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Le bureau froid et calme détenait entre ses murs le Directeur du Département de l'Ordre Nouveau auprès de l'Intendance. Le temps semblait comme perdu au rythme de la plume que grattait le vieil homme sur des feuilles de parchemins. Rapidement, depuis son retour, sa table de travail avait accueilli différents dossiers et feuilles de parchemins. Proche de la cheminée allumée, deux fauteuils et un guéridon avec quelques livres posé dessus. Une tasse de thé dégageant une odeur de vanille fumait sur le bureau marron foncé. Les dossiers étaient empilés et le vieil homme ne faisait guère attention à ce qu'il se passait autour de lui. Il était plongé dans la lecture de ses dossiers.
La guerre en Irlande était enclenchée depuis longtemps. Les troupes étaient sur le sol, et Eris n'avait comme seule troupe son cerveau, sa bouche et sa main. Evidemment, les raffleurs comptaient, mais ils n'avaient pas que du travail à faire sur les terres d'Irlande. Ils devaient poursuivre les Nés-moldus et ceux qui refusaient de passer la Commission du Sang. Et depuis peu, ils avaient aussi la Commission de Sécurité à servir. Mais il était préférable de ne pas contourner cette Commission. Il n'y avait pas de Commissaires tous aussi différents les uns que les autres. On se retrouvait devant Eris Valverde, un point c'est tout.

Le vieil homme était en train de préparer l'Education du peuple pour l'Irlande. Il avait aussi planché sur certaines choses quant à Jonatus, celui qui présidait le Parti puriste Irlandais. Le président du Parti Puriste Irlandais était sous le sortilège de Valverde depuis plus de six mois et Eris, par le biais de cet homme, contrôlait l'entier parti. Les puristes étaient du côté de l'Intendance, cela ne faisait plus aucun doute.
Menroth avait eu l'air d'avoir trouver l'idée du siècle en donnant son avis sur le parti puriste Irlandais. Un atout principal pour quelqu'un qui se veut être figure politique principale, qui souhaite avoir bien plus de pouvoir qu'il n'en serait capable, c'est de se tenir au courant de l'actualité et de l'avancée de ceux qui travaillent à côté. Quelle idée de génie, mais l'idée avait déjà été trouvée, préparée et mise en place depuis presque un an. Pensait-il peut-être que Valverde recevrait la mission de Brom les bras vers le ciel, sans n'avoir rien préparé. Jusqu'à nouvel ordre, il était celui qui était en charge de la propagande de toute l'Intendance. Bientôt, l'Irlande en ferait partie. Comment pouvait-on penser qu'on donnait à Valverde quelque chose qu'il ne maîtrisait aucunement?
Quoiqu'il en soit, l'Irlande n'était pas encore tombée. Eris, protégé de toute part par l'Intendance n'allait pas se balader en Irlande afin d'y faire différents discours. Il y avait là quelques instants à attendre. Pour le moment, il organisait l'éducation du peuple en Angleterre et dans les autres pays de l'Intendance afin de les faire accepter au mieux cette guerre qui allait répondre à la nécessité de Justice que méritait la Sorcellerie.

L'ambiance dans ce bureau était particulièrement refroidissante. Et même si les cheveux gris de Valverde et ce calme illustré dans la concentration qu'il mettait en oeuvre pour travailler donnaient l'impression qu'on était devant un vieil homme plein de sagesse, le reste du décor n'avait rien de chaleureux. Le bureau, principalement décoré de gris, noir et rouge-sang n'avait pas l'air d'avoir envie d'accueillir qui que ce soit.

