Sorcier cherche travail rémunéré [Premier RP]

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Assis sur sa chaise de bois inconfortable, Simeon sentait son front exsuder tout le malaise qu’il ressentait en cet instant précis.
« Bien, Simon…
— Simeon. …Madame. »
La sorcière au visage sévère lui adressa un regard perçant par-dessus ses lunettes rouges.
« C’est bien ce que j’ai dit.
— N… non c’est… c’est Simeon… avec un e comme… » L’air fixe, potentiellement criminel de la recruteuse, le paralysa. « Peu importe. »
La recruteuse baissa le nez sur ses papiers et se racla la gorge de façon fort peu sympathique.
« Peu importe, en effet. » lâcha-t-elle laconiquement. « Vous dites donc que vous voulez intégrer le Département de contrôle et de régulation des créatures magiques au service des animaux, c’est ça ?
— Tout à fait. Comme je le disais tout à l’heure, j’ai passé deux ans à étudier de près les…
— Oui oui, monsieur Rosenthal, j’ai bien entendu tout ça. Ce n’est pas ce qui m’intéresse présentement.
— A…Ah.
— Rosenthal… C’est de quelle origine, ça ? Je n’ai jamais entendu un nom pareil chez un sorcier pure souche…
— Euh…
— Vous êtes né de parents moldus, je me trompe ? »
La pomme d’Adam de Simeon se leva pour redescendre lentement et péniblement. Allez, Simeon, tiens bon. Tu avais prévu cette éventualité, tu t’y es préparé. Je sais, mentir, c’est pas facile, mais c’est pour la bonne cause !
« En Angleterre, oui, mais en Israël, c’est un peu plus commun. C’est là que vit une partie de ma famille. Mon oncle est heum… Restaurateur de balais au musée du Quidditch et ma tante est négociante en matières premières pour les apothicaires. Elle est toujours fourrée dans un coin ou un autre du pays ! Ce sont eux qui m’ont élevé car je… »
Simeon pinça les lèvres. C’était un des pires mensonges qu’il ait jamais eu à dire, et il lui faisait autant mal à lui qu’aux concernés, s’ils l’entendaient. La harpie face à lui inclina la tête de côté et, pendant un instant, le sorcier eut l’espoir qu’elle fasse preuve de compassion. Elle avait bien compris où il voulait en venir, cela se lisait à son visage. Un sourire compatissant s’étira et il lui rendit l’ébauche d’une mimique timide en retour. Aussitôt, le regard scrutateur de la quadragénaire redevint aussi accusateur qu’auparavant.
« C’est bien les moldus, ça ! Oser mentir sur la mort de ses propres parents juste pour avoir un travail ! Vous croyiez vraiment que vous arriveriez à tromper ma vigilance ?
— Mais… mais n…
— N’essayez pas de nier ! »

Avant que Sim’ n’ait eu le temps de réagir, la femme se redressa et se pencha sur son bureau, la main appuyée dessus tandis que l’autre se levait vers lui, tenant un drôle d’objet rose qu’elle utilisa pour le gifler.
« Aie ! Mais… !
— Sang-de-bourbe et menteur, vous devriez vous cacher sous terre !
— Je ne vous permets p… ! »
C’était bien avec un plumeau qu’elle venait de lui envoyer une seconde gifle ? Par Merlin, qu’est-ce que c’était que ce cirque ?!
« Mais arrêtez !
— Avouez !
— D’acc…d’accord, mes parents ne sont pas morts, mais c’est que je ne suis pas en bon terme avec eux et… »
Et bim ! Encore un coup de plumeau rose. C’était qu’elle frappait fort en plus. Et qu’elle recommençait ! Et encore !
« Mais ça va finir ?! »
Bafouilla Simeon entre deux coups, tout en tentant de repousser ces atroces plumes roses qui lui fouettaient la joue sans s’arrêter. Et puis, manifestement agacée par les rebuffades de sa victime, la recruteuse se rassit sur sa chaise et poussa un long miaulement outré, son regard plus menaçant que jamais.

Finkie sauta du lit en râlant tandis que Simeon se passait une main sur le visage en crachant quelques poils entrés dans sa bouche.
« Un jour, ta queue, je vais te la circoncire façon chat, tu vas voir ! Fini le plumeau fouetteur ! T’auras plus qu’à porter la kippa ! »
Finkielkraut lui répondit d’un miaulement dédaigneux avant de sauter sur la poignée de la seule porte, parvenir à l’ouvrir et partir sans prendre la peine de fermer derrière-lui, laissant son maître bien embarrassé sortir du lit en caleçon pour retrouver un minimum d’intimité. Sur le pallier, la vieille voisine de l’étage du dessus lui fit un signe de la main, un sourire coquin aux lèvres et sa perruque blanche gesticulant au même rythme que les bracelets à ses poignets. Simeon lui fit un signe de main embarrassé avant de refermer la porte.
Quelle heure était-il ?
« Oh crap ! »
Pourquoi son réveil oubliait toujours de sonner quand il ne fallait pas ?! Sim’ se précipita sur ses affaires préparées la veille en trébuchant sur les livres abandonnés par terre, attrapa une serviette et fila sans plus se soucier de la pudeur en direction des douches qu’il partageait avec le reste du pallier. Il se doucha en vitesse, se sécha et enfila ses vêtements avec précipitation. Un costume, pour l’occasion, pas de première fraîcheur il allait s’en dire. C’était un trois pièce bleu à rayures blanches dont la coupe avait été à la mode à peu près dans les années 30. Était-il aussi vieux ? Simeon lui-même ne le savait pas. En tout cas, le gilet avait l’avantage de camoufler sa chemise au blanc passé, avachie par les années.

