Depuis quelques mois, Menroth avait guetté ce jour. Depuis son retour, il avait compris qu’il était appelé par le destin à guider les batailles et à faire tomber les bannières ennemies pour la plus grande gloire du Seigneur des Ténèbres, et de l’idéologie puriste. S’il avait participé à amuser la galerie ministérielle en menaçant Mulciber, il avait compris que ce jeu, il ne pouvait plus le mener aussi frontalement. Cruelle ironie pour un homme de front. Cependant, malgré la réprimande, malgré les baffes qu’il avait prises, il se savait désormais renforcé, affermi plus que jamais et fort. Fort de la confiance de Lord Voldemort. Fort de la clémence de Lord Voldemort. Fort de la puissance de Lord Voldemort. Il était estimé et respecté en tant que guerrier. Son entrevue avait prouvé une chose : on ne le laisserait pas éliminer Mulciber, mais on ne le laisserait certainement pas partir. On ne lui avait pas reproché d’avoir été dissident, mais de l’avoir montré. Il ne cesserait de tout faire pour tomber Mulciber que lorsqu’on croiserait des Ronflaks Cornus dans les rues de Londres pour faire rire les putains. Tout cela était dans son regard lorsque, prêt (quatre baguettes reparties de haut en bas sur lui, une tenue de combat noire avec par-dessus une simple chemise et un pantalon suie, le tout bien évidemment invisible sous la Cape, qui, malgré l’été s’était épaisse et solide pour affronter l’Irlande doucereuse. Il portait ses gros gants de dragon, et à ses lèvres flottait une immonde cigarette dont l’odeur seule aurait pu faire vomir un cochon se roulant dans la boue), il contemplait le lointain et les lueurs de Sligo brulantes. La ville bientôt serait entre ses mains. Puis on lancerait l’offensive de l’est, celle de la zone frontière entre les deux pays, sur toute la partie est de l’Irlande tandis que, de Sligo, les troupes victorieuses du Seigneur des Ténèbres marcheraient sur Dublin et Belfast, si même la tombée de Dublin ne suffisait pas à faire céder le pays. Le message envoyé à tous les Ron Weasley de la planète serait fort et lisible…

On en vint à déranger le Mangemort à la Cape alors qu’il se parait de sa cagoule et prenait en main sa baguette, son instrument d’artiste, pour une longue nuit de labeur inspiré. Il ferait régner la mort sans pitié, il était fin prêt et cela se voyait. Il n’avait plus de canne, se tenait avec une droiture admirable et, s’il n’avait pas encore révélé de l’ombre son œil blessé, cela ne tarderait guère. L’entrainement intensif qu’il s’était offert lui avait redonné un aplomb de force et de vigueur que l’ennemi n’allait pas tarder à connaître. Lorsque la ville serait à feu et à sang, alors la Grande-Bretagne serait réunifiée. Il était étrange que ses ancêtres aient prit part aux conflits d’antan, pris Londres, de nombreux Castle et hall d’Ecosse et qu’il en arriva, lui, Larsen Donovan, à terminer la conquête plusieurs millénaires après, comme s’il se devait d’achever une histoire. Ou bien il tomberait dans la vase, ses baguettes brisées et son blason terni. Non !! Il avait eu une vision. Il n’y aurait pas de grands morts ce soir, mais un grand nombre d’anonymes ou oubliés, qui finiraient dans l’estomac des vers, telle était sa vision. Et il comprit aussi qu’un combat âpre s’engagerait. Un combat qu’ils ne pouvaient prévoir.

Depuis son navire, il avait tenu conseil de guerre dans l’après-midi et donné ses plans. S’était le seul moment où il avait accepté de discuter avec les autres. Mulciber était là, comme pour essayer de s’accrocher à sa gloire, Valverde le soutenait, et Eccleston se sentait sans doute obligé de combattre pour gravir les échelons. Il surprenait Larsen sur ce coup là, le garçon. Venir se battre alors qu’il ne le devait pas était une bonne chose, une preuve de fidélité au PPA qui co-organisait l’opération et c’était pour cette raison qu’il le fit convoquer lors de la préparation des forces et de leur division en commandement et qu’il le fit nommer à la tête de sa plus petite escouade, composée de vingt hommes. Valverde et ses deux troupes seraient préposées au soutien des autres. Ils étaient donc plus nombreux et quelque peu moins mobiles. Il y avait deux consignes. Tuer et brûler tous les bâtiments. Un grand incendie naîtrait. On avait fait poster des hommes chargés dans chacun des deux navires moldus de croisière volés où se trouvaient les forces d’invasion de surveiller la côté. Malheureusement, ce soir là, la nuit tait traitresse. Lorsqu’arrivèrent minuit, Menroth donna le signal. Il sortit à la proue, tout en armes et exhorta ses hommes d’une voix forte, sans faire trop de bruit, tandis que Mulciber et Valverde devaient faire de même sur leur bateau.