Soudainement, la tête du vieil homme se leva et les yeux fixèrent un instant le vide. Alors on vit à quel point cet homme était un monstre idéologique. On vit comment cette froideur qui le définissait tant avait le pouvoir de détruire bien des consciences et des personnalités. Cette sérénité qui se lisait sur ses traits vieillis par le temps et la prison se mêlait avec une terrible beauté à la froideur de son regard et à la pâleur de son visage. Faisant figure de mature, compris, sage, le vieil homme avait le pouvoir d'emmener avec lui bien des esprits. Comment pouvait-on redouter un vieillard tel qu'Eris Valverde? Il n'était pas ce genre de Mangemorts qui avait tué et torturé des familles entière sans omettre les enfants, les faisant se baigner dans le sang de leurs parents avant de les éventrer froidement. Non cet homme là, il ne pouvait pas être de ces mangemorts qui nous avaient terrorisés pendant des années. Il était un intellectuel, il avait lu des livres. Il était maintenant là devant nous, prêt à nous aider et à relever la Sorcellerie. On le suivra, car il nous donne confiance. Cette façon à lui d'être déterminé n'est pas inquiétante, mais plutôt rassurante. Ce masque de pierre qu'on pouvait voir n'avait que pour but de ne jamais se détruire pour nous mener au salut. Peu à peu, Eris Valverde était devenu le Dumbledore des puristes. Peu à peu, le Directeur du Département de l'Ordre Nouveau de par cette vieillesse et ce calme avait réussi à emporter des foules à lui seul.

La porte de bureau s'ouvrit. Le secrétaire leva sa tête de ses dossiers et vit le Directeur du Département de l'Ordre Nouveau sortir de ce dernier. C'était la première fois qu'on le voyait sortir de son bureau depuis qu'il était de retour. Des personnes avaient défilé, ils étaient entrés, sortis, tous. Mais Valverde arrivait le matin et repartait le soir.
Vêtu d'une longue robe rouge et or, le vieil homme avait l'air d'effrayé le jeune secrétaire.
Tel une statue de fer, il était là. Sa bouche, comme une fente dans un visage marqué par la détermination, son regard glacial se jeta immédiatement sur Neeson.

« Comment se fait-il que je n'ai pas reçu la réponse des Ministres de l'Intendance? »

« Monsieur le Directeur, je pense que c'est parce qu'ils n'ont pas répondu. »

« Je leur ai donné une journée pour répondre, sinon, ils seraient remplacés et emprisonnés. Alors cessez de croire que vous avez la capacité de penser, vous venez de démontrer le contraire. Si après la Commission de Sécurité je n'ai rien sur mon bureau, vous irez rejoindre votre mère moldue au fond du trou dans lequel elle se décompose. »

Autant la dernière phrase pouvait être violente, autant le calme que Valverde garda tout en la prononçant fut tout autre qu'une phrase venant d'un personne en colère. Eris Valverde ne s'énervait jamais avec une colère chaude. Il était resté froid, il avait fixé pendant quelques secondes son secrétaire dans les yeux. Le secrétaire compris qu'il n'avait pas à céder. Il compris qu'il n'avait rien à faire d'autre qu'attendre que Valverde lui accorde le droit de continuer ce qu'il avait à faire. Le temps paraissait suspendu entre le vieil homme et celui qui était en dessous.

Puis il avança, toujours avec ce même regard. Il n'avait pas changé de regard. Valverde n'avait aucune autre expression que cette froideur déstabilisante, fascinante, inquiétante. Rapidement, il atteint le bout du couloir réservé aux Commissions du Sang.
Le vieil homme entra dans l'unique salle d'audience de l'ancien Niveau 10 avant la création du Département de l'Ordre Nouveau. Cette salle était réservée à Valverde. Il y faisait ses Commissions du Sang et depuis peu, les Commissions de Sécurité.

Le vieil homme s'installa derrière l'immense pupitre de la salle d'audience. Il posa sur son nez ses fines lunettes, pris deux dossiers, des feuilles de parchemin et sa plume de phénix. Il ordonna à ce qu'on face entrer la personne qu'on installa sur un fauteuil en bois, au centre. Délicatement, des liens magiques entourèrent les bras et les jambes d'un professeur de Poudlard qui donnait l'air d'un escargot empaillé.

