Quoi de plus étrange que Tom et Juliet en train de converser ensemble. Pendant des années, ils avaient joués au chat et à la souris. Juliet tentant (avec un peu de fainéantise) de suivre la trace du criminel tandis que le second cherchait à tout pris à lui échapper. Aucune de leur confrontation ne s’était réellement terminé en duel en bonne et due forme. Dommage, dans le fond, Jule était curieuse de savoir qui aurait gagné à l’époque. Cela dit, ils n’avaient jamais vraiment eu d'interaction l’un avec l’autre, ni de discussions d’ailleurs. Après tout, on pouvait difficilement considérer le “lâchez votre baguette Sallybanks” ou les autres sommations du même genre une discussion construite. Dans le fond, à l’époque tout ce qu’elle pouvait dire de Tom, c’était qu’il était rapide. On ne pouvait pas lui nier ça, il courait et transplanait vite. Ce qu’elle savait de lui, elle le savait via Jez et un peu son frère, mais ça ne permettait pas de connaître quelqu’un. Contre toute attente, elle était contente de connaître Thomas. Les années lui avaient appris que la légalité était quelque chose de parfois peu nécessaire. Elle savait que ce n’était pas un bon samaritain pour autant, néanmoins, ce n’était plus ses affaires. Qu’il soit chef de la pègre ou d’entreprise, ça ne changeait plus rien pour Jule. Juliet Lewis, la baguette d’élite avait disparu en même temps que son mari après tout. Du coup, malgré le duel, ils parlaient. De choses personnelles, peut-être un peu trop pour des gens qui s’étaient systématiquement évités pendant des années, mais c’était une façon comme une autre de rattraper le temps perdu. Sans compter que leur discussion s’apparentait plus à un échange de vannes sur leur vie respective qu’à une réelle discussion, mais c’était un progrès.

En attendant, ils n’étaient pas d’accord en ce qui concernait Adrian. Dans le fond, Jule était têtue. Elle estimait que peu importait ce qu’avait vécu Adrian, ce n’était pas une justification pour avoir pris la marque. Elle était d’accord avec Tom, il n’était certainement pas le mangemort le plus effrayant du coin, mais ça en restait un. Depuis deux ans, personnes n’avait vraiment entendu parler du Seigneur des Ténèbres et ses sbires étaient plus ou moins tenu en laisse par la grande machine qu’était le Ministère. Ca ne voulait pas dire que c’était moins dangereux pour autant. Au contraire, les gens commençaient à s’habituer aux mangemorts et à les voir comme les représentants légaux de l’autorité. Pourtant, pour la plupart, ils n’en restaient pas moins une bande de meurtrier dont on excusait les crimes. Oui, Adrian s’était engagé. Oui, il n’avait peut-être pas mesuré la portée de son acte, mais maintenant qu’il avait la réalité en face, il devait l’assumer. A 34 ans, c’était un adulte et vient un moment où on ne peut plus fuir ses responsabilités. Elle aurait bien voulu dire tout ça à Tom, mais elle s’abstient parce que c’était une discussion sans fin. Dans le fond, elle se faisait l’effet d’une éternelle moralisatrice qui se contente de ressasser chaque jour la même chose

- Hmm, se contentat-elle de dire l’air peu convaincue alors qu’il parlait d’Ady. En ce qui concernait les Black par contre, ça lui tira un haussement d’épaule indifférent. Oh tu sais, moi les vingt-huit sacrés, pour ce que j’en pense … Je l’ai dit à Adrian, le seul mérite qu’ils ont, c’est d’être plus consanguins que les autres. Pas une belle preuve d'intelligence du point de vue moldu. Autant dire que Betty et Al gagnent au change s’ils ne sont vraiment pas sang-pur.

