Il y a un temps pour chaque chose. Un temps pour vivre, pour saluer, pour rencontrer, pour aimer et pour mourir. Aujourd’hui est venus le temps d’écrire…écrire pour dire adieu à un personnage, à une partie de soi. Aujourd’hui Victoria est tombée sur un ancien album de photos, contenant une multitudes de souvenirs, enfouis et oubliés. Une multitude d’instants qui se sont noyés dans la continuité de la vie.

La première page c’est elle à un âge dont elle se rappelle à peine. Ces premières années floutées par la violence qui l’entourait mais qui lui ont laissées une marque acerbe à jamais. L’Auteur a explorée le passé de Victoria Swan d’une manière lointaine et peu développé. Certains le connaissent mieux que d’autres. Parfois il est important, parfois il ne l’est pas. C’est peut-être pour cela que Victoria ne s’en rappel pas vraiment.

La voix de sa mère…un de ses souvenirs les plus précieux lui revient en mémoire et elle sourit doucement, nostalgiquement. Un souvenir factice, imaginaire et néanmoins importants pour l’évolution d’une présente résistante. C’était une femme douce sa mère…douce mais lucide. Lucide quant à l’évolution sordide de son époux. Victoria se rappelait comment parfois lorsque sa mère, alors qu’elle était en pleine conversation avec elle, regardait son père passé dans le salon et son regard se perdait. Elle scrutait son époux silencieusement…attentivement, puis souvent elle soupirait, de lassitude presque. On eut dit qu’une part d’elle-même savait que cet homme causerait un jour sa perte.

Jusqu’à sa 6ème année scolaire, la vie de Victoria n’avait pas beaucoup de relief. C’était plat, monotone. Elle n’existait pas vraiment…personne ne racontait son histoire. Elle était comme un personnage délaissé sur le bord de la route qui regardait passé des couples. L’Auteur et sa Création. Un lien qui se confond, se mélange mais ne se comprends pas toujours. Est-elle comme moi ? Ou suis-je comme elle ? Est-ce-que je l’ai changé ou qu’elle m’a changé ?

Ce sont des questions par lesquelles on répond avec neutralité en affirmant que de toute façon il y a toujours un peu du personnage dans l’auteur et vice-versa. Cette explication me semble parfois d’une banalité affligeante. Il ne s’agit pas que de cela. En créant son personnage, on projette, on imagine, on fantasme. On aimerait y être parfois…rentré entièrement dans son personnage pour s’éloigner un peu de soi. Elle a des qualités que je n’ai pas…et des défauts qui me paraissent presque idéaux parfois. Elle a été créé pour que je puisse rêver, accomplir des choses que la réalité ne me permettait pas. On eut dit une double vie par moment…

Les pages sont tournés. Victoria tombe sur des photos de sa 6ème année scolaire. Peut à peut-elle reconnaît les visages. Ashley Lewis, John Adams, Théodora Malaria, Max Giovaneli, Lestrange, Leonora Levison…des visages qui lui étaient proches de manières antagonistes ou amicales selon les individus. Un sourire rieur s’esquisse sur ses lèvres. C’était il y a si longtemps. Ils étaient tous tellement jeunes et détachées. Certes ils se créaient des valeurs ensembles en formant des groupes pour se sentir importants mais la vérité est qu’ils ne savaient guère comment les choses évolueraient…

Tout était noir et blanc pour Victoria durant cette période. Elle n’avait jamais crus à la demi-mesure…tout comme moi pendant un temps. L’idée de l’obscure ou de l’ambiguë ne m’attirais pas. J’étais moi par rapport à d’autres. Elle s’identifiant à la Milice face à l’Elite…
Et surtout…elle avait un but. Un but que j’ai respecté dans la mesure du possible. Dès ma rencontre avec ce personnage, elle m’avait soufflé à l’oreille son désir de révolution, de rébellion. Par-dessus tout son désir d’accomplissement. Elle voulait se battre pour une cause…il ne me restait plus qu’à lui en trouver une et créer un contexte extérieur qui expliquerait un tel dévouement. Tuer Voldemort. Quel but grand…pour une sorcière si simple…mais il fallait viser haut n’est-ce-pas, au risque d’atterrir bien bas. Avec le temps, les désirs changèrent, les illusions s’effacèrent…il y eut des accidents de parcours aussi. Certains plus grave que d’autres.
Je me rappellerai toujours de l’angoisse qui m’avait envahi à l’idée de perdre définitivement ce personnage qui m’était chère à la fin de sa scolarité. Ce n’était pas passé loin et seul le hasard avait été avec moi cette fois-ci. Je n’ai pas beaucoup de facilité avec les aurevoir et les adieux. Ni plus ni moins que n’importe qui d’autres…mais j’ai évité cet instant pendant suffisamment longtemps reléguant ce personnage à l’arrière de mon esprit.

Maintenant Victoria était proche de la fin. Il y avait des photographies de Gordon son ancien maître Guérisseur. Un homme exceptionnellement sobre et étrange. Autant dire qu’entre eux le courant avait passé presque instinctivement. N’était-ce pas ce que j’avais toujours cherché pour Victoria ? Un professeur inhabité par une certaine sagesse et capable de comprendre sa mélancolie, sa rage…et surtout son énergie. Si il y a bien une chose que j’ai en commun avec mon personnage c’est cet réserve d’énergie absolument inépuisable. J’en veux, j’en veux et j’en veux encore. Il me faut des gens qui puissent résonnés avec la même intensité. Victoria de manière peut être plus simple était comme moi. Elle en voulait toujours plus et ne renonçait jamais.

Sans ses quelques incidents de parcours, Victoria n’aurait sans doutes pas choisis le chemin de Guérisseuse. C’est une idée qui apparus sur le tas sans que je m’y attende vraiment mais c’était là et ça prenait tout son sens : Le rétablissement, le désir d’aider les autres pour se réparer…au lieu de constamment combattre. Bien sur l’envie d’en découdre était là, c’était tout l’amusement de la chose avec Victoria…c’est bien pour cela qu’elle a rejoint les Hors-la-Lois.

A ce moment-là…j’avais un choix. Continuer l’aventure, l’entraîner dans des nouvelles péripéties ou abandonner ce personnage mais le choix s’est fait pour moi, instinctivement. J’ai perdu Victoria de vue, laissant ce personnage flotté dans mon inconscient.
Cette féministe, sensible ayant l’envie d’en découdre et capable de se défendre. Ce personnage qui était moi sans être moi. C’est Victoria qui m’a permis de prendre confiance en moi d’une certaine manière…

Je crois que c’est le plus beau cadeau qu’une création peut vous faire.

Aujourd’hui, il m’a parus comme sensé de dire adieu à ce personnage en lui laissant une fin ouverte. Laisser partir Victoria s’avère nécessaire pour que je puisse avancer. Quelqu’un d’autre s’en inspirera peut être qui sait ?

Aujourd’hui, elle est complète. C’est une hors-la-lois, guérisseuse en devenir qui combattra face aux injustices. Mais elle peut être tellement plus…il y a un nombre infinis de destins qui l’attendent.

Victoria arriva à la dernière page de son carnet et ressentis comme un pincement. Un pan de sa vie se tournait. Les choses changeaient…évoluaient et elle aussi. Son regard se leva et elle fixa l’horizon…

Une partie de toi restera toujours en moi. Adieu Victoria.