« Dossier n°A-015-SW. Interrogé, Professeur Woods Seymour, de sexe masculin, professeur à l'école de Sorcellerie Poudlard. Interrogateur, Eris Leddicus Valverde, Directeur du Département de l'Ordre Nouveau auprès de l'Intendance, Mage-Commandeur de l'Ordre de Salazar. » Le vieil homme n'avait pas levé la tête vers Woods, mais sa voix était comme de nombreux piques de glace lancés à toute vitesse dans la salle. « Professeur Woods, » le vieil homme leva la tête. Ses yeux froids et perçants percutèrent le regard du professeur de Poudlard. « savez-vous pourquoi vous êtes ici? »

La voix était posée, calme. Les yeux comme à leur habitude, d'une froideur sans nom. Il est de coutume de penser que lorsqu'un entretiens tel que celui-ci, avec un pilier de la politique de Lord Voldemort commence par une question, toutes les bases installées auparavant s'effondre. Il ne reste plus qu'eux deux.

Valverde observa un temps la personne qui se tenait devant lui. Et c'était donc ce genre de personne qui travaillait tous les jours avec la plus jeune Mangemorte qui ne donnait aucunement l'impression d'impuissance magique. Seymour Woods. Cet être paraissait ne jamais pouvoir s'intéresser à autre chose que sa pitoyable coupe de cheveux digne d'une serpillière sur la tête. Valverde resta cependant de marbre devant cette pitoyable personne. Jamais personne ne lui avait paru si insignifiante depuis Violette Fanning. Mais là, il était question d'une force de la nature assez indescriptible.
Les yeux froids suivirent l'installation de l'enseignant(-e?) de Botanique à l'école de Sorcellerie. Après Chourave et son bourbisme dégoulinant, on avait le droit à un énergumène qui ne savait sans-doutes pas lasser ses chaussures sans se coincer un faux ongle dedans.
Valverde ne changeait pas d'attitude face à Woods. Combien même cet individu lui paru particulièrement repoussant et méprisant, il garda cette attitude froide et calme qu'on lui connaissait tant. Il ne souhaitait aucunement laisser paraître quoi que ce soit de sa personnalité. Tel était le Directeur du Département de l'Ordre Nouveau. Celui-ci avait en lui cette froideur qui le rendait inattaquable sur le plan moral. Bien des sorciers avaient affaiblis et presque détruis Valverde physiquement. Bien qu'âgé d'à peine soixante ans, il en faisait vingt de plus. Cependant, c'était dans cette vieillesse clairement visible que se muraient sagesse et froideur. Valverde représentait cette stabilité du régime. Cette sensation assez prenante que rien ne pourrait s’effondrer. Il n'avait pas toutes les qualités, mais le mot sécurité s'alliait avec merveille avec le vieil homme. Parce que Valverde, de par ce calme impertubable et cette froideur tranchante réussissait à inspirer ce que les humains veulent par dessus tout: être manipulé et rassuré.

Valverde, une fois ses affaires prêtes, écouta la réponse du professeur de Poudlard. Il garda pendant quelques minutes le regard sur cette personne avant de baisser la tête et de noter sur sa feuille quelques notes. La plume grattait et ce bruit résonnait dans l'immense salle d'audience. Tant de sorciers étaient passés par cette pièce. Unique vestige des dizaines de salles d'audience qu'il existait au dernier niveau du Ministère du temps où l'Ordre Nouveau n'était pas installé. Puis toutes avaient été détruites, sauf une. Chaque Commissaire du Sang interrogeait dans son bureau, dans le couloir de gauche. Et au fond de ce couloir, cette salle d'audience où tant de sorciers avaient vu leur destin scellé. Cette salle était interdite d'accès. Seulement Valverde y faisait ses interrogatoires pour les deux Commissions, même s'il était chargé de celles de Sécurité.
Le bruit de la plume contre la feuille de parchemin provoquait un sentiment légèrement désagréable. Quant à Woods, il devait légèrement se sentir gêné. Ce silence persistant. Quelques fois quelques cris de sorciers sortant de la Commission du Sang suivis de vents de Détraqueurs.
Au bout de quelques notes, Valverde lâcha les minutes et leva de nouveau la tête. Ses yeux froids refixèrent Seymour Woods.

