♠ Date de naissance du joueur : 13/09/1995 ♠ Âge du joueur : 29 ♠ Arrivé sur Poudnoir : 15/05/2011 ♠ Parchemins postés : 2381 Tom Jugson
| Sujet: Highway to hell [Passé][Solo][Terminé] Mer 27 Juil - 14:39 | |
| Jour indéterminé, année indéterminée, entre 1993 et 1996.
D'abord, il y avait le froid. Et puis il y avait les barreaux. Surtout les barreaux. Mais ce n'était rien, absolument rien, tout cela. Tom s'en foutait. Quoique, les barreaux pas tant que ça, c'était quand même ce qui marquait le fait d'être en prison, mais ce n'était pas le plus grave. Il était sur la grande route pour l'enfer, il le savait, il s'en était rendu compte il y a de ça...non, il ne savait pas quand, en fait. Dans un des rares moments où il pensait clairement, ce qui était plutôt rare.
Non, ce qui était le plus terrifiant, c'était le fait de savoir qu'il ne reviendrait pas, qu'il ne sortirait plus jamais de là, qu'il resterait enfermé à vie dans cette putain de cellule coincé là avec les détraqueurs. Tom les détestait, eux plus que tout, parce qu'il ne pouvait rien faire contre eux, parce qu'il n'était pas armé pour les combattre, parce qu'il était impuissant. Et il détestait se sentir faible.
On revient toujours.
"Elle a menti ! Menti ! On ne revient pas, on ne revient jamais d'Azkaban ! JAMAIS ! Sale sang de bourbe ! MENTEUSE ! Mais tu savais, n'est ce pas ? Tu savais, Tom. T'avais aucune chance de revenir, tu t'en doutais, t'es bien le plus con de cette histoire, celui qu'à le plus perdu là dedans. Et t'as rien pu faire. Et tu ne peux toujours rien faire. Tu veux te venger ? De qui ? De quoi ? Commence par toi-même, tiens. Non, non, non ! NON ! C'est eux les responsables, eux qui ont trahi, pas moi ! PAS MOI ! Moi, j'ai servi le Maître, je voulais les tuer ! Ils doivent payer, tu entends ?! Payer pour ce qu'ils ont fait, payer pour leur trahison ! Ils ne méritent que de mourir, Roseburn, Eastman, et tous les autres. Ils ne méritent que ça ! Pas moi ! Oh non, pas moi. Moi, je suis celui qui leur fera payer, je suis le vengeur ! L'assassin de dieu ! Je sortirai de là ! JE M’ÉCHAPPERAI ! Et ils mourront tous ! TOUS ! Je les retrouverais, je les tuerais ! Ils doivent périr ! ILS DOIVENT MOURIR !"
A qui parlait-il ? A personne et à tout le monde, aux détraqueurs, à Meredith Roseburn et à Logan MacIness...A lui même surtout. Au noir et au blanc.
A Azkaban, entendre un détenu sombrer dans la folie et avoir des crises de rages était des plus habituels. Tom ne faisait pas exception à la règle, et c'était juste pénible pour les autres détenus qui étaient dans le même couloir. Enfin, si eux même avaient conscience de ce que pouvait être la folie. S'ils n'étaient pas eux non plus rendu au stade où ils parlaient tous seuls en éclatant de rire pour rien. De ce rire de fou, violent et malsain, qui résonnait encore et encore, qui terrifiait les Gardiens humains de la prison, et les quelques prisonniers qui venaient d'arriver, et qui, bienheureux encore, n'avaient pas sombré dans la folie, la violence, le désespoir et la peur.
Mais lui...La colère avait pris le dessus. Ou peut-être était-ce la peur. Il ne savait pas. Comment aurait-il pu savoir quoi que ce soit de toute façon ? Tom ne connaissait même pas la date exacte. Il ne savait pas en quelle année on était. Ca faisait combien de temps, déjà ? Longtemps était la seul réponse qu'il pouvait apporter. Il avait perdu la notion du temps après deux mois et six jours. C'était la dernière fois qu'il avait pu donner le temps depuis lequel il était enfermé. Et si on l'avait oublié ? Si ça faisait vingt ans, trente ans qu'il était là ? Il ne savait plus, et il se demandait avec angoisse s'il n'allait pas passer le reste de sa vie ici...
Ah, il était beau, l'ex-directeur financier de NimbusDone. Il avait l'air de ce qu'il était : d'un bagnard, ni plus ni moins. Les cheveux hérissés, crasseux, les yeux profondément cernés et fiévreux, Tom faisait peur à voir, réellement. Mais il s'en foutait. Il ne savait pas lui-même à quoi il ressemblait...
Ce qu'il savait, c'était qu'il était le noir et le blanc. Ça avait débuté tôt, très tôt. Quand il était entré à Azkaban, il était à peu près lucide. A peu près. Il était calme, très calme. Silencieux. Réfléchissant à tout. A ce que lui avait dit Roseburn, à ses actes, à son but. Et il trouvait son emprisonnement injuste, et il voulait sortir, et il se disait que c'était la faute de sang-de-bourbes comme elle s'il était là. Il avait totalement occulté le fait que s'il avait échoué, c'était parce que son plan était loin d'être parfait. Ca ne pouvait pas être de sa faute, il agissait en suivant les ordres d'une volonté supérieure, de celui qui deviendrait un dieu vivant : Lord Voldemort. Il ne pouvait pas échouer s'il le servait, alors c'était forcément la faute des autres. Il n'y avait pas d'échec de sa part. C'était impossible.
