Lorsque Riyadh le foudroya du regard, une fois qu'il eut finalement craché le morceau sur le pourquoi du comment de sa présence ici, Evan ne trouva rien de mieux à faire que de lui sourire. Un petit sourire de jeune con prétentieux et arrogant qui se fait passer pour innocent, le genre de sourire qui donne envie de l'arracher à grand coup de baffes dans la poire. Mais, heureusement pour le jeune homme, le Mangemort n'en fit pas cas et s'éloigna. Cette histoire était loin d'être terminée, c'était certain, mais elle était au moins remise à plus tard.
Fronçant légèrement les sourcils, Evan se tourna vers Juliet. Qu'est-ce qui lui prenait, à Shafiq, de s'intéresser de si près à son cas, tout d'un coup ? Après tout, bon, ils n'avaient aucun lien particulier, tous les deux. De ce qu'Evan savait, Chapman était le parrain de sa femme, mais rien de plus. A moins que ce ne soit justement Chap qui ait décidé d'utiliser cet homme pour faire rentrer son petit-fils dans les rangs... ? Non. Non, c'était pas le genre du vieux ça. Evan ne l'aimait pas, mais il devait lui reconnaître une certaine honnêteté dans ses démarches, il n'aurait jamais fait un coup aussi fourbe.
Perdu dans ses pensées, Evan ne revint sur Terre que lorsqu'un Patronus traversa la salle, se scinda en deux et qu'une partie vint se poster devant lui. C'était la voix de Heiz. Il demandait des nouvelles, apparemment toujours coincé avec leur fameux cailloux. Evan prit une grande inspiration et se secoua. Enfin un peu d'action, et une occasion unique de se tirer de ce groupe, qui devenait de plus en plus gênant.
- Excusez-moi, apparemment, nous avons un problème. Je vous laisse, ajouta-t-il en lançant un petit regard à Drago, un rapide sourire à Juliet et en s'éloignant aussi vite qu'il était apparu.
Le jeune homme balaya la salle du regard et remarqua rapidement Betty, quelque part de l'autre côté de la pièce. Il se dirigea vers elle, se faufilant entre les clients paniqués, entre les adolescents verdâtres et les femmes pâle comme la mort. Bon sang, y'avait pas idée d'être aussi stressé... Ce n'était que des portes. Bon, certes, ils étaient enfermé à l'intérieur pour un temps indéterminé. Mais à moins d'avoir vraiment fait une grosse connerie avec ce maudit cailloux - ce dont Evan doutait fort -, ce n'était rien d'irréparable. Après tout, la Banque avait dû accueillir des objets bien plus puissants magiquement parlant, et elle était pourtant toujours là et en état.
Bon sang, il commençait à réfléchir de manière beaucoup trop sérieuse. Il n'avait pas encore l'habitude de penser ainsi, comme un adulte devait le faire. C'était le plus gros changement de sa vie depuis qu'il avait fini ses études, et il avait du mal à s'y faire. Ils étaient à la fin de l'année 2001. L'année suivante, Evan aurait vingt ans. Vingt ans. Il ne s'y faisait toujours pas. Lorsqu'il fêterait son anniversaire, le quinze avril, ça serait un gros cap de passé.
Evan secoua doucement la tête et revint à la réalité.
- Betty ! s'exclama-t-il en arrivant près de sa collègue. Un problème avec la pierre ? Vous avez besoin de moi pour quelque chose ?
S'il pouvait avoir quelque chose à faire pour s'occuper, il dirait pas non. Il en avait un peu assez d'attendre comme ça, surtout que la pièce était remplie d'angoisse. Et puis, Shafiq était encore beaucoup trop près de lui pour son propre bien - il pouvait le voir à quelques pas de lui, juste en tournant la tête. Il n'avait pas envie d'avoir une discussion trop sérieuse aujourd'hui. Pas maintenant. Il voulait juste finir sa journée et rentrer chez lui, se poser dans sa chambre et peut-être bosser un peu sur ses bouquins.
Bon sang, il commençait à penser comme un adulte. Par Merlin, il était trop jeune pour ce genre de délire...