« Je vois. » Il retira un instant ses lunettes et continua à fixer le professeur de botanique de Poudlard. « Voudriez-vous dire que vous ne vous intéressez pas d'assez près aux actualités pour connaître le but de cette Commission, Professeur Woods? » Une fois de plus le temps sembla s'arrêter quelques instants. Woods comprit rapidement que Valverde n'avait pas fini sa prise de parole. « Admettons cette possibilité d’ermitage. Cependant, j'ai du mal à saisir votre présence à la Gazette du Sorcier lorsque celle-ci fut attaquée si vous vous tenez si loin des affaires publiques? Il est, vous en conviendrez, particulièrement paradoxale d'être si proche du centre des informations pour se dire complètement étranger à celles-ci. Pourriez-vous m'en dire plus sur votre présence? »

Le duel était lancé. Valverde avait lui aussi été présent le jour de cet attentat des Hors-la-loi contre la propagande elle-même. Le centre du pouvoir de Valverde avait été touché et ce fut alors particulièrement risible de voir que Mulciber et Menroth s'excitèrent telles des bêtes en cage alors que l'un n'avait pas à se soucier de la propagande et que l'autre tenait son pouvoir du contraire des affaires publiques.

Valverde ne cessa de regarder dans les yeux le professeur. Le vieil homme avait cette fabuleuse capacité de desceller avec facilité les menteurs. A moins de tomber sur quelque expert où seuls des très forts sorciers seraient capable d'y trouver des informations contraires à celles dites, Valverde arrivait très bien à observer les êtres pour savoir quand ces derniers se trouveraient.

« Je suis persuadé que votre statut d'enseignant vous obligera à ne rien omettre sur cette affaire pour le bien-être de la Communauté Sorcière. »

Le calme des mots, joint à la froideur coutumière de Valverde n'annonçait rien de rassurant quant à cet interrogatoire.

L'Attentat à la Gazette des Sorciers était le symbole de l'attaque qu'on avait voulu faire à l'Ordre Nouveau. Contrôlant avec attention la presse et ce qui en sortait, le niveau 10 du Ministère de la Magie était un prédateur rude de propagande, contre lequel évidemment les bourbiste avaient voulu agir. Mais Valverde ne s'était pas démonté face à cette attaque, même si elle avait représenté la première grande "faute" de Mulciber. On ne peut pas véritablement parler de faute, le pauvre y pouvait pour rien. Mais cet attentat avait représenté un coup dur pour le Ministère de la Magie. Bien qu'il visa directement le Département de Valverde, à l'époque le vieil homme était sous le direction officielle du Ministre de la Magie. La faute lui fut directement attribuée et on ne manqua pas de descendre Mulciber. Menroth et Valverde en particulier, qui virent chez le Ministre une preuve de lâcheté. Il y avait eu chez les deux hommes deux comportements singulièrement différents. Menroth avait cherché à unir dans la sécurité -bien que, admettons-le, il ne se lasse pas de pouvoir- et Valverde quant à lui avait tenté de sauver les derniers meubles. Son Département, directement et ouvertement attaqué était affaibli par cet attentat, et pourtant, le vieil homme, apparu sur les lieux quelques minutes après avait affiché un calme et une détermination propre au politicien qu'il était.
Après cela, le vieux Directeur du Département de l'Ordre Nouveau avait magistralement riposté avec un discours digne de ce nom, en plein Août. L'Ordre du Phénix avait vu encore plus haut en cherchant à l'assassiner. Et une fois de plus, ils avaient lamentablement échoué. Dans leur idéalisme impur et dégoulinant de pourriture bourbiste, ils avaient tenté de s'en prendre au coeur même du régime politique que Voldemort avait tenté d'installer. A vrai dire, le Seigneur des Ténèbres avait lui aussi tenté de s'attaquer au coeur du bourbisme en tuant de très bons éléments, des éléments finement manipulateurs.