De nouveau chez lui, Simeon se fourra un pancake dans la bouche, attrapa sa baguette, sécha d’un coup de cette dernière ses cheveux aux reflets roux puis secoua la tête pour remettre ses boucles en place. Un morceau de pancake s’envola pour s’emplafonner magnifiquement contre l’unique miroir de la chambre. Tant pis, il nettoierait plus tard ! Passant en un éclair devant son bureau, il attrapa son dossier de candidature et quitta sa chambre en claquant la porte.

Ce fut seulement lorsqu’il eut dévalé les escaliers de son immeuble et qu’il se retrouva sur le Chemin de Traverse que le sorcier prit le temps de souffler — et aussi de finir son maigre petit-déjeuner. Finkielkraut, qui l’attendait dehors, sauta sur son épaule et s’y assit, ses pattes bien accrochées dans le coton de la veste de costume de son maître, pour son plus grand plaisir. Ainsi, le duo s’aventura dans Londres à pieds, puis dans le Tube, pour rejoindre la fameuse cabine téléphonique qui menait au Ministère de la Magie.

Tout au long du chemin, l’aspirant magizoologue ne cessait de repenser à son rêve absurde. S’il ne craignait pas franchement de se prendre des coups de plumeau — ou de quoi que ce soit d’autre — il reconnaissait bien volontiers que le reste de son cauchemar trahissait les peurs qu’il devrait bientôt affronter, mais aussi le dilemme cornélien qu’il se posait. Mentir ou ne pas mentir ? Telle était la question. Car, si dans le premier cas, cela lui éviterait peut-être d’être jeté hors du bureau comme un malpropre, il avait aussi bien conscience que la vérité finissait toujours pas se savoir. Et il n’y aurait pas à chercher bien loin pour retrouver son frère, sa sœur et découvrir ainsi ses origines moldues. D’autant que, pour couronner le tout, il faisait un piètre menteur. Oui, mais avait-il vraiment une chance d’entrer au Ministère de la Magie en tant que né moldu ? Les mangemorts avaient remplacé les aurors… Rien que cela lui laissait voir assez clairement la réponse à cette question.
Il aurait pu changer de nom, falsifier ses papiers, mais c’était comme se trahir et il n’était pas lâche à ce point. Et puis, en plus, il n’avait pas les moyens.

C’était une question que Simeon n’avait toujours pas résolu lorsque la cabine téléphonique l’emporta lui et son chat vers l’atrium. Le ventre noué et la gorge serrée, le jeune homme se présenta au secrétaire, qui lui indiqua sur un ton parfaitement indifférent l’étage et le bureau auquel il devait se rendre. Niveau 4. D’un pas un peu raide, Simeon prit la direction des ascenseurs. Est-ce qu’il avait pensé à mettre du déo ? Finkie, toujours sur son épaule, demeurait inébranlable. Au moins jusqu’à ce qu’ils entrent dans l’ascenseur et que les notes volantes ne viennent le narguer. Ses griffes s’enfoncèrent profondément dans la veste de costume et Simeon grimaça.
« Merci Finkie, maintenant je pense à autre chose. » ironisa-t-il.
Niveau 4. Ils y étaient. Il fallait maintenant trouver le bureau 321B. Et penser à respirer. Détends-toi, pensa-t-il en prenant une grande inspiration. Là-bas, en lettres dorées, s’affichait le 321B. D’un mouvement nerveux du poignet, Rosenthal sortit sa montre de son gousset. C’était l’heure. Finkie frotta sa tête contre la joue de son maître en poussant un ronronnement d’encouragement, et le sorcier s'avança pour frapper trois petits coups à la porte du bureau.

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Felicia Trust était une petite sorcière d'environs un mètre soixante. Jolie, pétillante, toujours de bonne humeur, un sourire aimable à accorder à chacun, elle était surtout prodigieusement cruche et tout le département le savait. Son patron aurait bien voulu la virer depuis longtemps. Elle avait beau être un vrai rayon de soleil pour le département, illuminant parfois les journées un peu moroses du bureaucrate, il n'empêchait qu'elle rendait ses dossiers en retard, faisait des fautes plus grosses qu'elle et mettait toujours un temps monstrueux à comprendre quand on lui expliquait quelque chose. Manque de chance pour lui, il ne pouvait pas toujours faire la loi au sein de ses propres employés. Relation distante d'un fils de mangemort, elle avait obtenu son travail grâce à un piston et gare à celui qui tenterait de lui barrer le chemin.