Et puis il y avait eut la colère. A force de ressasser cette rancoeur contre les moldus, les sang-de-bourbes et tout le reste, ça avait fini par dépasser le stade auquel il s'était accroché, celui de l'élimination comme on élimine un nuisible, à la haine pure et simple. Haine aggravée par le fait que selon lui Meredith avait menti. Et il criait, et il frappait, et il hurlait qu'il les tuerait tous, sans aucun remords. C'était la part la plus sombre de lui-même, celle en proie aux peurs, au doute, à la colère et à la haine. C'était le coté noir de sa personnalité, le coté le plus sombre, celui qui ferait de lui un tueur réputé parmi les mangemorts. Moins parmi le reste de la communauté sorcière : il ferait toujours en sorte de masquer ce coté là. C'était le coté noir.
Il y avait aussi le blanc, déjà décrit, celui qui réflechissait, qui analysait, celui aussi qui savait parfaitement qu'il avait fait une erreur, mais qui se taisait la plupart du temps. C'était aussi celui qui ne connaissait pas la peur, celui qui gardait l'espoir. Ce coté là, que Tom apprendrait plus tard à utiliser à ses fins, c'était le coté raisonnable de lui-même. C'était ce qui restait de son ancienne personnalité. C'était le coté blanc.
Peu à peu, la haine et la colère avaient supplanté la réflexion froide et passive. La peur des détraqueurs, la peur de ne pas s'en sortir avaient exacerbé cette haine, au point qu'au final, c'était le noir qui l'avait emporté sur le blanc.
Le coté noir, c'était la peur, la haine et la violence ; le coté blanc, l'intelligence et le fanatisme. Cinq mots. Peur. Haine. Violence. Intelligence. Fanatisme. C'était la définition même de Tom. Ca le resterait toujours. A Azkaban, la peur, la haine, la violence l'emporteraient. Une fois sorti, ce seraient l'intelligence et le fanatisme. Rien qui ne change vraiment, au final.
Il avait peur. Vraiment. Tom détestait Azkaban, et il voulait en sortir. Se laissant glisser contre le mur, il murmura :
"Sortez moi de là...par pitié, n'importe qui, quelqu'un, mais sortez moi de là..."
Un autre coté du noir, celui qui, déséspéré, voulait s'en sortir, parce qu'il avait peur, parce qu'Azkaban voulait le détruire, parce que c'était ce qui était en train de se passer.
"Eh, Jugson, ressaissis toi un peu. T'es en train de sombrer, là."
La voix de Menroth. Larsen était un mangemort vétéran, il était là depuis bien plus longtemps que Tom, et la prison ne l'avait pas détruit. Non, Azkaban ne lui avait rien fait. Elle l'avait même rendu plus fort, apparemment. Tom essaya de comprendre. Et il se mit à réflechir. La clère n'était pas éteinte en lui, jamais plus elle ne s'éteindrait, mais le blanc prenait aussi sa place, pour donner peu à peu la personnalité complexe et torturé, mais cependant plus raisonnable, du Jugson qui deviendrait directeur du Magenmagot. Le coté gris.
Et il analysait, et il comprenait peu à peu ce qui se passait...
Il n'y avait pas un jour sans douleur. Pas une nuit sans cauchemar. Une seule certitude : on ne sortait pas indemne d'un tel voyage. Mais on en sortait plus fort.
Non. C'était de la folie. Ce n'était pas possible. Il n'en sortirait pas plus fort. Azkaban le détruisait. La prison n'avait qu'un unique effet : le rendre fou, le rendre vulnérable et faible. Il avait froid. Mais le froid était dans son coeur, et il ne pouvait rien changer à ça. Il avait mal. Petit à petit, la haine gagnait du terrain, la peur aussi. Et face à ça, il n'avait pas trouvé d'autre réponse que cet état de colère quasi permanent. Il était en train de sombrer, lui avait dit Larsen. Peut-être n'avait-il pas tout à fait tort.
Tom se souvint d'un coup avec une clarté froide ce que lui a dit autrefois son père, Henry : Ne te laisse jamais détruire. Jamais.
A partir de ce moment là, il fut lucide, raisonnant de manière froide, sans fatalisme, mais avec réalisme. Il montait des plans pour sortir, les corrigeaient, les excluaient, recommençaient encore et encore. De leur coté, ses voisins de cellules cherchaient aussi à s'évader. On lui promit qu'il viendrait avec eux. Il écoutait beaucoup, apprenait à connaitre les mangemorts et leurs batailles.
Peut-être avait-il finit par comprendre. On finissait par survivre, on n'oubliait jamais, la douleur était toujours tapie au fond de notre coeur, mais on finissait par survivre. Bien sur, il resterait toujours la peur. Azkaban ne le lacherait pas de sitôt. Ca laisserait toujours des traces. Il faudrait du temps pour guérir, même libre. Il faudrait du temps pour que cette fichue cellule ne soit plus qu'un souvenir lointain. Simplement du temps pour réapprendre à vivre.
Car Tom ne doutait plus qu'il finirait tôt ou tard par sortir.
Azkaban était une épreuve. Après, il aurait toute la vie devant lui. Il serait libre, même s'il ne savait plus très bien ce que c'était que la liberté. Toutes les autres batailles, celles vécues et celles à venir, n'étaient et ne seraient rien par rapport à celle-ci. Azkaban était la plus importante bataille de sa vie. La seule qu'il devait à tout prix gagner. C'était le dernier combat sur sa route, le dernier printemps, la dernière neige.
Le dernier combat pour ne pas mourir.
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