Le vieil homme froid écouta avec attention les paroles du professeur de Botanique. Il ne fallait pas laisser un mot s'échapper du cerveau du Mangemort, tant les informations avaient le besoin d'être finement analysées. Et le vieil homme s'appliquait avec concentration à cette tâche qui représentait pour lui une capacité dont il ne craignait plus l'échec. Cette capacité d'analyse et d'observation lui étaient propre. Autant pouvait-on dire qu'il n'était pas le meilleur sorcier en matière de combat ou de magie-noire, il avait certaines qualités humaines qui faisaient de lui un personnage bien intéressant. Bien que profondément misanthrope, il avait cette aptitude presque mythique d'analyser les moindres recoins de l'âme d'une personne.

En observant les gestes et les paroles du professeur Woods, Valverde remarque que ce dernier avait perpétuellement l'air de se battre contre lui-même. Bien loin de ce mauvais jeux de mot qui montre qu'en se travestissant, il cherche de toute évidence à se battre contre sa propre identité, mais cette façon de regarder Valverde, ces regards, on avait la sensation qu'il avait en lui une véritable guerre civile. Il restait cependant impossible de connaître le fond des pensées du professeur de Poudlard, mais il était clair et précis qu'on descellait en lui une peur assez grande. Mais beaucoup de sorciers avaient peur avec les Commissions de l'Ordre Nouveau, qu'elles soient du Sang ou de Sécurité.

Cependant, Valverde savait que Woods ne lui mentait pas, pour la simple raison qu'il ne lui avait pas demandé son implication dans cet attentat. Et Woods paraissait trop peureux pour préparer son coup. Les registres gobelins avaient déjà été vérifiés, et il n'avait pas menti, et sans-doutes était-il rentré avec le mouvement de foule, du apparemment à un gros remue-ménage au sein des locaux de la Gazette du Sorcier.

« Un malencontreux hasard, voyez vous... »

« Les hasards n'existent pas Professeur Woods. L'existence n'est qu'une succession de choix et de décisions, conscientes ou inconscientes. Vous avez voulu laisser cours à votre curiosité pour aller voir quelles étaient les origines de tout ce mouvement devant la Gazette. Par conséquent, c'est votre volonté qui a guidé vos pas, non le hasard. Le contraire serait bien trop facile. »

Valverde n'avait pas tort. Le Destin n'existe pas. Le temps de ces vieilles tragédies où des puissances supérieures guident vos pas est résolu. La seule fatalité qu'il y a, c'est l'écoulement inexorable du temps. Cependant, ce n'est ni la destinée, ni les puissances supérieures qui guident un être humain. L'être humain est fait de choix.
Si Woods s'était retrouvé à cet endroit car il en avait pris la décision.

« Bien. » Valverde regarda le professeur un instant. Toujours ce regard vide de sentiments, seulement cette froideur détroussante et frissonnante. « Et que s'est-il passé à l'intérieur professeur Woods? » Valverde le regarda, le fixa, l'analysa, dans ce calme perturbant qu'était le sien. « Voyez-vous, après cet attentat, vous êtes le seul à ne pas avoir témoigné. Et des nombreux témoignages que nous avons, ici, à quelques pas de cette salle, il n'est jamais question de vous. Il paraît évident que dans le tumulte que peut représenter un mouvement foule votre tête fusse la même que le reste du troupeau, mais après, une fois le calme revenu? Qu'avez-vous fait? » Valverde le regarda, comme s'il venait de poser une question rhétorique qui ne nécessite rien d'autre que la honte et l'humiliation. « Je vous donne l'occasion de vous exprimer sur ces évènements, pourvus qu'ils concordent avec l'honnêteté. Quant à vos cours à Poudlard, je suis à même de comprendre qu'ils peuvent prendre de votre temps. Et d'ailleurs, j'ai de source sûre venant d'élève de Poudlard, que, lors de votre premier cours de Septembre 2003, vous avez évoqué le monde moldu. Vous avez dit qu'un moldu est incapable de s'exercer à la botanique. Cependant, vous n'avez pas apporté de nuances supplémentaires sur le monde moldu. Pouvez-vous me dire pourquoi? »

Les dés étaient jetés. La limite entre les deux camps ne tenaient qu'à un petit centimètre, comme la vérité et le mensonge. Jamais les membres de l'Ordre furent si proches des Mangemorts sans ne rien faire. Dans quelques secondes, Seymour serait reconnu Hors-la-loi ou alors il pourrait repartir tranquillement.
Tout se jouait, maintenant.

