Décidément, cette Shafiq envoyait du lourd, Lys ne savait même pas d’où elle sortait. Elle ne se doutait ni qu’elle était une Mangemorte, ni qu’elle serait son enseignante à la rentrée. Pour elle, c’était juste une adversaire à abattre sur le terrain, mais qu’elle féliciterait sans doute une fois descendue de son balais. Parce que vraiment, elle les faisait suer, elle et sa coéquipière Fraser.

Tandis que l’équipe d’en face marquait à nouveau – ils avaient vraiment un piètre gardien – Lys s’épongea les yeux du revers de la manche. La pluie était forte, elle avait les cheveux lourds et les vêtements collants. De nombreuses gouttes s’étaient bloquées dans ses cils, et le vent lui glaçait le dos. Mais rien ne pouvait la fatiguer, elle était toujours au top de sa forme et décidé à vaincre. Alors qu’Evan récupérait le Souafle, c’était une nouvelle chance de rattraper les autres. Quelques passes, une dérobade pour éviter un cognard que le grand des Rosier lui balançait dessus et une accélération, puis elle tira pour vingt points de plus, mais la gardienne fut plus rapide.

▬ Allez Evan, on se remue, ils ont toujours de l’avance, lui dit-elle avec un sourire d’encouragement, autant pour lui que pour elle.

Elle évita un nouveau cognard, de justesse. Les batteurs adverses semblaient s’acharner sur eux. Elle serra de nouveau les dents, suivant Cassidy du regard, espérant qu’elle avait enfin trouvé le vif d’or. Seulement, Tom n’était pas loin. Et si elle serait fier de lui s’il attrapait le vivet, elle serait encore plus heureuse que ce soit son amie qui le chipe avant.

Anne avait peu joué contre Rose au final, mais elle se souvenait d’elle comme une bonne poursuiveuse. Un peu moins âgée qu’elle, sa cousine (après tout, ils étaient tous cousins peu importait le degré) était quelqu’un de relativement discret et elle la voyait plus souvent chez Chapman dont elle était la filleule qu’autre part. Elle savait qu’elle n’avait pas continué dans la même voie que sa mère et elle pensait donc qu’elle avait abandonné le sport depuis un moment. Ca ne devait pas être le cas puisqu’elle avait enchaîné les buts à une vitesse affolante, visant avec précision, si bien qu’Anne avait préféré être un soutient plutôt que de lui voler la vedette.

Contrairement à ce qu’on pouvait penser, les Serpentards savaient jouer en équipe. Ils suffisaient juste qu’ils y voient l’intérêt et clairement, ici, tout le monde voulait gagner ! Rose avait un esprit de compétition qu’Anne ne lui connaissait pas et après quelques jolies passes, elle marqua encore un but. Récupérant le souaffle, Anne éclata de rire à la remarque de sa coéquipière tout en continuant avec elle leur montée infernale vers les buts.

- Pas assez sévère, un mois de colle au minimum, ça leur passera l’envie de doubler leurs aînés.

Et après ça, Tom viendrait encore lui dire qu’elle ferait une bonne mère ? Le souaffle en main, elle filait vers les buts, les poursuiveurs de l’équipe adverse les talonnait pour récupérer la balle. Anne réussit néanmoins à tirer et marquer avant qu’ils ne puissent les atteindre. Elle mourrait d’envie de fanfaronner, mais pour le moment l’avantage était léger et le vif d’or pouvait toujours être attrapé par Cassidy.

Tom était méfiant envers les capacités de Al et Adrian à ne pas se battre comme des chiffoniers, mais apparemment sans raison. Il comptait cependant voir venir avec le match et les jugerait sur pièces, donc au nombre de joueurs dégommés, comptant sur eux pour la jouer en mode jeu de quilles. Quant à Anne et Rose, il ne se faisait pas trop de soucis, mais restait prudent. Betty, il n'en parlait même pas, habitué qu'il était aux insultes qu’elle envoyait à quiconque lui déplaisait sur le terrain, amis ou ennemis.

Échangeant quelques blagues avec ladite Anne et Achlys - et bien décidé à saisir la chance de l'équipe pour gagner, le match vint rapidement. Il commença sur les chapeaux de roues, les poursuiveurs se valaient et le score était serré. Planant un peu au dessus du niveau du jeu, Tom cherchait à repérer le vif d’or. La légende (ce qu'il en restait) disait qu’à Poudlard il avait failli devenir attrapeur et qu’il n'avait renoncé que parce qu’il aimait fracasser le crâne des gens, ce qui n'était pas loin de la vérité.

En attendant, ils n’arrivaient pas à prendre de l'avance dans le score et il allait devenir urgent d’attraper le vif, d’autant que Faulkner-Nott semblait déjà sur le coup. Imprimant une inflexion vers le bas à son balai, Tom revint dans le jeu, faisant tonner quelques consignes à ses joueurs.

“ Adrian, laisse les poursuiveurs à Al, sors moi Faulkner, c’est elle la priorité maintenant ! Al, vire moi Rosier Jr, il cause trop. On se motive, les enfants, Anne et Rose font du super boulot, faut les aider un peu !”

Et il repartit en quête du vif, espérant être au mieux de sa forme pour l’attraper et ne pas passer pour ce qu’il était : un joueur de quidditch sur le retour.

Il n’aimait pas tant que ça le rôle de l'attrapeur, Thomas. Au choix vu comment ça se déroulait, peut être qu’il aurait mieux fait de ne pas céder la place à un de ses collègues batteurs. Il aimait le côté collectif, ils étaient toujours ensemble, alors qu’avec le vif d’or, c'était un duel solitaire entre le joueur et ce foutu machin doré qui ne cessait de s'échapper et de faire ce qu’il voulait.

Mais pour autant maintenant qu’il était là, autant éviter de perdre. Autant gagner, même. Ça avait beau être sa filleule en face, Tom ne serait pas plus indulgent pour autant. Il voulait cette victoire comme il avait toujours joué pour gagner.

Tournant au dessus du terrain, il repéra soudainement le vif d’or et donne une brusque inflexion à son balai pour se diriger vers lui. C’étaient des actions qui se jouaient en quelques secondes et il ne se concentrait plus que là dessus, ignorant le public qui hurlait en bas et les commentaires. Même la pluie ne l’atteignait plus. Tout ce qu’il voyait, c'était le vif d’or, qu’il allait atteindre en remontant quasi à la verticale, le choper au vol, arrêter le match…

Le vif lui échappa d’un cheveu, glissant entre ses doigts, l’humidité ambiante n'aidant pas. Redressant son balai, Tom Jura et fit volte face pour se relancer à la poursuite de la victoire. Hors de question de se faire battre par des gosses et qui plus était par une Nott. Il n'avait rien contre Cassidy en elle même mais c'était la fille de son père et ça suffisait comme raison pour ne lui laisser aucune chance.