-Vous irez sur ce port. Vous y tuerez toute résistance, brûlerez de jusqu’à la dernière bâtisse.

Il y eut un grand cri, bientôt rejoint par la clameur venue de l’autre navire. Le Mangemort à la Cape rabattit sa capuche et envoya une gerbe d’étincelles verte. L’ordre pour l’autre navire d’accoster et de débarquer ses troupes. Cela n’était pas fait encore que Menroth fit lui-même poser le pied à terre à ses troupes. Sur le port, les quatre régiments scrutaient la nuit délicatement et étrangement silencieuse.

-Soyez sur vos gardes. Avait confié Menroth aux trois lieutenants. Puis il avait gratifié chacun d’un encouragement personnel, y compris Mulciber. A la guerre on avait peu d’allié. Lorsque l’on en avait, il fallait les choyer.

John, lui avait-il dit, tâche de ne pas mourir. Nous perdrions un allié utile. Et cette fois ne compte pas sur moi pour te tirer du mauvais pas.

Etant donné la situation, il était probable que l’ennemi les attende pour frapper. On utilisa donc une formation élargie, chaque homme s’écartant, baguette en main, dans le noir uniforme des assaillants. Menroth fit venir à lui William Tresco alors que les hommes commençaient à avancer tout à l’arrière de l’ost. Il s’était placé à l’arrière, au centre, avec son détachement et celui de Tresco qui viendrait en renfort du sien. Mulciber et son soutien seraient juste devant lui et enfin, tandis qu’Eris serait du flan gauche, James serait à droite, mais Larsen sachant que là était sa faiblesse gardait un œil vigilant. Il s’était positionné à l’arrière pour venir en renfort tonitruant si le besoin s’en faisait sentir.

-Tresco vous serez juste devant moi,, à la jonction entre nos troupes et celles de Mulciber, ne me lâchez pas d’une semelle. Vous incendiez, je tue. C’est clair. Vous ferez la percée une fois que les autres auront établi le contact

Comme le chef du bataillon Gold Blood (son bataillon n’était composé que cette milice de qualité) arrivait vers lui au garde-à-vous, Menroth qui avait allumé une cigarette qu’il tenait désormais entre ses dents jaunes sortit sa baguette principale et envoya une boule de feu qui traversa le port et retomba sur la ville.

-Tresco dit-il alors que la tension montait, ne me lâchez pas.

L’Ordre aurait été étrange pour Tresco si celui-ci ne connaissait pas le plan de Larsen. Celui-ci, sa voix amplifiée grondante hurla :

-A MORT !!!

Et, comme une seule troupe les légions britannique fondirent vers le centre de la ville sans rien laisser d’autre que des débris et des lampadaires en feu. Larsen, dans l’immense clameur qui embrasa le feu de la cité se fit brume comme toute l’armée du Seigneur des Ténèbres et ce furent ces milliers de petites brumes qui, semblables à des fusées fusèrent vite, plus vite que le vol d’un dragon, plus vite que les gobelins n’avaient fuit, tournant le dos à la Banshee Lilith, pour tuer. Ces nuées restèrent pourtant bien placées et l’on vit bientôt ces nuées briser les fenêtres en les franchissant sans ralentir et l’ombre s’étendre. Car il ne restait derrière eux que de la terre brûlée et des flammes. Mais nul ennemi n’avait encore paru sinon le silence. Ce lourd et pesant silence, brisé par les cris et les débris, sous l’œil sale et fouettant du vent venu d'Islande, un lourd vent prêt à balayer les poussières des cendres de morts, qui, au matin de cette bataille s'annonçant courte, ne laisseraient aucun cœur de marbre. Le sein d'Ireland serait bientot tant et si bien frappé qu'il en deviendrait plat et froid comme celui d'une morte.