Le mensonge. La fuite, le déshonneur.

Les Mangemorts de Lord Voldemort avaient tous connu ça, un jour ou l'autre dans leur vie. Le bourbisme était tant présent qu'ils avaient été obligés de se cacher afin de pouvoir vivre en liberté. Ils étaient obligés de vivre dans l'ombre de la ruine du monde de la Sorcellerie. Lord Voldemort avait représenté l'espoir pour beaucoup de sorciers. Ils avaient cru en une société nouvelle, où la Sorcellerie retrouverait sa juste place. Et pour cela, la plupart des Mangemorts avec leur jeunesse avait décidé de contribuer à l'avènement du Seigneur des Ténèbres. Nous étions en 1975, Eris avait trente-cinq ans. Il avait toute sa jeunesse et toute l'énergie nécessaire pour se battre contre le bourbisme et il l'avait fait. Il avait travaillé dans l'ombre pour tenter de faire chuter le Ministère de la Magie. Seulement, la défaite de Voldemort avait compliqué les choses, surtout à cause des différentes trahisons qui avaient eu lieu. Valverde et beaucoup d'autres furent arrêtés. En 1981, il avait encore toute la vie devant lui et pourtant, il passerait quatorze années enfermé dans une sinistre prison pour avoir cru qu'un jour la Sorcellerie se relèverait de ses cendres, pour avoir cru qu'un jour le Purisme prendrait toute sa place.

Mais toutes ces années à Azkaban ne les avaient pas laissé indignes et fermés à leurs croyances. Non bien au contraire, tous, dans l'ombre, avaient attendu un nouvel avènement et c'est en 1995 qu'ils sortirent de prison dans une société rongée par la peur et aux institutions chancelantes. Dumbledore y était encore trop présent. Prophète et manipulateur bourbiste, il avait sous sa protection bien des êtres dangereux et surtout des jeunes sorciers qui apprenaient à faire raison de vivre une religion destructrice pour la Sorcellerie.
Presque dix années étaient passées depuis la fuite d'Azkaban. Et ils avaient gagné. Ils avaient vaincu et les plus grands Mangemorts avaient retrouvé une place digne et grande.

Valverde ressemblait à un vieil homme. En le voyant, on aurait du mal à s'imaginer en 1975, avec lui, siégeant discrètement dans les bancs du Magenmagot en tant que Juge. Jeune-homme brillant et discret, il oeuvrait à la chute du Ministère dans l'ombre. Jeune-homme presque séduisant, son calme et sa froideur le rendait presque inaccessible. Il n'avait jamais été capable d'aimer une femme, ou un homme ou quoique ce soit d'autre.
Il avait sans-doutes déjà eu l'occasion d'être assis dans ce vestige de l'ère Fudge. Peut-être un procés s'était-il joué entre les murs circulaires et cette salle d'audience. Seulement, bien des choses avaient changé. Il ne restait plus qu'elle des cinq présentes auparavant au niveau 10. Une seule. Et Valverde, ce vieil homme aux cheveux gris et blancs, aux longues robes fluides, le regard noir et froid, derrière des lunettes qui permettaient, grâce au calme de son visage, de faire de lui un homme empli de sagesse. Ce vieil homme qui avait traversé tant de combats se trouvait maintenant devant l'être qu'il avait été des années avant. Un être de l'ombre. Qui cache pour le succès de sa cause.