Particulièrement occupé aujourd'hui, son directeur avait du - à regret - la charger d'une tâche d'une grande importance, faire passer un entretien à un éventuel futur employé. Il avait bien insisté sur l'importance de sa mission. Avant toute chose, ce qui primait, c'était les compétences et l'expérience du demandeur d'emploi. Sa maison à Poudlard, sa famille n'importait pas. Il voulait un type compétent au sein du département. Tout en lui donnant ses ordres, le directeur songea à quel point il était ironique de laisser la personne la moins compétente de sa section se charger du recrutement d'un "homme compétent" simplement parce que personne d'autre n'avait le temps. Le mal était fait, il la laissa avec le CV du jeune homme ayant postulé et la lettre de motivation qu'il avait écrite. Avec un brin d'optimisme, il pensa qu'il ne pourrait de toute façon pas être pire que Felicia. Après tout, lui au moins avait de l'expérience avec les créatures magiques.

La dite Felicia, d'extrêmement bonne humeur au vu de l'importante mission qu'on venait de lui confier, avait mis un soin tout particulier à sa tenue. Elle devait paraître p-r-o-f-e-s-s-i-o-n-e-l-l-e ! Elle avait d'ailleurs prévu d'arriver en avance dans son bureau, mais elle avait mis bien trop de temps à choisir sa tenue. Devait-elle mettre son ensemble jaune canari qui mettait si bien en valeur son teint pêche et ses magnifiques cheveux blond ou devait-elle opter pour une tenue plus sérieuse et moins seyante. Ce dilemme d'une importance capitale et ses réflexions sur la coiffure à aborder en ce genre d'occasion la mirent en retard pour son entretien. Aussi, quand Simeon toqua à la porte du bureau 321B, personne ne lui répondit. Quoi de plus naturel, la porte était fermée.

Ce fut donc en courant, le chignon qu'elle avait mis tant de temps à composer ce matin, en désordre, gâchant le "bel effet" qu'aurait pu produire son ensemble jaune qu'elle arriva devant le bureau. Un jeune homme l'y attendait, en tout point identique à la photo qu'on lui avait fournie. Elle reprit son souffle de manière fort peu élégante, posant ses mains sur ses hanches elle apostropha le jeune homme :

"Je suis DESOLE", dit-elle en y mettant toute l'emphase qu'elle jugeait nécessaire. Elle continua sur le même ton, ne se rendant probablement pas compte que le jeune homme face à elle n'avait probablement aucune idée de qui elle était. " J'étais PARFAITEMENT à l'heure, mais IMPOOOSIBLE de mettre la main sur une tenue correcte.", voulant se donner l'image d'une femme de poigne compréhensive, elle fit un clin d'oeil presque aguicheur à Simeon " C'est la première fois que je fais passer un entretien vous savez, je voulais absolument en imposer, vous voyez.". Et s'il ne voyait pas, tant pis pour lui. Pirouettant sur elle-même, elle lui fit admirer sa tenue. "D'ailleurs, qu'en pensez-vous ? Ai-je l'air professionnelle ?". Sans attendre la réponse, elle regarda son trousseau de clés et eut un petit rire : "Oh mais que je suis BETE, on ne peut pas passer un entretien dans le couloir enfin. Venez, venez, venez, je vais ouvrir la porte."

La porte enfin ouverte, elle le fit entrer dans son bureau. Il était à l'image de son occupante. Des couleurs kitsches recouvraient les murs, rien n'était rangé et on trouvait presque autant de produit de beauté que de plumes et d'encriers. Elle fit signe au nouveau venu de s'asseoir tendit qu'elle regardait autour d'elle. Elle souleva quelques foulards posés sur ses étagères avant de crier triomphalement :

"Ha ! Je savais qu'elles étaient quelque part ! "

Entre ses mains, il y avait désormais une théière ornée de sombral et deux tasses dont l'une était ornée d'un hippogriffe et l'autre d'un veracasse.

"Vous ne les trouvez pas superbes ? Quand on m'a dit que j'allais travailler dans le département des créatures magiques, j'ai tout de suite su qu'il m'en fallait. J'ai trouvé une théière avec ce superbe sombral et ce fut le coup de coeur. Bien entendu, je n'en ai jamais vu, mais on m'a dit qu'ils ressemblaient à ça, ne sont-ils pas ADORABLES ?"

Une fois le thé fait, Félicia estima qu'il était tant de passer aux choses sérieuses et se sentit obligé de le dire :

"Bon, maintenant, passons aux choses sérieuses. Voyons voir ce dossier. J'avais prévu de l'étudier ce matin voyez-vous, mais comme je vous l'ai dir tout à l'heure choisir ma tenue m'a pris un temps FOU. Si vous m'expliquiez pourquoi vous avez voulu travailler au sein de notre département pendant que je lis tout ça ?"