Elle aurait préféré qu’ils restent là-dessus. Voilà un sujet dont elle pouvait discuter sans trop de peine. Sans que ça soit embarrassant en fait. Autant dire qu’il ne fallait pas compter dessus. Si la vie se passait sans moment embarrassant ça se saurait. Elle fut en quelques sorte soulagée de savoir qu’Adrian n’allait pas voir des escorts, mais refusa de le dire tout comme elle préférait ne pas commenter le fait qu’il prenait mal sa relation avec Al. Pour le moment, ils avaient réussi à faire comme si de rien n’était et c’était très bien comme ça.

- Je suppose qu’on est plus lucide sur les autres que sois-même. Elle haussa un sourcil interrogateur et demanda : Tu as des problèmes de couple, toi ? Un sourire moqueur fit discrètement son apparition. Je ne l’aurais pas cru.

Est-ce qu’ils n’étaient pas un peu pathétique tout les deux ? Juliet y pensait en riant presque. Entre elle, coincée entre deux relations un peu étrange et Tom qui semblait toujours amoureux d’une femme qui voyait clairement quelqu’un d’autres que lui tendit qu’il enchaînait les relations foireuses. Pas très glorieux, non. Tout comme cette idée de fiançaille apparemment. Jule qui ne connaissait pas l’ex-copine de Thomas se contenta de rire à la description de ce que donnerait une vie commune pour eux.

- Vraiment ? Remarque, c’est pareil pour plein de gens. Être amis, ça ne garantis pas vraiment une relation de couple saine et équilibré. Enfin … Pour ce que j’en sais des relations saines et équilibrés.

Dans le fond, assez lucide sur elle-même et de son manque d’expérience avec les hommes en général, elle était parfaitement capable de se moquer d’elle-même sur le sujet. Sa lucidité n’était pas exclusivement réservée aux relations amoureuses puisqu’elle était parfaitement capable de constater que Tom était en train de lui mettre une raclée et ça la faisait rager !

- Hors de question que je me fasse avoir comme ça par Adrian. Elle avait sa fierté après tout. Et le mode chevalier servant, il peut se le carrer ou je pense.

Qu’on se le dise, elle ne jouerait pas les demoiselles en détresse. Se reprenant un peu, elle attaque Tom avec un Difindo bien placé. C’était mieux, mais pas encore parfait. Elle avait peu de chance de gagner ce duel, mais il ne serait pas dit qu’elle ne ferait pas de son mieux pour autant.

Spoiler:

Les choses changeaient. Quelques années plus tôt, il n’aurait pas pu imaginer être ici et se battre avec Juliet Birch pour autre chose qu’éviter de retourner en prison. Mais même hors de ce cadre là, il était difficile d’imaginer, au moins sur le papier, qu’à cette époque, ils auraient pu s’entendre. La légalité, ça n’avait jamais été le truc de Tom, il suivait ses propres règles, et il savait d’expérience que ce qui était légal n’était pas toujours moral et que par conséquent, il fallait souvent se méfier. Les choses étaient rarement simples, dans ce monde. Celles qui l’étaient étaient peut être celles qui étaient à l’origine du fait qu’il pouvait finalement s’entendre avec Juliet : Tom n’était pas attaché aux conventions sociales, ni à l’ordre, ni à la légalité, mais la notion de bien et de mal lui parlait, aussi naive qu’elle pouvait être sembler être.

Au fond, le cas Adrian lui posait peut-être autant de soucis qu’à Juliet. Les mangemorts, Tom savait ce qu’ils valaient, il en avait croisé de près à Azkaban et il voyait bien comment ils dirigeaient. Le vieux Rosier l’avait expédié en prison et assassiné son oncle. Il n’avait pas oublié, et il était toujours lucide, mais pour Adrian, c’était différent. Du moins il aimait à le croire, et il préférait considérer que c’était le cas. Ca ne l’était peut-être pas, au fond, mais pour connaitre Evan et Chapman Rosier, Sally savait que Ady n’était pas comme eux. Il n’approuvait pas ce qu’il avait fait, il ne pouvait pas l’approuver, mais lui tourner le dos, il ne savait pas le faire non plus, parce que ce n’était pas ça, l’amitié. Il avait beau avoir été à Serpentard, la loyauté n’était pas un concept que Tom était capable de mettre de côté.

