Par un hibou, elle avait été mise au courant de l’arrivée d’un nouveau professeur et pour la deuxième fois on lui demandait de superviser seule l’entretien qui lui permettrait ou pas de devenir professeur. Elle trouva comme un honneur qu’on pense à nouveau à elle mais elle trouvait toujours les techniques du sous directeur froide et distante. A croire qu’il la fuyait ces derniers temps, et plus encore depuis qu’il l’avait giflé en haut de la grande tour du château.

Avant son dernier cours de la journée, et donc avant le fameux entretien, on lui avait transmis le dossier de cet homme. Joseph McKinnon. Ce nom lui parlait, si elle ne se trompait pas, elle avait parmi ses élèves, en 5ème année, une jeune Sally McKinnon parmi ses élèves. Un père et son enfant dans le même établissement. Elle espérait pour lui qu’il ne lui accorderait pas trop de favoritisme. Elle y veillerait afin que la jeune fille ne se croit pas supérieur aux autres. Les seuls élèves à être en droit de le faire était les Brigadiers. L’homme était bien plus âgé que la moitié de ses collègues. Il devait avoir une certaine expérience dans la matière qu’il désirait enseigner : la Métamorphose. A elle de voir si il serait à la hauteur d’un tel poste.

Assise à son bureau, elle avait une demi heure avant de se rentre à la tour du directeur. Elle se demandait si il serait bel homme. Sa fille n’était pas désagréable au regard, intelligente et calme, on oserait imaginer que ses parents seraient de bonnes compositions.
Mais l’heure de l’entretien arriva rapidement et elle n’avait pas le temps de s’attarder dans ses réflexions, car à s’y attarder, ses pensées commençaient déjà à se tourner vers une toute autre personne.

La porte de son bureau était entrebâillée. La présence du postulant derrière celle-ci était évidente. Il vint à pousser cette porte et à entrer dans les lieux. Ses lunettes sur le bout de son nez, elle le regarda de la tête au pied.

« Monsieur McKinnon… En effet, monsieur le sous directeur aurait eu un empêchement de dernière minute… Je suis donc en charge de cet entretien … »

Elle fit une pause afin de voir sa réaction et s’adossa à son siège en prenant un air supérieur. Ne lâchant pas sa plume qu’elle tenait entre ses doigts mince, elle déposa ses lunettes sur son bureau. Il devait s’attendre à se retrouver face à l’illustre bras droit du Seigneur des Ténèbres, et il se retrouvait face à une femme, largement plus jeune que lui, simple Serviteur des Ténèbres. De sa réaction dépendrait la décision finalement de la jeune femme. Car s’était d’elle qu’il devait à présent convaincre et on n’approchait pas une femme comme on approchait un homme. En tout cas, ses premières interrogations furent levées, il était effectivement bel homme. Si il était de bonne conversation, elle risquait d’apprécier ce moment.

Frédérique venait de faire une pause. Elle ne lui avait posé aucune question. Elle voulait voir son art oratoire. Si il n’était pas capable d’une bonne prise de parole face à elle, il ne serait pas capable de tenir une classe. Car elle, elle n’était rien à coté d’un groupe d’élève. Mais il semblait rester calme et il prit la parole avec cette même tranquillité. La maturité qu’il présentait était un atout. Elle l’écouta donc avant de lui répondre.

« Votre baguette… fait de Lotus, contenant une plume hippogriffe… sa taille est moyenne mais sa rigidité est non négligeable... Oui, il est certain qu’elle est indispensable pour la maitrise de ce que vous appelez votre art… »

En effet, il ne devait pas oublier qu’il se trouvait devant un Professeur de Sortilèges et en tant que telle, son art était sa matière. Cet homme devait éviter tout excès de zèle et de vantardise si il voulait avoir ce poste sans soucis. Elle ne voulait pas se baser sur ses références. C’était trop simple. N’importe qui pouvait créer un parchemin, inventer des qualités. Elle, elle ne croyait que ce qu’elle voyait. Et ce fut ce qu’il fit. Il fit apparaitre un fauteuil club de nulle part. Elle ne broncha pas, absolument pas impressionnée.

