Le temps était venu : la bataille approchait de sa fin. Personne ne pourrait les vaincre et personne n'espérait sans doute plus le faire. Bien que les combats soient encore vifs, Mike reconnaissait les premiers signes du découragement, les premiers signes de fatigues, qui apparaissaient fatalement chez ceux qui se savaient déjà vaincus. L'envie de lutter les quittait peu à peu et ils finiraient par tous se faire décimer. C'était déjà le cas avant, mais cela devenait très prégnant. Ils savaient qu'ils avaient perdu, alors pourquoi faire encore l'effort de se battre, cela ne ménerait à rien sinon à ce que le combat s'éternise. Lorsqu'on faisait le compte, on retiendrait sans doute qu'il y avait eu une percée dans la défense puriste, on retiendrait que la résistance était capable de prendre une ville et que même sans Jugson elle restait en ordre de bataille. Mais c'était là des conclusions qui appartenaient aux Elites, aux militaires, comme lui, Brom, Mulciber, ou Crow. La conscience aigue de la réalité leur appartenait, à eux et aux résistants : les ennemis étaient égaux, mais la masse, la masse qui ferait pencher un jour la balance du coté de l'un ou de l'autre, ne saurait rien, sinon ce qu'on voudrait bien lui dire. A savoir, Mike le reconnaissait lui-même, qu'ils ne parleraient presque que de la victoire, comme si l'attaque surprise n'avait jamais existé. C'était un mensonge, bien sur, mais un mensonge nécessaire pour maintenir l'ordre et donc il n'avait strictement aucun scrupule.

Cette pensée, il la nommait raison d'Etat. Il fallait qu'il en soit ainsi. Ils devaient simplement prouver que l'ordre c'était eux, le reste ne comptait pas, n'avait aucune importance, il s'en fichait, ça n'existait pas. Voilà ce qui lui donnait la force d'être ici, et de combattre, encore et encore, jusqu'à la fin, supportant blessures, bombes et explosions, fatigue et tout ce qui allait avec. Mike Witcher tenait le choc, il était entrainé pour le tenir, ça ne lui faisait plus rien. La chaleur due aux flammes était immonde, mais il la supportait sans peine. Il fit le compte. Au total, il avait pu avoir au maximum cinquante-cinq hommes sous son commandement, il restait 34. Ce qui restait bien mieux que les résistants.

Il lança un nouvel assaut, sans doute le dernier, ou l'avant-dernier. Les hommes le savait, lui aussi. Les jeeps ne résistaient pas : une par une, de nouveau, elles sautèrent. Les explosions s'enchainèrent sous le regard satisfait du mangemort. Le directeur du département de l'Ordre Nouveau n'avait pas démérité, ni ses hommes. Il les encouragea de nouveau :

« Battez vous pour le Seigneur des Ténèbres ! La victoire est à nous aujourd'hui ! »

Une autre jeep fut partiellement détruite. La fin venait à grands pas.

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