Peut-être était-il trop indulgent, par habitude sans doute, à force de ramasser son pote ivre mort, effrayé, ou déprimé Peut-être que Adrian aurait du assumer ce choix tout seul. Mais assumer quoi ? D’être passé du côté des salauds, certes, mais pour en faire quoi ? Assumer d’être un mangemort était se comporter comme un mangemort. C’était aussi simple que ça. Et au choix, si on lui demandait son avis, Tom, préférait tant qu’à faire que Adrian ne se comporte pas comme tel.

“T’as vraiment dit ça à Adrian ?” Il se mit à rire en écoutant Juliet parler. “Il a du adorer. Je vois pourquoi vous n’arrêtez pas de vous engueuler, franchement.” Il ajouta en souriant : “Je me demande ce qu’on va faire de vous, à la fin. Vous devriez essayer de vous simplifier la vie, vous avez vraiment un mode de communication compliqué, et je m’y connais.”

Venant de leur part, il ne fallait pas s’attendre à mieux, il le supposait, et à vrai dire, vu comme c’était drôle, Tom ne souhaitait pas vraiment qu’ils changent, tous les deux, mais il fallait admettre qu’un tel degré de vacheries, réconciliation, engueulades, secrets, vie compliquée, c’était rarement atteint, et il en savait quelque chose. Mais il fallait admettre que c’était drôle, ce qui était un peu inattendu. Il s’était habitué à voir Juliet comme quelqu’un de moyennement (voire pas du tout) drôle, mais il fallait bien dire aussi qu’ils n’avaient jamais vraiment eu l’occasion de plaisanter ensemble.  Ca ne pouvait que lui parler, lui qui restait tout de même très marqué par la culture et l’univers moldu. Thomas avait toujours été extremement sceptique quant au mode de vie des sang purs et au fond, les mariages entre cousins, ça ne l’enthousiasmait pas plus que Juliet.

La preuve, celui de Anne et de Adrian. Il n’y prêtait pas trop attention, cependant, les délires de Chapman Rosier n’intéressaient personne, mais bon. Si on allait par là, on pouvait rapidement évoquer la relation que Anne avait avec Hypérion, et évidemment, on retombait pour Tom dans une jalousie incontrôlable. Il ne pouvait pas s’en défaire, n’y parvenait pas, et soudainement, revenait à ces arguments de base, et à la consanguinité, et tout ce qui allait avec, avec pas mal de mauvaise foi il fallait bien l’admettre.

“J'ai pas de problème de couple, j’suis pas  en couple, c’est plutôt l'absence qui pose problème.”

Mais est-ce qu’ils se connaissaient assez bien pour qu'il se mette à expliquer à Jule pourquoi il était malheureux ? Il l'était, ça, aucun doute. Mais Tom préférait rester sur le terrain des blagues faciles et gentilles. C'était plus facile à gérer pour lui même si c’était un peu malhonnête et que ça permettait juste d'éviter des sujets qui fachaient. Et puis Juliet n’était pas quelqu'un dont il était proche au point de se confier à elle. Il sourit.

“Ah, je suppose que je vous trouve plus drôles que moi.” Il haussa les épaules et ajouta en souriant : “Y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir, faut croire, je dois être hilarant à regarder aussi, quand on y pense. ” Bon, peut-être était-il un peu plus lucide sur son cas que Juliet sur le sien. “Mais bon, ça viendra, un jour. Je comprends même pas comment c’est possible que l’un d’entre vous ait pas roulé une pelle à l’autre.” C'était un constat amusé mais sincère, une véritable interrogation. “ Je veux dire, vous êtes faits l'un pour l'autre, non ?”

Soit ça n'allait pas de soi soit Juliet le prenait carrément mal car ni une ni deux, elle lui balança un diffindo qui manqua de l'atteindre en pleine figure. Tom ne dit son salut qu'au réflexe qu'il eut de lever un bras pour se protéger. S'il avait cru que Juliet était en bout de course et qu'elle allait se rendre, il n'en était rien. Il s'indigna d'un ton véhément.