« Vous mentez professeur Woods. Vous mentez et nous le savons très bien nous deux. » La voix de Valverde semblait glisser dans la salle. Elle était calme et sèche, comme à son habitude. « Les premiers soins ont été donnés à la sortie de la Gazette du Sorcier et tous les Médicomages ont assuré qu'aucune tentative n'avait eu précédemment lieu. Quant à Fudge, il n'est pas un être digne de confiance. Il est troublant de vous entendre professeur. Croyez-moi, votre logique fait défaut à celle du régime. Que voulez-vous cacher en mentant? »

Le jeu était lancé. Woods n'allait pas tarder à perdre. Il avait menti. Personne sauf lui ne savait ce qui s'était passé dans les locaux de la Gazette. Seulement, il y avait certaines choses dont on était sûr qu'elles ne s'étaient pas déroulées. Comme les tentatives de soin.

« J'ignore à quel jeu débile et inconscient vous jouez professeur, mais ayez cependant en tête les conséquences qu'il peut produire. Quand on veut jouer à un jeu, il nous faut en respecter les règles. C'est la loi. J'ai bien peur que vous ayez perdu, Seymour Woods, peut-être vous reste-t-il la possibilité de jouer une dernière carte? Celle de la trahison ou celle du mensonge. A vous de choisir, quoiqu'il en soit, la partie est sur le point de se terminer. Je vais vous demander une dernière chose, une ultime chose qui déterminera votre avenir dans ce monde. Parlez-moi de l'Ordre du Phénix. Ronald Weasley a été assez idiot pour vouloir se pavaner tel une coq et a affirmé publiquement que la moindre évocation de cet Ordre, par un quelconque membre de celui-ci, provoquerait la mort de ce dernier. » Valverde ouvrit alors un second dossier et y tira une feuille de parchemin. « "Vous promettez également sur votre vie de ne pas dévoiler ses plans -entendons ici les plans de l'Ordre du Phénix-, ses membres ou rien le concernant". Tels sont les propos de Ronald Weasley. Ainsi, si vous ne faites pas parti de l'Ordre du Phénix, professeur, vous pouvez en parler tout à fait librement. Sinon, à la moindre mention de l'Ordre et ce que vous savez de lui, vous allez mourir, car tel est le destin de ceux qui ont fait le Serment Inviolable de ne jamais parler de quoique ce soit dans cet Ordre. »

La voix du vieil homme était d'un calme consternant. On aurait pu y voir une excitation, ou alors une colère chaude. Mais non, seulement ce visage ridé aux yeux noirs et froids et aux traits calmes. Cette voix posée, réflechie, presque rassurante. Il donnait presque la sensation que tout pouvait s'arranger, qu'une telle vieillesse avait apporté chez lui un côté paternel.
Mais il était le père du Purisme et rien d'autre, hormis, peut-être, celui de Tryan. Et encore, c'était tout autre. Tryan pouvait se défendre tout seul.

« Quant à votre pédagogie négligente, nous éviterons de revenir dessus. Vous semblez avoir oublié qu'il est du devoir de tout enseignant de rappeler les enjeux de notre société que nous nous efforçons de construire. C'est d'une telle négligence qu'a découlé le bourbisme à Poudlard. Il n'est pas, je pense, trop osé et insensé de dire que la volonté du professeur LeeRoy n'est pas de rétablir les aphorismes de Dumbledore en son école. »

Valverde observa le professeur. Il mentait et c'était certain. Qu'avait-il à cacher à Valverde? Que pouvait-il bien se passer dans sa tête?
Une chose était sûre, les minutes lui donnait la possibilité de prouver qu'il était fidèle au régime.

Echec et mat.

De toute évidence, Woods avait le choix de jouer la carte du mensonge. Valverde se doutait qu'il jouerait cette carte. A partir du moment où il l'avait mis au défit de parler de l'Ordre au risque de perdre la vie, il savait que la finesse absente chez cet individu ne lui permettrait pas de dire "Je ne dirai rien à ce propos". Là, les regards se seraient croisés et Valverde aurait compris. Perdu dans sa panique, le professeur de Poudlard avait tenté de mentir, de se sortir de là, en pensant que peut-être, la question de Valverde était équivalente à "Préferez-vous votre thé avec ou sans sucre Professeur?"