Spoiler:

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Toc toc toc. Simeon attendit. Un moment. Rien. Finkie et lui échangèrent un coup d’œil circonspect. S’était-il trompé d’heure ? De jour ? Non, à l’accueil, le secrétaire mal aimable n’avait pas eu l’air surpris de sa visite et lui avait fourni le badge autorisant son passage en tant que visiteur. Alors, que se passait-il ? Avait-on finalement annulé l’entretien sans l’en informer ? Le stress commença à faire rosir les joues de Rosenthal et il poussa un soupir pour se débarrasser d’un trop plein de nervosité.
Il s’apprêtait à marcher de long en large dans le couloir pour calmer ses nerfs après deux nouveaux essais infructueux, quand le bruit caractéristique de talons résonnèrent soudain dans le couloir. Les yeux remplis d’espoir, Simeon redressa le menton en direction de la source de ce bruit tant espéré.

Ce fut comme un flash d’appareil photo. Ou comme avoir accidentellement tourné le regard vers le soleil. La même sensation de rétine brûlée, le même plissement des yeux, surpris d’être confrontés à une telle intensité de couleurs. Ou plutôt, de couleur. Car la jeune femme qui approchait n’en portait qu’une seule et unique. Même ses cheveux en étaient une nuance, un peu moins dégueulasse cependant que celle qu’elle portait en vêtements. Une chance pour elle, d’ailleurs.
Se rendant compte qu’il la regardait arriver avec un air éberlué, Simeon détourna le regard et s’effaça pour la laisser passer, persuadé qu’elle allait continuer son chemin pour se rendre à son poste, sûrement au service de la protection des vivets dorés. Le sorcier réprima un sourire, qui se transforma aussitôt en expression digne d’un hibou lorsque la sorcière blonde s’arrêta devant lui en reprenant son souffle.
Désolée ? Parfaitement à l’heure ? Mais de quoi parlait-elle ?
« C'est la première fois que je fais passer un entretien vous savez, je voulais absolument en imposer, vous voyez. »
Ah ! Oooh.
Certains auraient qualifié ça de désastre, voire de parfait foutage de gueule. Mais Simeon vit plutôt dans cette pin-up jaune canari un don du ciel. Il avait eu tellement peur de tomber sur la harpie de son cauchemar, ou un employé de bureau terne et poussiéreux qui le jugerait d’un air blasé derrière le carreau sale de ses lunettes que l’arrivée impromptue d’un personnage en parfaite opposition avec toutes ses craintes lui ôtait un gros poids des épaules. Il ne restait plus que Finkie, qui s’était carrément couché, une de ses pattes arrière reposant sur son épaule gauche, et sa queue se balançant négligemment, fouettant régulièrement la joue de son maître, qui clignait de l’œil dès qu’il se prenait le bout de la queue du chat au coin de l’œil.
« …D'ailleurs, qu'en pensez-vous ? Ai-je l'air professionnelle ?
— Euh… C’est très… »
Jaune ? Franchement, il n’avait pas d’autre adjectifs. Même lui, qui avait coutume d’assembler des couleurs un peu surprenantes entre elles, n’aurait pas poussé l’excentricité à ce point. Mais une intuition lui disait que c’était moins ça qu’une faute de goût. Et cela la rendait éminemment sympathique.

Ne lui laissant pas le temps d’aller plus loin dans son commentaire — heureusement, car il serait sinon resté la bouche ouverte à ramer pour trouver un mot de circonstance — la demoiselle se rappela qu’il fallait entrer dans le bureau et invita le candidat à y entrer. Simeon eut un petit rire un peu nerveux et remercia la sorcière, avant de s’engager dans l’antre. L’antre, oui. L’antre de la couleur, du foutoir et même du paradoxe. Car on n’aurait jamais imaginé qu’un tel bureau puisse exister au Ministère de la Magie. Finkie cligna des yeux, et chat et maître échangèrent un regard. Le bordel les mettait tous les deux à l’aise, si bien qu’au moment où Rosenthal s’installa sur la chaise, Finkie sauta de ses épaules pour atterrir directement sur le bureau de leur recruteuse. La queue relevée en point d’interrogation, il roucoula plus qu’il ne miaula et jeta son plus beau regard de séducteur à la jeune femme. Bon point, le chat l’aimait bien. Son instinct sûr était une valeur fiable sur laquelle se reposer. Hélas pour lui, la sorcière jaune était trop occupée avec son service à thé.
« C’est drôle, j’ai offert le même service à ma grand-mère, mais celui avec le billywig et le centaure ! Le problème, c’est qu’elle peut rarement le sortir, car… »
Vraiment, une référence à tes ascendances moldues d’entrée de jeu ?!
« C…car il n’y a jamais assez de tasses pour tous ses invités, j’aurais dû prendre le service huit tasses. »