“ Eh, c’est un duel d'entrainement, pas licence pour me défigurer, quand-même !” Mine de rien, ça saignait vachement et il fut incapable de la toucher de nouveau. “ Bon tu marques un point, t'as pas besoin de chevalier servant.”

Par contre lui, c'était pas gagné.

A la base, Juliet n’était pas quelqu’un de très combatif. Ca ne voulait pas dire qu’elle n’était pas capable de se battre pour défendre ce en quoi elle croyait, ça voulait simplement dire qu’elle était ne recherchait pas le conflit à moins que ça ne soit indispensable. Douées en sortilège, elle avait toujours préféré perfectionner sa technique plutôt que de se battre en duel. Quand certains devaient être champion à tout prix, elle ça l’indifférait. L’ancienne Gryffondor ne possédait pas cette rage de vaincre qui animait ses anciens condisciples. Elle préférait sa vie tranquille sans vagues, sans complications inutiles. Néanmoins, les gens finissaient par changer et elle s’était pris au jeu de la provocation. Voilà pourquoi elle se retrouvait avec un duel contre Adrian sur les bras. Dans le fond, qu’elle perde ou qu’elle gagne n’aurait pas dû avoir d’importance. C’était une affaire d’égo et Jule n’en avait jamais beaucoup eu. Pourtant, pour une raison qu’elle ne s’expliquait pas, il avait réussi à piquer le sien. Ca expliquait probablement ce qu’elle faisait dans l’arrière cour de l’Emerald à se préparer à se battre en duel avec Tom.

- Evidemment que je lui ai dis, répondit-elle avec bonne humeur. Ne ris pas comme une baleine tu vas finir par t’étouffer à force de te foutre de moi. Elle leva les yeux au ciel devant l’hilarité de Tom. Pour être honnête, il n’a rien dit du tout. Peut-être qu’il s’est dit que j’avais raison.

Elle savait bien qu’ils étaient risibles à passer leur temps à s’engueuler tout le temps comme deux adolescents. Que Tom se moque d’elle, s’était de bonne guerre. N’empêche qu’elle n’était pas d’accord quand il lui disait qu’ils avaient un mode de communication compliqué et elle lui fit savoir.

- Tu te trompes, ça a l’air malsain, mais au final, c’est très sain de s’engueuler. Ca veut dire que non seulement tu prêtes attention à ce que la personne te dit, mais que tu tiens assez à elle que pour la contredire ou essayer de lui faire voir ton point de vue sur quelque chose qui te tient à coeur. Ce qui est malsain, ce sont les gens qui renoncent. Je veux dire, si tu ne prends même pas la peine de contredire quelqu’un si tu estimes qu’il est dans le faux, c’est que tu t’en fous. Non ?

C’était le genre de comportement qui menait à l’indifférence et l’indifférence à la fatalité. On arrêtait de se battre quand on pensait que les gens, la politique ou simplement la vie était immuable. Un peu comme si le seul choix qu’on possédait c’était subir sans pouvoir rectifier le tir. Juliet ne voulait pas être une spectatrice de sa propre vie quitte à devoir nager à contre courant s’il le fallait.

Heureusement, Tom n’était pas du genre à parler politique. C’était reposant en quelque sorte. L’air de rien, Juliet fréquentait des gens relativement engagé d’un côté comme de l’autre. Les discussions finissaient toujours par tourner politique. C’était parfois fatiguant. Elle aimait se dire que parfois, on pouvait oublier le merlinisme pour fermer les yeux. Tom, c’était plutôt un ensemble de moqueries bon enfant et on pouvait lui reconnaître ça, il n’hésitait pas à rire de lui. Un peu d’auto dérision n’a jamais tué personne.

- C’est marrant, par expérience, je t’aurais plutôt dit que l’absence de couple est une bénédiction et que l’inverse ne t’apporte que des emmerdes. Note que je t’ai dis ça et j’ai quand même remis le couvert après.

