| Apothicaire mal embouché
♠ Date de naissance du joueur : 10/03/1981 ♠ Âge du joueur : 43 ♠ Arrivé sur Poudnoir : 30/08/2015 ♠ Parchemins postés : 160 Al Holmwood-Black
| Sujet: Re: Tout se paie un jour Mar 4 Juil - 19:32 | |
| Al était certainement un type bourré de défauts, mais au moins, il n'était pas rancunier. Ouais, enfin, ça, c'est ce que tu veux te dire, mec. Quoi ? Je suis pas rancunier, pas comme Juliet. Pas du genre à reprocher à un ancien camarade de classe un malentendu survenu il y a quinze ans. Faut savoir passer l'éponge, non ? Saint Al, priez pour nous. Marre-toi, n'empêche, c'est vrai. Je suis pas un mec rancunier. OK, OK. Et si je prononce le nom de... Theo Prewett ? Tu commences pas à trouver que ton auréole te gêne pour lui foutre un coup de boule ? Oui, bon. Mais Prewett, c'est spécial. On parle pas d'un petit malentendu de rien du tout, là. Il m'a piqué Ash, fracassé la gueule, y a de quoi avoir envie de l'empailler. En gros, quand c'est toi, c'est pas de la rancune. C'est légitime. Marrant, ça...
C'était tout de même insensé, songeait Al. Qu'est-ce que j'étais censé faire ? Une nana qui me déclare sa flamme, c'est déjà pas évident à gérer, mais en plus quand elle me déclare son attirance pour mon frangin... Franchement, elle m'est tombée dessus à l'improviste, et j'ai fait ce que j'ai pu. Et bien sûr, elle est vexée, mémère. Humiliée, bafouée, la Juju s'est fait jeter, humiliée, bafouée, elle ne l'a pas digéré, t'as mal géré faut bien l'avouer, le froid entre vous est en train de s'installer... (oui, ça se chante. Non, ne me remerciez pas, maintenant vous l'avez en tête pour trois heures).
Elle avait changé à une vitesse à peine croyable. C'est bien les nanas, ça ; elles te disent qu'elles sont contentes de te voir, et deux minutes après, c'est l'avalanche de reproches. Al ne répondit pas tout de suite, pris au dépourvu par ce soudain rappel d'un passé qu'il croyait bien révolu. Il en avait ri avec son frère et sa sœur, sans méchanceté, juste parce qu'un rien le faisait rire – surtout quand c'est pas toi la victime, petit con, lui soufflait, impitoyable, sa conscience. Quoi, c'est rigolo, non ? Y a pas mort d'homme, après tout. Ben elle, ça ne la fait pas rire. Découvrir quinze ans après que tu as pris un râteau par le mauvais mec, et qu'il raconte ça en se poilant à sa famille, c'est vrai que ça peut froisser. Franchement, c'est un peu en faire des caisses, je trouve. On était des gamins, et Orion n'était pas l'amour de sa vie, si ? Sottises d'adolescents... Al essaya de se justifier, de la plus mauvaise manière possible :
-Faut pas le prendre comme ça, c'est pas grand-chose quand on y réfléchit calmement... après c'est sûr que si tu tiens à en faire une montagne...
Le poing de Juliet, balancé avec une forcé insoupçonnée, le cueillit en plein dans ces considérations philosophiques sur la relativité des choses. Al n'avait rien vu venir, ce qui l'empêcha de stabiliser sa position comme il aurait pu tenter de le faire pour amortir le coup... Au lieu de cela, il se laissa déséquilibrer, chuta et heurta le comptoir. Son nez, son pauvre nez déjà mis à rude épreuve à de nombreuses reprises, entre Quidditch et bagarres, avait une fâcheuse tendance à ne plus supporter le moindre choc ; aussitôt, il se mit à saigner abondamment, comme s'il venait de prendre un gros coup de boule. Elle n'avait pas cogné si fort que cela, mais le pauvre petit Holmwood-Black était fragile de la cloison nasale. Il resta assis un instant, plus sonné par la surprise que par le coup, sans se soucier du sang qui constellait sa chemise. Au-dessus de lui, Juliet continuait de parler. Elle lui tendit la main pour l'aider à se relever ; il la regarda, incrédule, et bondit sur ses pieds sans accepter son aide. Pas rancunière ? Il chercha quelques choses à dire, ne trouva rien d'autre qu'un « pffff » dans lequel il essaya de mettre un maximum de choses, et quitta le bar d'un pas décidé, sous les regards stupéfaits – et un peu moqueurs, lui semblait-il – des autres mecs présents.
Humiliée, bafouée, elle t'a éclaté le nez, pauv' biquet mal-aimé, maintenant c'est toi qui es vexé... |
|