Pendant ce temps-là, Finkie observait avec convoitise le thé que leur hôtesse préparait, puis lorgna avec jalousie Simeon lorsqu’il s’empara délicatement de sa propre tasse.
Loin de s’offusquer du manque apparent de professionnalisme de la sorcière à son égard, Simeon s’empressa au contraire de déposer son dossier sur le bureau et de l’ouvrir, le cœur battant.
« C’est tout une histoire à vrai dire ! mais je vais tenter de faire le plus court possible…! » répondit Simeon avec empressement. « Pour faire simple, j’ai quitté l’Angleterre pour entreprendre une formation de magizoologue, qui a débuté en Israël sous la tutelle d’Ephraïm Abentsour. Dès mon arrivée, j’ai été mis au courant des problèmes rencontrés par Monsieur Abentsour avec le braconnage de Re’ems, mais j’ai été envoyé en Egypte, où devait commencer ma formation. D’ailleurs, c’est là que j’ai fait la rencontre de Finkie. Hé, Finkie ! »
Le chat, que Simeon désignait, tendait la patte en direction du pot à lait, dont il voulait manifestement s’emparer. L’animal ainsi apostrophé lui retourna un regard outré et sauta sur les genoux de la sorcière, en quête de soutien.
« Désolé, il n’en fait qu’à sa tête ! J’aurais peut-être dû le laisser à l’appartement, mais il ne me quitte jamais à vrai dire. » s’excusa-t-il précipitamment.
« Oui donc… Après quasiment trois ans de formation à travers le monde, je suis retourné auprès de Monsieur Abentsour pour obtenir mon titre de magizoologue. Entre temps, la situation pour les Re’ems — dont Monsieur Abentsour gère une réserve — ne s’était pas du tout améliorée. Vous savez, beaucoup de leurs organes sont convoités par les potionnistes. Leur sang, notamment, qui a des vertus très puissantes. Mais plutôt que de ponctionner un peu de sang, beaucoup de braconniers ont le mauvais goût de tuer purement et simplement les Re’ems, malgré leur rareté. Outre leurs pouvoirs, leur pelage doré attise la convoitise de beaucoup de sorcières riches… En particulier en Europe, car c’est très mal vu de porter de la fourrure de Re’em au Moyen-Orient. »
Marquant une courte pause, Simeon se sentit obligé de préciser le pourquoi du comment, sur un ton légèrement professoral :
« Là-bas, ces créatures sont considérées comme sacrées. Surtout en Israël, en fait. On pourrait quasiment considérer que ce sont les licornes du Moyen-Orient, si on veut. D’ailleurs, les premiers grimoires à propos des créatures magiques les ont confondus à cause d’une erreur de traduction, c’est dire ! De fait, les braconniers ne sont pas pour la plupart des israëliens, ou alors assez corrompus pour salir leur âme en chassant une bête sacrée. Non, ce sont plutôt des français, des anglais, des italiens… brefs, des européens qui n’ont pas du tout conscience de l’importance des Re’ems dans no… dans la culture israélienne, ni même du désastre écologique qu’ils perpétuent en chassant jusque dans les réserves animalières. »

Comme toujours lorsqu’il parlait d’un sujet qui le passionnait, Simeon s’était laissé emporter, oubliant sa timidité et sa nervosité pour parler avec emphase et force gestes des bras. De temps à autre, il sortait un document en rapport avec ce qu’il disait et le tournait vers sa recruteuse, non sans avoir auparavant farfouillé et étalé plein d’autres parchemins couverts de griffonnages sur le bureau.
« J’ai eu l’idée d’un plan de sauvegarde et de protection des Re’ems là-bas, en Israël, et j’avais commencé à y réfléchir pour le mettre en place quand j’ai été rappelé à Londres. Je pensais que c’était la fin du projet avant son début, puis j’ai réalisé que c’était l’endroit idéal pour travailler à la protection des Re’ems. Si les sorciers d’Angleterre et d’Écosse prennent conscience du mal qu’ils causent à ces créatures à commander leurs organes en dépit des restrictions, ce serait des centaines de bêtes sauvées du braconnage ! »

Les mains maintenant autour de sa tasse, Simeon regarda son interlocutrice dans les yeux, le regard plein d’attente, sans se rendre compte que Finkie était revenu sur ses genoux et lapait maintenant son thé, ses pattes avants tranquillement posées sur l’avant-bras du sorcier.

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Ce qu'il y avait de triste chez Félicia, en dehors de ces goûts vestimentaires franchement douteux, c'était son incompétence. Vous me direz que l'incompétence est quelque chose de triste, peu importe la personne. Je vous répondrais que Félicia est un cas particulier. Notoirement incompétente, elle était également profondément attachante. On trouvait chez elle une volonté de bien faire toute particulière. On ne pouvait pas lui reprocher de rester à son bureau, oisive, toute la journée. Non, elle travaillait vraiment. Heureusement d'avoir un job au ministère, elle voulait apporter quelque chose au département. Elle travaillait ses dossiers, tentait d'aider et ne rechignait jamais à faire une heure supplémentaire ou à remplacer un collègue dans le besoin. Si elle n'avait pas été si bête, elle aurait été un élément de choix. Ça expliquait probablement l'indulgence de ses collègues et son patron à son égard. On peut pester et détester quelqu'un qui ne fait rien, mais que fait-on quand la personne essaie, mais n'y arrive pas ?