« Belle démonstration… Mais il me faut plus qu’un sortilège informulé pour me convaincre… J’use de ce genre de pratique et notre Professeur de Magie Noire est maitre dans ce domaine… »

Elle voulait voir des métamorphoses, complexes comme plus simples. Car des sortilèges informulés étaient pour elle quelque chose de banal et qui n’avait pas besoin d’être loué. Et puis, cela entrait plutôt dans son domaine à elle qu’à lui. Elle voulait voir plus. Si il parlait d’art, elle voulait en voir de l’art. Pour l’instant, s’était plus des tours qu’autre chose. Il avait invoqué, fit apparaitre un objet, il n’avait rien métamorphosé.

« Nous avons reçu vos références… Il faut en effet plus que des mots pour embaucher un nouveau Professeur… Vous êtes en liste pour passer à la commission du sang, je me trompe… ? »

La jeune enseignante était passée au sujet de la commission car il lui avait parlé du régime. Pour elle, Poudlard n’était pas différent du Ministère. Ils étaient, en tant qu’enseignant, une sorte de branche au régime. Les jeunes qu’ils formaient allaient en faire directement partie. C’était sur eux que l’on comptait pour obtenir les meilleurs résultats, pour rendre fier leur maitre.

« Je sais ce qu’est la métamorphose… Mais ce qui m’intéresse, c’est comment vous comptez enseigner cette matière à nos élèves… les leçons que vous comptez donner… la discipline que vous imposerez… »

Elle ne voulait pas se fier à un simple parchemin vantant les mérites d’un inconnu. Car s’était ce qu’il était, un inconnu à ses yeux. Elle avait son avis sur sa fille, mais un enfant n’était pas le reflet de ses parents, elle en était un bel exemple elle-même.

« Vous n’êtes pas sans savoir que nos élèves sont la future élite de notre gouvernement… Avez-vous déjà une idée de comment, à travers votre matière, leur montrer notre ferveur au Maitre… ? Car ceux qui ne soutiennent pas notre régime, ou encore qui n’en ont même pas le courage, méritent la torture, méritent Azkaban… Jusqu’où irez-vous pour mettre en avant ces idées… ? »

Ce ne fut qu’à ce moment qu’elle décida de se lever, de faire le tour de son bureau et de s'y assoir afin de lui faire parfaitement face...

Sa semi révérence quand il lui fit quand il se montra modeste finalement au sujet de la matière qu’il chérissait tant. La jeune femme n’était ni modeste ni modérée. Seuls les Sortilèges avaient de la valeur à ses yeux. Sans sort, un sorcier ne serait pas un sorcier. Les autres spécialités n’étaient que des annexes à ceux ci. Elle sourit donc en coin, satisfaite de sa supériorité quand il inclina légèrement la tête dans une sorte de salut et ne trouva rien à ajouter à cela. Il avait compris que sans elle, il n’attendrait pas ce poste de Professeur qu’il semblait convoiter. Elle n’était pas Scofield mais elle pouvait être pire quand il s’agissait de finesse et de réflexion.
Il avait raison, elle était sceptique. Un élève de dernière année pouvait lui aussi réaliser ce genre de tour, surtout ceux qui étaient passes dans ses cours depuis son arrivée. McKinnon se mit donc à fouiller dans son sac et en sortit un livre qu’il posa sur le bureau de la jeune femme avant de le transformer en corbeau. Enfin voilà quelque chose de convaincant. Mais ce n’était pas le résultat du sort qui l’intéressa en premier mais sa manière de tenir sa baguette, de la mouvoir et de prononcer sa formule.

« Voilà qui est intéressant… »

Il avait enfin montré ses talents et elle se trouvait enfin convaincu de ses capacités. C’était un très bon début pour lui.
LeeRoy lui avait posé ensuite la question de son passage à la commission du sang car elle n’était pas sans savoir à la fois de l’importance de ces entretiens, mais aussi de tout ce qui pourrait se rattacher à cet homme. Le sous directeur lui avait transmis tous les résultats qu’il avait sans nul doute demandé au Ministère. Elle l’avait rapidement parcouru et avait retenu le sang souillé qui coulait dans les veines de cet homme. Mais si la commission l’avait désigné comme apte à être sorcier, elle n’était pas en droit de s’opposer à leur décision.