Elle haussa les épaules et ajouta :

- Enfin, on est pas encore assez proche pour se confier nos déboires amoureux respectifs, je crois.

Elle lui sourit gentiment quoiqu’un peu timidement, on y retrouvait presque l’ancienne Juliet. Celle qui semblait tellement effacée à Poudlard. Le sourire disparut assez rapidement quand il revient encore une fois sur Adrian. A croire que les gens avaient décidés qu’être intrusif vis à vis de sa vie privée était LE truc à la mode du moment. Elle passa sous silence le fait qu’Adrian l’avait déjà embrassée, parce que dans le fond, ils n’étaient pas intimes justement.

Heureusement, elle put rapidement se défouler lors du duel. Après les premiers blocages, elle semblait retrouver ses vieux réflexes ce qui ne plaisait pas du tout à Thomas. Elle eut un sourire qui n’avait plus rien de timide tandis qu’elle lançait un seconde sort et que lui-même ratait le sien.

- Ne t’inquiète pas, je ne toucherai pas au visage. Et puis pour draguer, c’est tout bénef, tu pourras faire passer ça pour des blessures de guerre. Il paraît que les filles adorent.

On pouvait dire qu’il y avait deux Juliet et parfois c’était à se demander laquelle on préférait.

Spoiler:

En vérité, il ne savait pas très bien pourquoi il avait accepté ce duel. Sans doute parce Tom aimait bien rire et que la situation était objectivement drôle. Si on lui avait dit, quelques années auparavant, qu’il arriverait à sympathiser avec Juliet Birch, et qu’il la trouverait drôle, il ne l’aurait pas cru. Peut-être qu’ils avaient changé tous les deux ; il n’était pas persuadé, à vrai dire, que le fait que Juliet ne soit plus dans la police magique était la seule raison de leur rapprochement. C’était sans doute un mélange de beaucoup de chose, parce qu’il n’était pas certain que Tom Sallybanks ait beaucoup changé depuis le temps où Juliet lui courrait après parce qu’il était un criminel notoire. En réalité, à cette période, il n’était vraiment pas passé loin d’être découvert. Il fallait vraiment remercier Fenton et ses talents d’avocats, parce qu’à certains moments, même courir vite n’avait pas suffi. Peut-être était-ce aussi l’idée qu’ils étaient dorénavant dans le même camp. Même si Tom n’était pas exactement sûr, lui qui n’avait jamais été un partisan de quoi que ce soit sinon de sa propre pomme, de ce que signifiait la notion de camp. Ou peut-être que Juliet elle même avait changé. Il n’aurait jamais imaginé qu’elle puisse le faire rire, ou fréquenter un type comme Adrian.

D’accord, il fallait aussi l’admettre, drôle, la jeune femme l’était sans doute un peu malgré elle, mais elle partageait cette situation avec Adrian : pour eux, c’était sans doute embarrassant à vivre, pour Sally, c’était simplement drôle, et être associé d’une quelconque manière à tout ça était un excellent moyen, jugeait-il, de rire encore plus. Tom était naturellement moqueur, mais jamais méchant : il tolérait avec bonne humeur qu’on se moque de ses propres travers et de sa situation amoureuse qui n’était à vrai dire pas plus brillante, voire, s’il était tout à fait honnête, pire.

En fait, s’il se permettait de se moquer un peu, c’était moins parce qu’il trouvait qu’ils n’allaient pas ensemble ou qu’ils étaient drôles que parc qu’il jugeait que Juliet et Adrian - et pour faire bonne mesure, il pouvait même inclure Al dans toute cette histoire - se compliquaient bien la vie pour peu de choses. Ou peut-être était-ce lui qui était devenu un peu trop optimiste et qui était, comme toujours, indifférent aux conventions sociales que le reste du monde respectait. Et comme d’habitude la notion de danger lui passait au dessus de la tête. Mais il fallait admettre, s’il était honnête, qu’une association mangemort / ordre du phénix, ce n’était pas la meilleure idée du monde. Pas très étonnant qu’ils passent leur vie à s’engueuler.

