C'était un après midi de juin plutôt froid, pluvieux et glacial. Venté. Un procès était en cours au Magenmagot. Il s'agissait d'un homme qui avait tué sa femme. Une reconstitution du crime avait lieu ce jour là, obligeant les membres de la Haute cour magique à sortir dans les rues humides. Les derniers détails réglés, Tom se décida à regagner le ministère.

Il dédaigna les voitures magiques de celui-ci, préférant rentrer à pied. Une marche en solitaire, sous la pluie, lui ferait le plus grand bien. Elle lui permettrait de réfléchir. Il y avait bien des choses dans lesquelles Jugson voulait mettre de l'ordre. Bien des choses qui méritaient son attention.

En ce moment, il était concentré sur l'affaire Malefoy, et sur ce qu'il pourrait en faire. Les conséquences de cette affaire étaient nombreuses, resurgissaient partout, créait des histoires à rallonge, et surtout modifiait considérablement l'échiquier politique. Maintenant, les Malefoy, portés par les évènements récents, commençaient à perdre de leur prestige et de leur gloire. Nombreux étaient ceux qui murmuraient que bientôt on pourrait changer de Ministre de la Magie. Ils ne croyaient pas si bien dire. Tom lui-meme, partisan des idées prônant la traîtrise et la lâcheté des Malefoy, menait son enquête pour découvrir des éléments contre eux.

C'est dans ce cadre qu'il recevait ce jour là Frédérique LeeRoy, professeur de Sortilèges à Poudlard. C'était également une serviteur des Ténèbres. Une femme bien, d'après ce que Tom savait. Il avait eu quelque fois l'occasion de parler avec ceux qui la connaissait, comme Michael Scofield, ou Léon Brom, qui la considérait tous deux comme une femme brillante et une combattante aguerrie. Tom savait aussi que son mari, Mitch Shaeffer, qu'il connaissait pour avoir fait deux missions avec lui, était mort il y a déjà quelques années. C'était l'une des des seules personnes dont Tom avait été attristé d'apprendre la mort ces derniers temps, car il le considérait comme un ami et un valeureux camarade.

Vêtu d'un costume noir, d'un cravate sombre, d'un pardessus noir épais et d'un chapeau de feutre noir, Tom avait sans conteste une certaine classe. Sa vue ne s'améliorait guère, et ces derniers temps, il avait repris l'habitude de porter une paire de lunettes, petites, rondes, et dorées. Cela donnait une certaine douceur au visage froid et calme, d'une beauté impassible, du directeur du Magenmagot. Il ressemblait un peu à un jeune professeur d'université, disait Rachel, sa femme. Il avait l'air un peu plus humain, et représentait ainsi une justice bienveillante et égalitaire. Comme quoi une impression pouvait dépendre de n'importe quoi. Tom n'était certainement pas bienveillant. Mais il était droit et honnête, et la majorité du temps, il essayait d'exercer la justice avec impartialité;

Arrivé au ministère, Tom était trempé. Il regarda sa montre d'argent, qui ne quittait jamais son poignet. Il était un peu en retard. Traversant rapidemment le ministère, il atteignit son bureau. Miss LeeRoy l'attendait déjà.

Une jolie femme. Vraiment.

Retirant son chapeau, il la salua poliment :

"Miss LeeRoy, c'est un plaisir de vous voir ici. Veuillez excuser mon retard, vous comprendrez sans doute que je ne suis pas toujours maître de mes horaires...Si vous voulez bien passer dans mon bureau..."

Le temps.
Tout ce que nous faisons ou pouvons faire un jour nous rattraperont toujours. On peut fuir, se cacher, nier. Il est impossible d’effacer les faits. Il faut y survivre, les assumer, oublier. Certains actes sont punissables, d’autres enviables. Il n’y avait rien qui n’était parfait. Tout était à redire en bien comme en mal. Le temps était une notion fondamentale qui avait été conçue comme un milieu infini dans lequel se succèdent les évènements et souvent ressentie comme une force agissant sur le monde. Elle est d’une durée considérée comme une quantité mesurable, un paramètre permettant de repérer les évènements dans leur succession. Mais comment mesurer le vide qui l’entourait ?