C'était son premier entretien d'embauche et elle voulait bien faire. Malgré tout, elle était encore une fois à côté de la plaque et elle ne s'en apercevait même pas. Merlin soit loué, son patron n'était pas dans les parages. Il en aurait pleuré. Honnêtement, il n'y avait bien que Siméon et Finkie pour tenter de prétendre que tout était normal alors qu'un canari en voie de disparition se baladait dans les couloirs du ministère. Et d'un côté, qui venait passer un entretien avec un chat ? Ils s'étaient peut-être bien trouvés après tout.

Le thé fut servi et la discussion commença. La jeune femme se sentit directement enthousiasmée à l'idée que quelqu'un d'autre qu'elle puisse aimer son service à thé. Il était la première personne à en faire les louanges. Elle prit ça comme un point positif :

"Oh quel dommage qu'elle ne puisse pas l'utiliser. Si vous voulez, je regarderai si on ne peut pas en trouver. Je connais le fournisseur, vous voyez."

Après tout, elle était une personne serviable et tenait à le montrer. Son potentiel collègue sortit un dossier et commença à lui parler de son expérience. Tout ça avait l'air très intéressant, mais il y avait un point qu'elle ne comprenait pas vraiment. Elle allait lui demander une précision quand il se mit à apostropher son chat. Chat qui n'eut pas l'air heureux de la réprimande et sauta sur ses genoux . Elle poussa un petit cri de surprise, mais caressa Finkie avec beaucoup d'enthousiasme, tout en protestant quand Simeon indiqua qu'il aurait peut-être dû le laisser chez lui.

"Bien sûr que non, il est ADORABLE."

Elle fit la moue, signe qu'elle réfléchissait.

"Cela dit, je ne suis pas certaine que mon patron verra sa présence d'un bon œil si vous êtes engagé. Il est allergique aux chats. ", lui dit-elle sur le ton de la confidence.

Le chat toujours sur les genoux, elle écouta le reste de son exposé sans faire attention au fait que Finkie en profitait pour délester une partie de ses poils sur son magnifique ensemble jaune. Elle était passionnée, et parce que Simeon avait l'air lui-même passionnée, elle trouvait le sujet intéressant. Tellement qu'elle en oublia même de prendre des notes. Lorsqu'il eut fini celui-ci, il lui fallut un temps avant de se rappeler que c'était à elle de dire quelque chose.

"C'est vraiment très intéressant tout ça. Vous avez l'air extrêmement compétent, vous savez. Plus que moi.", ajouta-t-elle avec un petit rire.

Elle chassa Finkie de ses genoux d'un "Allez, oust" et pris le dossier de Simeon en main. Elle le parcourut encore une fois tout en déclarant :

"Vous savez, avant que vous n'en fassiez mention, je n'avais jamais entendu parler des Re'ems. Ils ont l'air si beau, j'adorerai en voir."

Elle posa le dossier sur la table en fronçant les sourcils :

"J'ai juste une petite question personnelle. Vous voyez, votre nom de famille, il ne me dit pas grand chose. De quelle ascendance êtes-vous ? Je ne vois pas le nom de votre ancêtre sorcier dans le dossier. C'est important, vous savez."

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Voilà. C’était parfait : tout se passait très bien. Simeon se sentait plus à l’aise maintenant qu’il était lancé sur un de ses sujets favoris, et la sorcière semblait l’écouter avec beaucoup d’intérêt. La plupart du temps, les gens se mettaient à bâiller ou afficher une mine maussade quand il commençait à discourir sur des choses qui n’intéressaient que lui, mais ici, c’était différent. Heureusement, soit dit en passant, car il y aurait de quoi s’inquiéter sur l’avenir des créatures magiques, autrement !
S’il était accueilli ici, c’était que son projet intéressait le département. Il était là pour être écouté, et même s’il fallait reconnaître que la fille qu’on lui avait mis en face ne brillait pas par sa compétence, comme elle-même l’admettait en riant, on lui donnait assez de crédit pour lui permettre de tenter sa chance.

Sûrement avait-il eu peur pour rien. Après tout, la guerre était bien finie, non ? Que pouvait-il craindre ? Il ne s’était même pas mêlé des luttes intestines, tout isolé de sa terre natale par ses nombreuses pérégrinations, qui l’avaient même entraîné de l’autre côté de l’océan.
« Hélas, je ne crois pas qu’il y en ait au Royaume-Uni, mais vous savez, vous pourriez facilement en voir en Israël ! renchérit Simeon avec son plus bel enthousiasme. En plus, ils ne sont pas forcément réfractaires au contact humain. »

