre. Aleksey, son petit-fils, serait enchanté si elle parvenait à battre cette sale gamine prétentieuse. Elsa adopta d’emblée une garde très ancienne, traditionnelle. Bougeant peu sur ses courtes pattes, mais faisant quand même de petits pas, elle courbait légèrement le dos ouvrait les bras en serrait dans sa main la puissante baguette de son défunt mari. Elle salua Lyna en la regardant avec le sourire de celle qui sait par avance qu’elle va faire taire une impudente. Au loin, des feux, des étincelles et des chants retentissaient. La fête battait son plein. Elsa eut un sourire mauvais et méchant avant de tenter une première feinte. A gauche. Lyna ne décrocha pas suffisamment. En une passe, Elsa avait créé une ouverture suffisante pour s’y engouffrer et frapper d’un sort, mais elle ne le fit pas et se retint.

-Héhéhé… Première erreur… Tu n’as donc pas appris grand-chose en réalité.

Elsa continua de fixer Lyna. Le combat ne s’annonçait gagné pour personne. Lyna serait nécessairement plus capable physiquement et Elsa aurait avec elle une expérience et une qualité magique qui n’étaient plus à prouver. En détaillant la jeune femme, la matrone comprit quelque chose.

-Tu as rejoins les Traitres à leur Sang de l’Ordre du Phénix n’est-ce pas ?

Sa tenue était trop propre pour qu’il en soit autrement. Et sinon, par quel moyen aurait-elle pu quitter l’Angleterre sans être repérée et se balader si tranquillement en Irlande ? Comment, en plus aurait-elle pu avoir ce visage qui était loin d’être celui d’une vagabonde ? Peut-être avait-elle d’autres amis, mais c’était peu probable. Eva les eut connus ou tout du moins entendus évoquer. Elsa releva légèrement sa baguette. Gardant sa garde, cela signifiait simplement qu’elle relancerait prochainement un assaut. Feinte à gauche. Fermé. Feinte au centre. Ouvert. Mais elle n’attaqua pas, encore une fois et se contenta de garder sa baguette pointée sur l’ouverture l’espace d’un instant en riant de sons rire de vieille mégère diabolique.

-Ahahah !! Tu es trop faible, Lyna Sweet, ma petite. Finissons en.

Cette fois elle ne feinta pas comme elle l’avait fait depuis le départ. L’entame Stieglitz avait fonctionné à merveille. Elle consistait à répéter d’emblée plusieurs attaquées précédée de feintes afin de troubler son adversaire pour l’attaquer sérieusement après. Technique qui avait fait ses preuves en bien des circonstances, inventée par le grand-père d’Elza, presque un siècle et demi auparavant. Le bout de la baguette rougit, verrouilla Lyna Sweet en plein cœur et il y eu un eclair noir.

-Blettiarus !

Le sort de blessure médian, redoutable d’efficacité, car il créait des blessures qu’on avait toujours du mal à refermer, et faisait jaillir le sang sans tarder. Très pratique au duel également en raison de sa propension à meurtrir. La projection envoya Lyna Sweet contre un arbre comme l’avait voulu Elsa. La seconde phase du combat pouvait déjà être décisive.

Lyna 7
Elza 10

La première phase avait été une victoire totale et Elza crut qu’il en serait ainsi tout au long du combat. Elle s’était fourré son doigt crochus dans l’œil jusqu’à y casser ses vieux ongles sales. Lyna Sweet avait répliqué, implacable. Si la mégère avait su parer au début elle s’était retrouvée submergée bien vite et ce fut une Elsa dont les chapeau pointu noir avait subi des coupures, à la lèvre en sang et à la robe abîmée qui parti d’un grand éclat de son rire fou en levant sa baguette.

-Petrickey !!

Le maléfice fusa mais ne toucha pas au but. Elle avait visé droit sur Lyna de manière beaucoup trop directe. Pour la première fois depuis le début du duel, Elsa commençait à en prendre la mesure. Après tout elle affrontait une sang-pure de son sang, non pas l’une de ces ignobles morues de sang-mêlé. Avec la rage à ses vieilles dents branlantes et pourries Elsa se mit à râger. La bave coula de son menton.

-Je vais te tuer et je te boufferai la chair, maudite engeance !! Tu es fichue !!

Et elle se relança dans le combat, en courant presque, à en être à court de souffle sur ses jambes courtaudes et maigrelettes que l’on apercevait parfois – au grand dam du voyeur – aux mouvements de sa cape. Il y eut plusieurs éclairs, des mouvements de la folie, plusieurs attaques portées dans un but mortel, mais rien n’y fit, Lyna Sweet tint bon. Enfin, Elsa revint en position de combat plus distancié et reprit son ancienne garde. Elle était à court de souffle, de la sueur sur son ignoble nez crochu. Elle avait désormais une main tremblante, celle qui tenait sa baguette et l’œil rouge, les sourcils plus froncés que jamais. Le droit avait été roussi par le retour d’une attaque de feu.

-Je te demande pardon, fit-elle d’une horrible voix fluette et suraigüe de sorcière si cliché qu’elle donnait envie de prendre une photo. Tu est bien meilleure que je ne le pensais…

Il y eut un nouveau silence dont profita Elsa pour tenter quelques feintes. Cette fois, Lyna fermait bien et Elsa avait beau viser subitement l’un ou l’autre des endroits de la garde de Lyna, faire semblant d’attaquer, elle fermait tous les angles avec une adresse et une intelligence toutes à son honneur. Sur certains mouvements, l’on reconnaissait clairement l’influence de Menroth. Un expert en duel voyant le duel aurait de toutes manières reconnu deux adeptes des techniques du Mangemort à la Cape, car elles étaient symptomatiques. Cependant, chacune y ajoutait une touche personnelle et étaient loin, évidemment, de la maîtrise qu’avait atteinte le tueur au service de Lord Voldemort.

Elza réduisit la distance entre les deux combattants de dix pas à cinq. Elle excellait en effet surtout dans le combat médian, n’ayant pas l’impact physique suffisant pour le proche et manquant de la maîtrise nécessaire au loin. Bien entendu sa garde resta solide. Mieux, elle lança quelques attaques de couverture qui lui permirent d’avancer tout en se gardant à l’abri.


Lyna 7
Elsa 7