L’air de rien, elle passait un bon moment. On ne pouvait pas nier que c’était un peu étrange de dire ça alors qu’elle était en train de combattre, mais on ne change pas sa nature. Jule n’était pas faite pour être employé de bureau. Elle avait adoré être baguette d’élite parce qu’elle aimait se battre et parce qu’elle était bonne pour ça. Ironique quand on savait qu’elle avait été d’une timidité maladive dans son adolescence. En attendant, la jeune femme aimait bouger et il n’y avait donc rien d’inattendu que sa reconversion se soit fait chez Gringott. Si travailler avec les gobelins n’étaient pas toujours de tout repos - souvent susceptibles, presque toujours de mauvaise humeur - ça lui donnait l’opportunité de bouger, visiter d’autres pays et de mettre à profit ses talents en sortilège.

- Je ne comprends pas, répondit-elle, poursuivant la discussion qu’elle avait avec lui depuis un moment. Je sais que vous êtes ses amis, mais vous n’êtes pas fatigué de lui trouver des excuses constamment. Je crois que ça fait partie des choses qui me mettent hors de moi quand je pense à lui. Le ton était indéniablement passionné parce que dans le fond, c’était un sujet qui prenaient tellement de place dans sa vie depuis maintenant plus d’un an qu’elle ne pouvait plus simplement rester calme quand elle en parlait. Pourquoi est-ce que tout le monde lui pardonne tout ? Oui, sa situation est difficile, mais il n’y a pas que la sienne. On fait tous des choix et ils nous mènent parfois dans des endroits ou des situations qu’on aurait préféré éviter, mais au bout du compte, on a toujours le choix.

Elle est serrait presque venue à hurler tant ça l’exaspérait, mais elle baissa justement le ton. Haussant presque les épaules. Avec un demi-sourire, elle dit à Tom :

- Il ne faut pas croire, je sais ce que tout le monde pense et ce qui se dit derrière mon dos. C’était discret jusqu’à il y a encore quelques mois, mais maintenant ça commence à se savoir. C’est problématique pour lui, mais ça l’est pour moi aussi. Mes hautes instances ne vont pas apprécier plus que les siennes, même si je risque moins que lui. Quoiqu’il en dise et il ne s’en rend pas compte, mais il a fait un choix. Moi aussi, on a juste pas fait le même.

Elle haussa encore une fois les épaules et voulu continuer, mais elle se ravisa se renfrognant presque. Dans le fond, elle aurait voulu prévenir Tom, lui dire que tout allait mal tourner. Ca pouvait sembler pessimiste, mais c’était par sympathie qu’elle voulait le faire. Ton ami, il va te décevoir. Pourquoi ? Parce qu’il a choisi son chemin. Pense ce que tu veux, dis-toi qu’on lui a imposé, qu’il n’a aucune autre issue de secour possible, qu’il a des responsabilités qui dépasse sa propre personne et qu’il doit en tenir compte. Reste qu’un jour, pour survivre, on lui demandera de choisir. Vous ou lui et la réponse risque peut-être de ne pas vous plaire. Elle aurait bien voulu dire ça à Tom, lui expliquer que les raisons qui faisaient qu’elle repoussait constamment Adrian était les mêmes qui auraient dû le pousser à s’éloigner. Et quand on le forcera à s’attaquer à Jezabel, à ton frère et aux autres personnes que tu aimes voulait-elle dire. Que feras-tu à ce moment là ? Pourtant, elle ne dit rien. Se “réconcilier” avec Tom après autant d’années étaient une agréable surprise, mais il ne fallait pas pousser le bouchon trop loin. Ils restaient des connaissances, pas des amis. Des connaissances avec une filleule en commune, une belle-mère comme amie proche et le reste, mais ça ne changeait rien. Alors, elle se contenta juste d’embrayer sur des banalités.

- Je suppose que pour les gens normaux, peut-être qu’il vaut mieux être mal accompagné. Elle se ravisa à l’instant où elle disait ses mots et secoua doucement la tête pour donner sa négation. Non, même ça je ne peux pas te l’accorder.

En y pensant et c’était vraiment ironique, Juliet était bien plus apte à être mangemort qu’Adrian si on faisait fit de leurs convictions profondes. Elle avait cette hargne de se battre, des convictions inébranlables et peu de scrupules quand il s’agissait de faire ce qui était juste selon elle. C’est pour ça, que même presque à terre, elle refusait de se laisser battre par Tom. Elle prit le sort de plein fouet encore une fois et renvoya un sur son adversaire, qui, probablement fatigué, ne parvient pas à l’esquiver.

Elle lui adressa un sourire satisfait :

- On peut dire qu’on est à égalité, oui.

A égalité, mais il suffisait d’un sort pour qu’elle tombe définitivement.

- Je te paie un verre pour fêter ça ?