https://www.youtube.com/watch?v=CFFiaTOAWIcLes destins de ce monde se brisent avant même que soient nés ceux qui ont été choisis pour les porter. La lente valse des êtres qui sont voués à la mort. Cette mort inéxorable, qui plâne au dessus de tous. Le Temps lui-même était important pour quiconque mourrait.
Mais qu'était-on autre chose qu'une pauvre créature vouée à cette sentence finale?
A quoi bon vivre si quelques années plus tard, devant l'immensité de la vie et du Temps, on meurt?
Qui es-tu toi? Si ce n'est autre chose que cette même créature à qui l'on donne la nom d'humain. Qui es-tu si tu n'es voué à cette même mort.
Un Enfant.
Terrible constat de la mort face à la vie.
L'Enfance avait toujours été ce qu'il y a de plus beau au monde. Cet état où la vie apparaît comme Belle, source de plaisir, de découverte et d'aventure. Là où les responsabilités n'accablent plus. Où ce sentiment de culpabilité disparaît. Cette culpabilité d'être dans ce monde, ce monde brutal et inhumain.
Un monde inhumain d'humains. Quelle belle chose. «
Eris, viens-voir! —
Oui, Jeanne, j'arrive. »
La petite blonde était accroupie, par terre.
Au sol, sur cette terre sèche mais quelques fois humide, se tenait un escargot. Il avançait lentement, comme si le monde pouvait s'écrouler autour de lui sans que cela ne le touche, lui.
Il était là. Et n'entendant rien, ne voyant rien, il continuait sa lente chemination vers un objectif qu'il avait déjà surement oublié.
Tandis que Jeanne riait face à cette lenteur, tu restais là, à observer cet étrange petit animal. Il n'avait pas capté votre présence à vous deux. Aussi, sa situation était d'un ridicule risible particulièrement impressionnant. Ce que, d'ailleurs, Jeanne ne remettait pas en cause vu l'état dans lequel l'imbécilité flagrante de cet animal la mettait.
Elle riait, et toi tu souriais.
Tu souriais face à tant de bonheur dans les yeux de ton amie. Une si grande émotion te traversa le corps que tu te mis à rire aussi. A rire non pas du malheur de ce pauvre escargot, mais à rire de joie, la joie d'avoir trouvé quelqu'un avec qui rire.
L'Enfant ne cherche pas à comprendre les choses. Souvent, il est bien plus proche de ses amis que de celle ou celui qu'il nommera "mon amoureuse" ou "mon amoureux".
Il ne comprend pas les nécessité d'un couple. Il ne comprend même pas la notion d'aimer. Il ne se connait pas encore, il ne sait pas qui il est. Il peut aimer, mais il ne le comprend pas. Il ne comprend même pas qui il aime.
C'est ainsi, c'est tout.
Et souvent cette incapacité à comprendre l'amour chez lui reste quand il est adulte. Une des rares traces de l'enfance encore présente. Et surement une des plus fortes.
L'adulte s'attend à aimer comme il aimait autrefois. Mais l'adulte n'est plus enfant. Il comprend. Il comprend qui il est, du moins, le pense-t-il. Et un élan de rationnalisation le tire toujours, plus au moins grand chez chacun. Et il essaie de retrouver les passions de la jeunesse. Cet amour insouciant, que l'on oublie quand on est avec une personne.
L'adulte cherchait quelque chose.
Mais l'amour ne se cherche pas, il se trouve. Il vient à nous comme cela, sans que l'on pense spécialement à le chercher.
On ne cherche pas à devenir enfant, à sortir de l'union d'un père et d'une mère. Et pourtant, l'amour maternel et paternel vient, il s'accroche. Il en est de même pour les rencontres que l'enfant fait. Il ne cherche pas à aimer. Il ne cherche rien d'autre que de la compagnie, du rire et des pleurs.
L'adulte n'arrive pas à se laisser aller dans cette nonchalance des sentiments.
Il refuse de s'aimer lui-même afin d'accueillir l'amour d'un ou d'une autre.
Jeanne se leva et tandis que tu riais encore, elle courra dans la forêt.
On ne pouvait pas dire que cette gamine était molle. Au contraire, elle débordait d'une énergie que tu pouvais avoir certaines fois.
Tu continuas à observer l'escargot. Une larme tomba juste à côté de lui. Une larme de rire. Évanouie, l'instant d'un souffle.
Cet être ne pouvait t'apporter que du mal Eris. Tu ne l'as pas compris, mais le Sang-Moldu, depuis toujours, avait été une menace.
Elle n'y pouvait rien, elle. Elle ne comprenait pas. Elle n'avait pas choisie de devenir une moldue, pas plus que toi un Sorcier. Cependant, il en était ainsi de l'ordre des choses de la nature. Et sa condition même, sa race impure, sale, détestable, ne pouvait pas t'apporter du bon.
Car la race moldue avait toujours été antinomique de la puissante Sorcellerie.
Tu vas échouer, souffrir. Ton destin est désormais tracé.
Tu as pris le chemin de la souffrance.
Tu deviendras un monstre. Car sans l'amour, la folie monstrueuse et meurtrière s'éprend de l'âme de tout être humain.