- Athénaïs, le dossier numéro cinq, s'il te plait...
- Je vous l'apporte tout de suite !
- Mademoiselle Moreau ? Monsieur Lidell va bientôt arriver. Conduisez-le dans mon bureau dès qu'il sera là.
- Bien sûr !
- Athénaïs ? Tu n'aurais pas vu passer le dossier de Madame Aliénor ?
- Athénaïs, peux-tu monter au niveau dix et aller récupérer le dossier du jugement de Hébert Samuel, s'il te plait ?
- Athénaïs...
- Athénaïs...
Qui avait dit qu'être stagiaire était un travail reposant, où on ne glandait rien de la journée ?
Certainement pas Athénaïs. Après seulement quelques mois passés au Ministère, la jeune femme avait l'impression de le connaître par coeur, dans les moindres recoins. Et hop, on monte au dixième. Ah non, en fait, le dossier a été envoyé au niveau cinq. Ah non, au neuf finalement. Erreur, il était bien au niveau dix. Et maintenant, direction le niveau deux. Zut, il manque une partie du dossier. Reblotte au niveau dix. S'il n'y avait pas eu l'ascenceur, Athénaïs n'était pas sûre qu'elle aurait pu tenir le rythme. Parfois, la jeune femme se demandait si on ne la confondait pas avec un hiboux. Dommage que ces derniers ne soient plus autorisés, d'ailleurs... Les dossiers, trop volumineux et trop importants, la plupart du temps, se transmettaient en mains propres, des fois que... Alors c'était elle, la jeune stagiaire, qui se chargeait de faire les allés-retours, tandis que les autres s'occupaient de gérer les autres dossiers qu'elle avait déjà transmis. C'était plutôt sportif comme travail, au final. Même le week-end, lorsqu'elle endossait son rôle de serveuse au café, elle ne se déplaçait pas autant. Mais la jeune femme, pas geignarde pour une mornille, faisait sans se plaindre les aller-retours demandés, apportait les dossiers à ceux qui les voulaient, gérer chaque tâche à la perfection. Elle savait que c'était comme ça qu'elle se ferait remarquer. Son professionnalisme ferait les choses, avec une pointe d'audace en plus, qu'elle ne tarderait pas à avoir tant elle passait de temps le nez plongés dans les dossiers, à les étudiers et à les comprendre. Elle espérait rapidement montrer sa valeur.
D'ailleurs, elle tenait peut-être sa chance. Ce n'était pas grand-chose qu'on lui avait confié, pas un gros dossier - quand on faisait la comparaison avec le dossier Zabini, il n'y avait pas photo - mais c'était avec ce genre de cas qu'elle pouvait montrer qu'elle comprenait et intégrait bien ce qu'on lui apprenait ici.
Le cas était celui de Logan Wellington. Professeur d'Histoire encore au chômage, veuf depuis peu d'une certaine Arya, moldue, il était américain et possédait un visa de travail pour venir exercer ici. Son boulot, banal, pas bien compliqué, consistait à vérifier que tout était bien en règle. Cet homme venait en effet de déposer une demande pour devenir professeur d'Histoire de la Magie, et avec le nouveau régime en place... Il fallait contrôler jusqu'au statut du sang, même si ce dernier était déjà inscrit en grosses lettres sur la fiche de renseignements que possédait la jeune femme.
Rassemblant tout ce dont elle aurait besoin pour cet entretient, qu'elle espérait plus simple que celui qu'elle avait fait apsser à Aaliyah Zabini, Athénaïs quitta son petit bureau de stagiaire pour se rendre dans un autre, où se passaient les entretients. Sur le chemin, elle croisa beaucoup de collègues, qui lui firent tous un grand sourire. La jeune femme était appréciée. Elle était toujours de bonne humeur et ne rechignait jamais à la tâche. Elle faisait son travail vite et bien, et elle ne refusait jamais de rendre un service, quand cela restait dans la limite du raisonnable. Aussi, beaucoup l'appréciaient et certains n'hésitaient pas à l'aider, de temps en temps. On lui donnait des conseils, des petites techniques pour bien mener telles ou tells choses. C'était comme ça que la jeune femme se formait, et c'était parfait, selon elle : on n'apprenait jamais aussi bien qu'en étant en contact direct avec ce que l'on faisait.
En quelques minutes seulement, la jeune femme arriva devant le bureau qui lui avait été octroyé. Quelle ne fut pas la surprise de la jeune femme en découvrant que Monsieur Wellington - car ça ne pouvait être que lui - était déjà là, devant la porte. Affichant un sourire aimable, qui n'avait pas besoin d'être forcé, la jeune femme s'approcha, prête à assurer. Mais, une fois qu'elle ne fut qu'à quelques pas de l'homme, son sourire vacilla quelque peu. Bon sang, mais il était immense ! Athénaïs n'était pas petite - elle faisait un bon mètre soixante dix - mais elle comprenait maintenant ce que ressentaient celles qui ne dépassaient pas le mètre soixante. Elle était obligée de lever la tête pour regarder cet homme dans les yeux ! C'était... vraiment impressionnant. Et un poil intimidant. Mais bon ! Pas question de se laisser déstabiliser par quelques malheureux centimètres, n'est-ce pas ? Athénaïs s'arrêta devant Logan et lui sourit.
- Bonjour ! Monsieur Wellington, c'est ça ? Je suis Athénaïs Moreau, c'est moi qui m'occuperait de votre entretient aujourd'hui, déclara la jeune femme en serrant la main de l'homme qui lui faisait face. Laissez-moi ouvrir et nous pourrons commencer après nous être installés.
En quelques secondes, la porte du bureau fut ouverte, Athénaïs installée derrière le bureau, et les dossiers étalés devant elle.
- Asseyez-vous, je vous en prie.
Une fois l'homme installé, Athénaïs ouvrit le dossier à la première page et rassembla ses idées. Bien, ce n'était pas la première fois qu'elle faisait ça. Et elle n'avait pas à hésiter. Avec un air sûre d'elle et un sourire avenant - elle ne parvenait pas à se montrer distante, même lors de ses rendez-vous - la jeune femme entama l'entretient.
- Alors, d'après ce que j'ai lu dans votre dossier, vous avez fait un entretient pour devenir professeur d'Histoire de la Magie, c'est exact ? Je ne reviendrais pas là-dessus, ce n'est pas le but ici. Je me contenterais de contrôler si tout est en ordre, et ce sera tout. Ce que je vais surtout vérifier, c'est si votre Visa de travail et votre... statut de sang sont bien en ordre, déclara la jeune femme, en sortant au fur et à mesure les papiers.
Cela la gênait vraiment d'avoir à vérifier le statut de sang de quelqu'un. Qu'est-ce que cela venait faire ici ? Depuis quand est-ce qu'on vérifiait le sang des personnes pour compléter un dossier d'embauche ? Athénaïs trouvait ça ridicule, mais elle ne pouvait rien dire. Après tout, c'était comme ça, maintenant. Elle ne pouvait encore rien faire au stade où elle était. Peut-être qu'un jour, si elle travaillait suffisamment dur, elle pourrait modifier certaines choses qui n'allaient pas... Enfin, c'était quand même être un peu idéaliste, là.
- Bien, nous allons commencer par votre visa de travail, qui n'est plus tellement nécessaire. Vous possédez la double nationalité depuis quelques temps maintenant. Même si cela s'est fait côté moldu, il ne devrait pas y avoir de problèmes, déclara Athénaïs, tout en vérifiant les choses en même temps. Il me faudrait juste une copie de l'acte de mariage pour l'enregistrer dans le dossier. Si vous avez bien été officiellement marié côté moldu, il n'y a pas eu le basculement côté sorcier. C'est récent, les papiers moldus doivent être basculés et devenir des papiers sorciers.
Qu'est-ce que cela signifiait ? Concrètement, c'était inutile. C'était juste de la paperasse supplémentaire. Ceux qui était sorcier devait avoir des papiers sorciers. Donc, le papier tout beau tout propre que détenait Logan côté moldu devait juste être transposé sur un parchemin jauni. Voilà, c'était pas plus compliqué que ça. Il fallait enregistrer "magiquement" le dossier. Comme si cet homme ne s'était pas marié avec une moldue, mais avec une sorcière. C'était aussi simple que cela. Faire comprendre subtilement que les moldus étaient indésirables... Encore une fois Athénaïs trouvait ça gênant. Elle même avait dû basculer un bon nombre de ses papiers pour qu'ils correspondent à la nouvelle éthique. Ce n'était pas long, ce n'était pas compliqué. C'était inutile. Et, surtout, c'était destiné à savoir qui avait besoin de faire ça. Ils repéraient les gens comme ça. Athénaïs en était bien consciente, mais elle se pliait de bonne grâce à tout ce qu'on lui demandait. Du moment que cela permettait à sa famille de vivre tranquillement...
- Une fois que cela sera fait, compléta la jeune femme, la double nationalité sera automatique. Et ensuite, il n'y aura plus aucun problème, le reste étant en ordre de ce côté-là. Ne vous en faites pas, ajouta Athénaïs en se penchant légèrement sur son bureau, les mains jointes. Il n'y a pas tant de paperasse que ça.
Athénaïs n'était pas une méchante fille. Et, même dans ses rendez-vous, elle était adorable. A-do-rable.