“ J’en sais rien,je t’avoue.” Il haussa les épaules, ayant l’air pour une fois totalement blasé. “ Pour les choses importantes, je suppose que ça en vaut la peine, évidemment.”

Sans quoi, il n’aurait pas passé sa vie à s’engueuler avec Anne lui-même, alors qu’il détestait les conflits et passait sa vie à esquiver ses propres problèmes. Mais voilà, ses problèmes étaient les siens, et en ce qui concernait ses amis, s’ils en avaient besoin - et Salazar lui même le savait : Adrian en avait souvent besoin - il n’était prêt à laisser tomber personne. Mais c’était logique pour Tom. Accepter de se mettre, soi même, volontairement, dans le pétrin, pour rien, c’était idiot. S’y mettre pour aider un ami, c’était de la loyauté, de la logique, pure et simple, incontestable. Basique.

“Le problème, avec Adrian, et crois moi, on s’est déjà engueulé avec lui à cause de ça, c’est : qu’est-ce qu’il peut faire ? Je crois vraiment qu’il s’est embarqué dans un truc qui le dépassait, mais quand on est mangemort, y a pas de retour en arrière. T’as une solution, toi ?”

Lui, non, et ce n’était pas faute d’avoir cherché. Que ce soit avec Anne ou avec Al, d’ailleurs, mais il ne voyait pas ce qu’il pouvait faire. Pas plus que Juliet, pas que Adrian lui même : trahir les mettrait tous en danger, d’ailleurs, du moins il le croyait. Mais il comprenait l’idée de Juliet, pourtant, parce qu’il avait, toujours, encore, la même avec Anne. Sauf que Anne ne se mettait pas en danger en permanence. Sauf que a priori, leur couple était une chose passée, et qu’il ne savait pas trop quoi faire, maintenant, parce qu’à l’évidence, lui n’avait personne maintenant que Charlie était partie, ce qui créait encore un déséquilibre...et bref, tout ça pour dire que c’était différent de la situaton de Jule et Adrian, dont le couple n’existait même pas encore, même si Thomas voulait bien parier l’intégralité de ce qu’il avait réussi à voler ces dix dernières années que ça se ferait.

Pour autant, il adressa un sourire à Juliet alors qu’elle se moquait gentiment de leurs situations communes.

“ Question de point de vue, je dirais. Vaut mieux être mal accompagné que seul, non ?” Il haussa de nouveau les épaules et eut un rire amusé, quoiqu’un peu fataliste : “Je suis pas fait pour la solitude. Je suppose que c’est un peu pour compenser que je peux parler de mon vrai boulot à personne.”

Oui, sans doute. Il haussa les épaules, n’ayant guère envie de s’expliquer sur sa relation avec Anne ou quoi que ce soit du même genre : blaguer sur Adrian et Juliet était plus facile. Voyant Jule mal à l’aise, cependant, il lui adressa un sourire sincère, sans arrière pensée aucune ni moquerie, pour une fois :

“ On fait comme tu veux. Je me fous de votre gueule, mais c’est pas méchant, d’accord ? Je t’en voudrais pas si tu m’assassines en retour...enfin, façon de parler, ne le fais pas vraiment.”

Comme dans ce duel, où la jeune femme semblait décidée à se battre jusqu’au bout quoiqu’il lui en coute. De nouveau, elle réussit à l’atteindre d’un sort, mais il se défendit de son mieux et répliqua par un diffindo bien placé.

“ Moi, des blessures de guerre ? Personne n’y croira, ma pauvre, je suis totalement pacifique, c’est vraiment pour te faire plaisir que je me bats avec toi.” C’était vrai, son truc c’était la ruse et l’esquive, pas le combat frontal, même si ça l’amusait en amical et qu’il se serait sans doute battu pour se défendre s’il n’avait pas eu le choix. Il se redressa, commençant à sentir la fatigue le gagner. “D’ailleurs,tu t’avoues vaincue ou je dois vraiment te mettre K.O pour que tu sois contente ?”

Spoiler: