Quel hasard! [Cody]

Date de naissance du joueur

"Tu vas y faire quoi?
-Respirer."

La porte de la cuisine fermée, Kristin discutait avec Shaun, chacun adossé à un meuble de la cuisine. Comme à son habitude, Shaun mangeait, et Kristin, les bras croisés, regardait dans le vide, les yeux fixant un point devant elle dont elle n'avait pas conscience. Voilà plusieurs jours qu'Alex et Louve, ainsi que Sièlro habitaient avec eux. Kristin avait espéré une amélioration de l'ambiance de la maison mais de son point de vue, en tout cas, il n'y avait aucun changement. Miranda travaillait d'arrache-pied pour apprendre à communiqué avec Louve et lui parler de tout et surtout de n'importe quoi. Quant à Shaun, il avait déjà appris les bases pour se débrouiller avec Louve quand sa mère n'était pas dans les parages, lui demander ce qu'elle voulait surtout. Quelques phrases toutes faites en attendant de savoir se débrouiller davantage. Quant à Kristin... La jeune asiatique était déjà suffisamment occupé à se battre avec sa mère pour avoir le temps d'apprendre à parler avec Louve. Elle avait passé un certain temps à la bibliothèque pour trouver un moyen de laisser Shaun faire entrer des gens sur le territoire. Sans compter qu'elle s'entrainait d'arrache-pied en attendant d'avoir des nouvelles de Tom quant à l'organisation de l'attentat. Non vraiment, on ne pouvait pas dire qu'elle consacrait beaucoup de son temps à parler avec Louve...

"Elle est devenu insupportable. Je sais plus quoi faire..."

Shaun la regarda d'un air pensif. La mère de Kristin était une ancienne auror et membre de l'Ordre mais également l'un des portrait de la demeure. Le lien entre elles avait toujours été étroit et fort. Pourtant, il avait suffit que Kristin ose dire qu'elle comptait agrandir les lieux pour pouvoir y accueillir des résistants digne de confiance, c'était la guerre entre la mère et la fille. Kristin ne comprenait pas pourquoi sa mère s'acharnait à ne pas vouloir que sa maison devienne ainsi. Et Julia affirmait que c'était Sa maison et que Kristin n'avait en aucun cas le droit d'y toucher. Kristin avait compté sur l'arrivée de Louve et Alex sur les lieux pour qu'elle se rende compte du bien-fondé de son choix mais à sa plus grande surprise, leurs relations ne s'étaient pas améliorés. Pire encore, l'antipathie manifesté par Julia à l'égard des invités s'était évanouit et elle apprenait à apprécier Alex et Louve avec sincérité. Ce n'était pas un problème en soi, cependant Kristin ne comprenait vraiment plus rien. Pourquoi continuer de la punir de la sorte alors qu'elle acceptait avec plus ou moins de souplesse la venue de la résistante et de sa fille?

Kristin se redressa soudain, lâchant un soupir d'exaspération, reposant la tasse de chocolat chaud qu'elle tenait à la main sous l’œil attentif de son ami.

"Je vais aller me dégourdir les jambes, j'en peux plus là!"

Elle n'en pouvait plus? Kristin avait vécut telle une mangemorte pendant de nombreuses années avec comme seule lumière, le souvenir de sa mère, avait jouer les espionne pour l'Ordre dès ses 21 ans, elle avait sombré dans les méandres de la cruauté et du sadisme, elle avait pleuré toutes les larmes de son corps, avait eu le cœur transpercé par la trahison de son fiancé, avait vengé sa mère puis son père... Et elle n'en pouvait plus parce qu'elle était en conflit avec sa mère? Comment pouvait-on être encore moins crédible? Pourtant, c'était bien le cas. Kristin était excédé, autant par le comportement de sa mère que par sa propre incapacité à comprendre ce que sa mère disait. C'était autre chose que de manipuler des mangemorts ou risquer sa vie, mais c'était au moins aussi usant. Ça touchait toujours plus quand les gens qu'on aimait ne vous considérait pas...

Kristin ouvrit la porte de la cuisine traversa le corridor à grand pas, sous l’œil antipathique et sévère de sa mère. Celle-ci ne pouvait pas s’empêcher d'afficher cet air mécontent à chaque fois qu'elle voyait sa fille. Kristin se dirigea vers la porte d'entrée, prit un long manteau noir qu'elle enfila, repoussa les mèches qui se retrouvait coincé dans le col. Cette veste était sa préférée, celle avec les poches indétectables, celle qui en avait le plus et qui, donc, avait le plus de fiole. Elle s'était déjà appliqué à user du même principe sur ses autres vestes mais aucune n'avait autant de place que ce manteau-là. Et puis, elle faisait moins de potions qu'autrefois. Pour le moment, c'était la Salle Noire, salle de torture, qu'elle utilisait pour faire ses mixtures, à cause du système d'évacuation et sa ressemblance avec les cachots de Poudlard. Non pas que ce fut indispensable, mais elle préférait. D'une certaine manière, c'était comme si elle y était. Les chaines faisait plus vrai puisqu'à présent certains cachots en étaient doté...

La jeune femme traversa le jardin et vit Miranda se dépêcher de rentrer. Il allait bientôt pleuvoir vu le ciel qui se couvrait. Kristin referma son blouson alors que Miranda s'arrêtait près d'elle :

"Tu vas où?
-Prendre l'air.
-Tu rentres quand?
-Demain matin."

Cette réponse lui attira le regard désapprobateur de la fillette qui avait Kristin en très piètre estime. Cependant, l'asiatique poursuivit son chemin, se dirigeant vers les sombrals. Une fois à l'intérieur, elle jeta un coup d’œil à Julia, sombral qui avait hérité du même nom que sa mère, mais celle-ci lui faisait toujours la tête, aussi, Kristin s'approcha d'Etna qu'elle attira avec des morceaux de pomme. Le sombral en mangea quelques uns, se frottant la tête sur le bras de Kristin. Une attitude qui aurait du lui tirer un sourire. Kristin caressa l'encolure de l'animal avant de poser sa main sur son dos osseux pour prendre son élan pour grimper. L'encourageant d'une petite tape sur le flanc droit, Kristin et sa monture sortir de la grange et s'envolèrent, traversant la barrière magique sous laquelle Kristin s'abritait depuis longtemps.

Il leur fallut un certain temps pour atteindre l'un des points de rendez-vous où Kristin avait l'habitude de la laisser. Les sombrals avaient la capacité de se rendre invisible, et ils le restaient aux yeux de ceux qui n'avaient jamais vu la mort. Comme s'était relativement courant avec les moldus... Cette maison-ci possédait un jardin avec un verger. Ce n'était pas l'endroit où Kristin se rendait le plus souvent mais entre son entrevue avec John, puis celle avec ce Lawson, elle préférait changer de coin. C'est donc à pied qu'elle pénétra la capitale de l'Angleterre, mettant bien quarante minutes à rejoindre un pub qu'elle connaissait assez peu. Disons qu'elle s'y était déjà rendu lorsque Fred et Jim bossaient à ses service et qu'ils se réunissaient pour que la jeune asiatique puisse profiter des informations qu'ils avaient récupérer. Où était Jim à cette heure-ci? Kristin n'en avait pas la moindre idée, mort certainement. Mais Fred, fidèle plus ou moins, devait certainement être en train de raccompagner le ministre moldu chez lui, à moins qu'ils soient encore là-bas à faire des rondes en toute discrétion. Peu importait.

La jeune femme ne se plaignait pas de cette longue marche. Quand elle avait dit vouloir prendre l'air, elle avait été sincère et ses quarante minutes de marche volontairement forcé, bien qu'à la fin son souffle soit quelque peu précipité, avait au moins l'avantage de l'avoir physiquement épuisé. Ou presque. A défaut de faire disparaitre sa frustration, elle n'avait plus envie de taper personne. Plus envie de se défouler disons. Enfin si, mais elle en était fatigué d'avance. Mais nulle doute qu'une fois qu'elle aurait reprit des forces, il faudrait qu'elle se dépense sur un autre trajet, la menant soit à un autre bar, soit à Etna. Habituellement, elle ne marchait pour rejoindre Etna ou pour aller au bar, elle transplanait. Mais elle avait vraiment besoin de faire passer son surplus d'énergie quelque part.

Kristin pénétra, le visage découvert, dans le pub. Il y avait plus miteux que celui-ci dans Londres. Le barman bavardait avec animation avec quelques uns de ses clients. Il n'y avait pas de gros porcs avachit dans des chaises en bois qui menaçaient de céder à tout instant, pas plus que l'odeur écœurante de ses gros cigares qu'elle avait finit par associer à tous les bars, et encore moins ces joueurs de poker qui jouait sous l’œil attentif et coquin de ses jeunes filles dont on se demandait bien ce qu'elles faisaient ici. Non, c'était un bar tranquille et correct. Une télé diffusant des matchs de rugby, ses tables carrés et ses bancs confortables contre les murs avec cette tapisserie à carré rouge et blanc qui parcourait les murs. Aucune autre odeur que celle de la pluie et éventuellement de la cigarette, pas de personnes complétement pétés, du moins pas à ce qu'il lui semblait. Bien sûr l'odeur n'était pas plus agréable pour autant, mais c'était toujours mieux.

La jeune femme se dirigea vers la comptoir, les talons de ses hautes bottes de cuir claquant légèrement sur le parquet, et attendit patiemment que le barman se dirige vers elle, encore riant des blagues de ses clients qu'il venait de quitter :

"Ce sera quoi pour vous, madame?
-Mademoiselle. Un chocolat chaud, s'il vous plait."

Oui, Kristin délaissait les bières et le whisky pour cette boisson non alcoolisé mais qui avait au moins le mérite de la réchauffer de l'intérieur et de ne pas lui donner l'impression d'être médiocre et misérable.

"Vous voulez du sucre avec?
-Oui, merci. Deux morceaux."

Et polie avec ça! Non, mais regardez-moi ce sourire qu'elle affichait sur son doux visage! Ça, c'était du grand art! Et il semblait que le barman était sous le charme de son aimable cliente. Non mais que voulez-vous, après quelques quinze années de mensonges chez les mangemorts, tromper, et faire semblant devant un barman moldu relevait de l'enfantillage. L'homme lui posa le chocolat sur le comptoir.

"Ce sera tout?
-Oui. Je dois combien?
-3.50£, s'il vous plait..."

Kristin fouilla dans une de ses poches -des plus normales- et sortit quelques pièces qu'elle tria sous le regard du barman avant de lui donner ce qu'il souhaitait en lui décochant son plus beau sourire.

"Et voilà!
-Merci bien!
-De rien!"

Kristin relaissa tomber ses pièces dans sa poche, prit son chocolat après un dernier sourire aimable au barman qui était resté un peu avant de rejoindre ses copains. S'éloignant du comptoir, elle s'installa à une table prévue pour deux personnes. Inutile de mobiliser une table à quatre quand on était seule... S'installant, elle se débarrassa de son manteau, transvasant discrètement sa baguette de la manche de sa veste à celle de son pull avant de s'installer comme il faut. Un soupir s'échappa de ses lèvres avant qu'elle ne daigne s'occuper de son chocolat qu'elle touilla pour y faire fondre les carrés de sucre. Elle aimait guère le côté amer qu'on pouvait y retrouver sans sucre...