Elle l’écouta ensuite lui répondre à sa question sur les leçons exactes qu’il comptait donner, et sur la discipline qu’il imposerait. Il lui répondit sans hésitation. Cela voulait dire qu’il savait ce qu’il faisait, ce qu’il voulait. Il s’était renseigné sur les examens et avait déjà en tête tout un programme adapté. Il marquait à nouveau des points.
Concernant la discipline, il lui donna des directives qui, au yeux de la jeune enseignante, était le fondement même de toute personne qui voulait travailler à Poudlard. Chaque sanction qu’il mettait en avant était à la hauteur de ses attentes. Elle était encore plus convaincue de sa place parmi l’équipe enseignante.

Ses dernières questions se firent plus précises. Frédérique savait exactement où elle voulait en venir. Une seule hésitation et en plus de le renvoyer chez lui, il aurait droit à un passage dans leur cellule avant de voir le sous directeur en personne, qu’importe le temps que cela prendrait. Mais elle ne fut à nouveau pas déçue. Il cita même un livre qu’elle avait eu l’occasion de parcourir quand elle était étudiante. C’était une excellente approche auprès de ceux qu’elle avait nommé comme future élite.

« Vous semblez prêt à votre poste de Professeur de Métamorphose… »

Elle n’avait pas besoin d’en dire plus. Elle ne se perdait jamais en paroles. Ce qu’elle disait se trouvait toujours réfléchi, posé, retenu.
Ayant contourné un peu plus tôt son bureau afin de s’y adosser sans réellement si asseoir, elle lui tendit la main en signe d’accueil et d’accord.

« Bienvenue à Poudlard, Monsieur McKinnon… ou devrais-je dire, Professeur… »

Elle sourit à nouveau en coin sans le lâcher du regard attendant qu’il se lèvait, car elle ne comptait pas bouger de sa position, et venait répondre à cette poignée de main…

La jeune enseignante venait de lui donner le poste. Elle était certaine de sa décision et n’en avait aucune hésitation. Elle se sentait parfaitement qualifiée pour réaliser ce genre d’entretien. Cela montrait qu’une femme, jeune, et récente dans ce genre de fonction pouvait être tout aussi capable de réaliser cette tâche que n’importe qui qu’il soit expérimenté ou du sexe opposé. Il fallait dire qu’elle était exemplaire dans tout ce qu’elle pouvait entreprendre. Elle espérait qu’à présent avec le nouveau statut donné au dirigeant de Poudlard, un Inquisiteur, elle allait pouvoir garder ce genre de responsabilité.

« Je suis enchantée d’avoir pu vous accueillir… Si vous avez des questions, des soucis, des demandes de précision, je vous reste disponible… »

Frédérique l’était en effet mais aurait aimé mieux le connaître, à sa manière bien à elle. Peut-être aurait elle d’autres occasions, peut-être pas. En tout cas, son profil lui plaisait et il était évident que le poste lui correspondait à merveille. Il n’y avait pas eu de professeur de métamorphose de cette envergure depuis pas mal de temps. Pas depuis qu’elle était dans cette école en tout cas. En le regardant ramasser ses affaires sans bouger, sans sourciller, elle espérait n’avoir pas fait un mauvais choix en lui donnant ce poste.

« Bonne journée à vous aussi Professeur McKinnon... »

Elle le regarda quitter son bureau. Elle voulait effectuer un suivi avec cette personne. Elle avait effectué son entretien et avait décidé de le positionner sur le poste qu’il demandait. Elle se devait de vérifier si il ferait bien son travail. Cela lui changerait des tortures et punitions qu’elle donnait à ses élèves, ou des entretiens et cours particuliers qu’elle leur accordait. Elle avait pour réputation de ne faire confiance en personne et cette réputation ne risquait pas de changer, cette réputation comme d’autres...