Valverde ne laissait pas apitoyer par ce genre de discours débile. Simplement parce qu'il était un être de raison et que ses sentiments étaient rangés si profondément qu'il avait surement oublié qu'il avait la possibilité de ressentir quelque chose.
Il avait décidé de ne répondre que par la raison et avait donné la possibilité à Woods de se justifier en parlant de l'Ordre. Valverde avait la possibilité de parler de cet ordre autant que cela lui chantait pour la simple raison qu'il n'avait aucunement signé l'ignoble morceau de papier de Weasley.
On ne pouvait pas en dire autant du professeur de Poudlard. Il avait, dans sa réponse, cherché à détourner la demande de Valverde. Les choses étaient pourtant simple: Valverde n'avait pas de pitié. Il voulait des arguments. Des arguments, il pouvait en avoir. Il avait simplement à parler de l'Ordre et à dire tout ce qu'il savait dessus. Et tout le monde sait qu'il avait été crée par Dumbledore, tout connaissait quelques membres comme McGonagall, Black ou encore Potter. Mais en disant cela, quiconque qui avait signé le parchemin auparavant serait mort sur le coup.
Weasley s'était fait avoir à son propre piège.

Valverde ne lâcha pas du regard le professeur de Poudlard. Il avait complètement omis l'attaque que Valverde avait fait quant à son enseignement à Poudlard. S'il avait dit la vérité, s'il avait parlé de ce qu'il savait de Poudlard en bonne et due forme sans se poser de questions, il aurait pu essayer de se défendre quant à ses méthodes d'enseignements. La peur de mourir était si grande alors qu'il avait complètement oublié de répondre à cette attaque.

« Vous perdez la raison Seymour Woods. La partie est terminée et vous avez perdu. Vous avez choisi de jouer la carte du mensonge, tant pis pour vous. Je ne sais quel sera votre destin, mais c'est terminé. » Valverde ôta ses fines lunettes, replia les branches et les déposa sur l'immense pupitre en bois noir de la salle d'audience. Du même regard froid et avec cette même voix sereine et calme, il reprit la parole. « Qu'un seul argument était valable Woods. Il vous fallait parler de l'Ordre. Et vous savez que vous ne pouvez pas, sinon, vous allez mourir. Vous allez être transféré à la prison d'Azkaban car vous êtes dorénavant considéré comme Traître à votre Sang. Seulement, les choses vont bien plus loin. Vous faites parti de l'Ordre. Il en va de la sécurité et de la Justice Magique. Vous serez donc jugé au Magenmagot pour cela. Emmenez-le. »

Six agents de l'Ordre Nouveau entrèrent dans la salle d'audience et s'emparèrent de l'ancien professeur de Poudlard. Tandis que Valverde était sourd aux gémissements et plaintes du traître de l'Ordre du Phénix, il referma le dossier de la Commission de Sécurité en inscrivant: "Reconnu coupable de Trahison à son Sang. Membre actif de l'Ordre du Phénix".

Il quitta de son pas habituellement mesuré la salle d'audience et le couloir de gauche réservé aux Commissions du Sang et de Sécurité.
Tout le monde était ameuté suite à la sortie assez remarquée de Woods. Valverde traversa le couloir en jetant quelques regards calmes mais glaciaux à ses employés avant d'arriver au hall circulaire du Département de l'Ordre Nouveau. De là, il tourna afin de prendre la direction du couloir central réservé aux services administratifs, et après être arrivé au bout du couloir, il traversa le bureau de Neeson et entra dans le sien.

Le vieil homme s'installa derrière sa table de travail, replaça ses lunettes, pris quelques feuilles de parchemins et écrivit deux lettres à l'intention d'Eccleston et de LeeRoy. Enfin, après cela, il demanda à Neeson de les envoyer à leur destinataire, passa par la salle des fichages afin d'y classer le dossier de Woods et revint à son bureau. Il regarda par sa baie vitrée magique donnant sur l'Atrium qui était encore tout remué par le passage remarqué de Woods qui prenait la direction d'Azkaban.

Valverde avait une fois de plus réussit à débusquer le mal en les plus fidèles serviteurs du régime.