Tout sourire, Simeon regarda Felicia en attendant la suite des évènements, sans plus penser à sa surprise de ne l’avoir pas vu prendre la moindre note sur ce qu’il avait raconté.
Il fallut le temps d’une question pour faire perdre au jeune Rosenthal l’aplomb qu’il avait finalement trouvé. La question tant redoutée avait dépassé ces lèvres souriantes qui avaient jusqu’alors semblées si amicales et sympathiques au magizoologue. En un instant, son enthousiasme était lourdement retombé au fond de son estomac avec la pesanteur d’un bloc de glace. S’il souriait toujours, c’était d’un sourire figé, soudain pétrifié qu’il était sur sa chaise.
Que pouvait-il répondre ? Dire la vérité lui semblait pareil à un piège mortel. Et si la charmante demoiselle qu’il avait devant le nez coupait court tout net à l’entretien, parce que ses parents étaient moldus ? Mais s’il mentait, et qu’elle savait déjà tout de ses origines ? Le stress lui donnait des sueurs froides, et il ouvrit la bouche plusieurs fois avant qu’un son parvienne à sortir de sa bouche.
« Et b… et bien j’ai un… un frère et une sœur, sorciers t…tous les deux… »
Il rougissait, il en était sûr. C’était horrible. En plus, voilà qu’il bafouillait !
« Nos… hum, nos parents ne… ne pratiquent pas la magie… m…mais ils sont tout à fait à l’aise avec ça, croyez-moi ! » renchérit-il en finissant sa phrase précipitamment. « Ils… ils pensent que la magie est un don d’El… Enfin bref, ils… ils n’ont pas de problème avec ça. Ce sont des gens cultivés, vous voyez. »
Mentir aurait été stupide. Déconfit, Simeon baissa un moment les yeux, non sans jeter des coups d’œil à son interlocutrice, pour essayer de voir ce qu’elle en pensait.
« Il… il y a peut-être des sorciers dans notre famille, on n-ne sait pas, m-mais comme on est tous les trois sorciers… Les histoires de famille, vous savez, c’est… c’est souvent compliqué. »
Et si, maintenant, elle l’interrogeait sur sa fratrie ? Et s’ils s’étaient fait remarqué pendant la guerre ? Ils étaient tous deux de l’Ordre. Allez vous justifier et assurer que vous n’aviez rien à voir avec tout ça, quand vous partez d’emblée perdant.

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Le statut des nés-moldus, en particulier ceux qui travaillaient au ministère était particulier. Au vu de son manque de popularité montante, Lucius Malefoy ne pouvait pas faire autrement que d’être plus conciliant les concernant, mais il n’empêchait qu’il ne faisait pas bon d’être né-moldus au ministère de la magie. Si on ne persécutait plus réellement les nés-moldus pour le moment, on trouvait toujours bien quelque chose pour les démettre de leurs fonctions. De même, on engageait plus autre chose que des sangs purs et des sangs-mêlés. Si Siméon était tombé sur quelqu’un d’autre que Félicia, autant dire que son entretien se serrait passé tout à fait différemment. Au lieu de discuter de tasse à thé et du chat de Siméon, il y avait beaucoup de chance qu’on ait critiqué celui-ci pour avoir apporté son animal avec lui et qu’on se soit intéressé de très près à cette absence de données dans son dossier sur la nature de son sang.

Heureusement pour Siméon, Félicia était une idiote. Une adorable idiote qui trouvait le jeune homme en face d’elle très mignon et intéressant. Elle en oubliait presque qu’elle était ici pour faire passer un entretien et se conduisait de la façon le moins professionnel qui soit. Elle le prouvait encore une fois grâce à sa remarque décalée.

« - Mais s’il n’y a pas de Re’ems en Angleterre, qu’allez-vous faire dans notre département ? »

Elle sembla réellement perplexe pendant un moment et réfléchit de façon intense pendant quelques secondes avant de sourire et de déclarer triomphante :

« - Oh, mais que je suis bête. »

Et en effet, elle l’était.

« - Vous allez en importer ici ! C’est vrai que ça doit être vraiment sympathique pour les enfants de pouvoir aller les voir dans leurs réserves. Ce n’est pas aussi dangereux qu’un dragon et moins suceptible qu’un Centaure. »

Elle secoua la tête avec force pour marquer sa désapprobation et ajouta :

« -Vous savez, une fois, j’ai rencontré un Centaure. Moi, voulant être amicale, je lui ai dit que c’était un honneur de rencontrer une créature magique comme lui. Croyez-le ou non, il m’a hurlé dessus et a parlé d’incident diplomatique. Je n’ai rien compris ! »

Elle haussa les épaules indiquant que ça n’avait plus d’importance.

« Enfin revenons à nos moutons. »

Le reste de la discussion se poursuivit et on en vient à la famille de Siméon. Au vu des bafouillements et de l’hésitation de Siméon, tout le monde aurait compris qu’il y avait anguille sous roche. Notre charmante amie passa donc totalement à côté de la plaque. Pour elle, rien de plus normal que d’être embarrassé. Après tout, ce n’était pas facile tous les jours d’être sang-mêlé. Elle lui fit donc ses excuses.