"Sur que ça tiendra ?
- Je pense. Je ne peux pas faire mieux. Vous pourrez l'utiliser. Pas sentir ce que vous toucher. Faudrait un meilleur guérisseur que moi pour ça. Peut-être un type de Ste Mangouste... Faites juste pas de conneries avec, quoi.
- Vous douteriez de ma prudence, Jeremiah ?
- Je doute de vous tout court."

Tom remonta sa manche avec un sourire satisfait, mais sombre. Sa chemise blanche tranchait avec l'acier métallique qui reconstituait le bras. On aurait dit une pièce d'armure. Un gantelet de fer. Sauf que ce n'était pas creux, et taillé d'un seul bloc par magie. Il ploya et reploia les doigts de cette étrange prothèse pour la tester. Il bougeait la main. Mais il lui semblait que ça ne faisait pas vraiment partie de lui. Pas de sensation. Rien. Enfin ça irait. Il ne faisait ça que provisoirement. Il avait son idée sur ce qu'il comptait faire pour vraiment retrouver les sensations liées au toucher. Mais pas maintenant. Pas tout de suite. Il n'en avait pas le temps. Il lui semblait que tout passait trop vite. Bien trop vite. Il était heureux, oui, plus heureux qu'avant. Il y avait Lyna. Et ça, ce simple fait là, lui suffisait amplement. Il l'aimait. Il ne pensait pas qu'un jour il aimerait à nouveau, qu'il pourrait aimer quelqu'un d'autre que Rachel. Mais ça n'avait rien à voir avec ce qu'il avait vécu avec Rachel. Ce n'était pas teinté de tristesse, de haine ou quoi que ce soit d'autre. Et puis c'était tellement plus simple. Rien de complexe. Juste eux deux.

Et puis cette fichue guerre. Weasley n'avait pas tardé à l'apprendre (et Tom riait encore de la manière dont le chef de la résistance l'avait appris)...et résultat, ils se retrouvaient tous deux envoyés en Irlande. D'où le fait que Tom ait demandé à un des guérisseurs de lui redonner un bras. C'était mieux pour combattre. Mieux pour ne pas être reconnu, aussi. Tout traitre qu'il était, Tom n'avait pas la moindre envie d'impliquer sa famille (enfin surtout Gian et Eris, le reste, il s'en fichait) dans ce bordel sans nom. Pas envie du tout. Il savait ce qu'on faisait aux traitres. Il était en partie responsable de la chute d'Abraxas et des Malefoy.

Du coup, il passa un manteau sombre, par dessus son habituel costume noir. Tom Jugson restait Tom Jugson, hors la loi ou pas. Et il comptait bien sur la nuit pour qu'on ne sache pas qu'il il serait. Enfin bref, passons sur les détails de ce plan pour passer incognito.

Le soir du premier aout, Tom se trouvait donc parmi les défenseurs de Sligo. Parmi ceux qui avaient été ses ennemis. Et combattant contre ses anciens camarades. Il observait. Encore et toujours. Il écouta patiemment Mustang. Approuva. Un parce que la stratégie était bonne. Deux parce qu'il n'avait pas le choix. Il embrassa Lyna, lui adressant un sourire :

"Gaffe à toi, hein ?"

Parce que si elle, elle mourrait, lui...eh bien lui, il ne serait plus rien du tout. Puis il gagna le poste qu'on lui avait assigné. Sur le toits. Avec John O'Hara, vieil irlandais bourru et têtu. Et l'assaut commença. Vite. Sans prévision. Durement. Tom lança l'assaut, reconnaissant la silhouette de Valverde, mais le manqua. En revanche, O'Hara eut plus de chance, et réussit. Et ça ne faisait que commencer.

Défenseurs
- Edward Mustang (6-3) Anatoli Shevshenko (11-4)
- Lyna Sweet (10-3) PnJ (12-4)
- Tom Jugson (13-3) PnJ (10-3)
- Karnaj (PnJ Tryan) (10-3) Curtis O'Connel (14-4)

Assaillants
- Larsen Menroth (10-4) William Tresco(10-3)
- John Mulciber (14-4) Brideshead Downhall (10-3)
- Eris Valverde (2-4) -3 PnJ (13-3)
- James Eccleston (10-3) PnJ (10-3)