« - Oh, je suis désolé, je ne voulais pas vous embarrasser. Je sais bien que ce n’est pas facile d’être sang mêlé en ce moment. C’est étonnant que votre dossier n’ait pas été complété. Vous savez quoi ? Plutôt que de passer par un tas de service au ministère, je vais y ajouter votre statut de sang comme ça on ne vous posera plus de questions là-dessus. »

Avec un sourire parfaitement idiot, elle ajouta la mention « sang mêlé » qui signerait probablement la fin de sa carrière dans quelques années quand quelqu’un s’apercevrait qu’elle avait falsifié un document officiel. Il y a des choses que même les relations ne peuvent rattraper. En attendant, c’était fait et elle referma le dossier avec la satisfaction du travail bien fait.

« Bon. Voilà qui est fait. J’ai le plaisir de vous annoncer que vous avez été engagé. On vous attend à partir de demain 9h dans l’Atrium, le directeur se chargera de vous expliquer ce qu’il attend de vous. Je n’en doute pas. »

Elle se leva, lui offrant sa main et le reconduit à la porte.

« - Je me réjouis d’avance de travailler avec vous. Ça va être passionnant ! »

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Il ne se passa guère qu’une seconde. Pourtant, aux yeux de Rosenthal, elle sembla durer une éternité, et en double. L’expression apitoyée qu’avait pris son interlocutrice lui crispa le ventre et il se retint de respirer, prêt à entendre le verdict implacable. « Non, ça ne va pas être possible ». Allez, dis-le, qu’on en finisse !
Voilà, c’était dit. Elle était désolée, et même si elle ne voulait pas l’embarrasser, et bla et bla. Qu’avait-il cru ? Que ça allait être aussi simple d’entrer au ministère ? Pauvre garçon, tu es complètement à la rue depuis que tu as quitté Londres. Ça n’avait jamais été simple. Ni à Poufsouffle où tout le monde te prenait pour un gringalet inutile, ni après, quand ta stupide maladresse te faisait passer pour un abruti, job après job.
« Non, non je comprends, je ne vous inquiétez pas… » marmonna-t-il dans la barbe qu’il n’avait pas, tout en rassemblant d’un geste résigné ses affaires. Pendant ce temps, Finkie le regardait d’un drôle d’œil.
« J’ai l’habitude qu’on me… Attendez, quoi ? »
Alors qu’elle signait d’un geste enthousiaste un papier officiel, Simeon intégra enfin ce que venait de lui répondre la jeune femme. Sang-mêlé ? Signature officielle ? Eviter la paperasse ? L’air éberlué, le magizoologue la regarda fermer le dossier et avant qu’il n’ait pu dire quoi que ce soit d’autre, la blonde lui annonça qu’il était… engagé.
Engagé ! Comme ça, sans autres questions ni sur ses projets (la remarque — idiote, même Simeon le reconnaissait — de la recruteuse sur les Re’ems ne lui avait tiré qu’un long « euuuuh » dubitatif), ni sur sa famille ? Il n’arrivait pas à y croire !

Bien évidemment, Simeon ne mis pas ce manque d’opiniâtreté sur la stupidité de son interlocutrice. Au contraire, un regain naïf d’espoir lui monta au ventre, alors qu’il se figurait que la situation, finalement, n’était peut-être pas aussi dramatique que ce que lui en avait dit sa sœur. C’était tout Sarah, ça. Elle exagérait pour mieux le culpabiliser !
Sarah… Telle qu’il la connaissait, elle allait trouver une excellente raison pour critiquer son choix d’entrer au Ministère. Cette pensée, cependant, n’entama ni la joie, ni le soulagement de Rosenthal. Encore confus, mais le sourire aux lèvres, le sorcier acquiesça vivement aux propos de la demoiselle.
« Demain 9h00. J’y serai, sans faute ! M…merci ! »

Simeon s'empara précipitamment de ses papiers tandis que la blondinette se levait et, d’un signe de la tête, fit signe à Finkie que c’était l’heure d’y aller. À peine le sorcier s’était-il levé de sa chaise que son chat lui sauta sur l’épaule, où il s’assit fièrement, tel un sphinx protecteur de son bien. Il eut un court ronronnement en guise d’au revoir tandis que son maître, lui, serrait la main de la blonde en la remerciant vivement, les joues rosies. Puis, après un dernier sourire et un signe de la main maladroit (« Simeon, mais merde, tu t’es cru chez mamie Yeta ou bien ? »), il s’engouffra dans le couloir. Lorsque la porte se referma derrière-lui, il poussa un gros soupir de soulagement et passa une main sur son visage.
« Engagé, Finkie. Tu y crois, ça ? Et presque sans question gênante, en plus ! Et dire que David m’assurait que c’était mort… On va pouvoir continuer ce qu’on a commencé, Finkounet. »
Après une papouille que le demi fléreur accueillit avec un balancement de tête enthousiaste, Simeon s’empressa de se diriger vers la sortie du Ministère. Ce qu’il avait pensé en lisant la presse, ces dernières années, ses appréhensions à propos de son avenir, s’étaient envolées si loin qu’elles semblaient n’avoir jamais existé. Pour l’instant, Sim’ était ravi. Finkie, d’ailleurs, le fut bientôt tout autant, quand son maître et ami lui offrit une boîte complète de sardines pour fêter la fin de leurs galères londoniennes.
Ah ! L’innocence !

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