Ce jour là, la jeune LeeRoy était convoquée au Ministère. Tom Jugson désirait lui parler. Elle ignorait les recherches qu’il menait et ses soupçons sur la famille Malefoy. Elle avait lu, comme tous dans la Gazette, la mort de Abraxas de la main de Larsen. Quand elle avait eu l’occasion de parler à ce membre de cette illustre famille, elle avait été plusieurs fois interpellée sur la neutralité qu’il semblait s’obliger à avoir. Les Malefoy était des personnes complexes, bien plus que les Lestrange ou les Black. Leur consanguinité pouvait jouer en cette défaveur mais elle ne leur empêchait pas de respecter les règles et de louer allégeance à celui qui les avait révélé. Sans le Seigneur des Ténèbres, ils n’auraient été rien.
Mais elle connaissait Tom Jugson. Peut-être pas personnellement, mais elle l’avait aperçu quand son défunt mari revenait de ses missions. Elle se souvenait du bel homme qu’il était. Elle espérait qu’il n’avait pas changé et qu’elle aurait ainsi le plaisir de délecter ses yeux. Il était assez connu que les Directeurs des grands bureaux du Ministère n’étaient pas réputés pour leur beauté ou leur coté impeccable. Mais celui ci était marié et il était plus difficile d’avoir une délectation réciproque d’un homme marié. Pourtant, il était plus agréable de succomber à ce qui était défendu. Elle en avait eu plusieurs aperçu quand ils se laissaient s’emporter dans quelques aventures Mitch et elle, ce qui montrait à quel point elle pouvait être aussi volage sans aucune culpabilité. Alors marié ou pas, la fidélité était bien une vulgaire notion de Moldu ou de Sang-de-Bourbe. Seul son cœur était loyale à l’amour.

Arrivée pourtant à l’heure, on lui demanda de patienter. Le Directeur de Magenmagot n’était pas encore présent. Vêtue d’une longue robe verte foncé aux tissus plissés, aux manches fondues et au col en dentelle, ajustant son unique gant en dentelle noire jusqu’à la moitié de son bras gauche, elle s’était avancée vers la fenêtre pour regarder le va et vient de la rue. Une élégante broche discrète qui remontait le coté droit de ses mèches de cheveux châtains ondulés retombant en cascade sur ses épaules, elle arborait ainsi l’écusson de Serpentard, la maison dont elle était directrice. A son cou, et glissant jusqu’entre ses petits seins, pendait la chaîne qui retenait la bague de son alliance avec Mitch. Maquillage léger, talons discrets, elle s’était contentée d’être plus sobre qu’à l’ordinaire. Elle se trouvait au Ministère et sa présence comme son apparence ne passeraient inaperçues pour personne. En dehors de Poudlard, elle représentait en quelque sorte Poudlard et encore plus elle en tant que directrice de maison.
Elle n’entendit pas immédiatement l’homme entrer dans la pièce et elle se retourna doucement quand celui ci s’adressa immédiatement à elle. Le temps de ses paroles, elle le dévisagea sans pour autant se montrer trop insistante mais juste assez pour constater qu’il était rester le bel homme dont elle se souvenait. Elle n’en fut pas déçue. L’entretien pouvait se passer dans toutes les meilleures conditions possibles. Elle ne voudrait pas brider son comportement. N’était-elle pas l’enseignante dont les charmes étaient les plus redoutables de toute son école ?

« Monsieur Jugson… C’est un plaisir de pouvoir vous revoir… Le temps nous dépasse, nous domine… Ce n’est rien, je ne suis pas moi même gardienne du temps… et celui ci m’est disponible pour toute l’après-midi… »

Lui emboîtant le pas, gardant son air neutre et posé et, puisqu’il le lui avait demandé, elle pénétra dans son bureau...

"Monsieur Jugson… C’est un plaisir de pouvoir vous revoir… Le temps nous dépasse, nous domine… Ce n’est rien, je ne suis pas moi même gardienne du temps… et celui ci m’est disponible pour toute l’après-midi…"

Tom eut un sourire tout en gagnant son bureau. Ainsi elle se souvenait de lui. Curieusement, lui aussi se rappelait d'elle, pourtant juste entr'aperçue une fois ou deux. Mais la machine du temps et des souvenirs ne fonctionnait pas comme les autres. Il fallait beaucoup d'expérience pour en décrypter les rouages, et comprendre l'influence que notre passé sur notre a sur notre présent et sur notre avenir.

Le passé. Voilà quelque chose que Tom détestait. Pour lui, cela signifiait Azkaban. Cela lui rappelait les détraqueurs, le froid, et la sensation que rien ne pouvait se finir sans qu'il meure. Et les souvenirs heureux, dans tout cela ? Justement. Ce n'était pas le passé, mais des souvenirs. Tom avait besoin de faire la différence entre ce qu'il aimait et ce qui avait failli le broyer.

Quant à l'avenir, le Mangemort n'imaginait pas autre chose que des moments de gloire et de bonheur. Il le fallait, c'était essentiel pour pouvoir avancer. Oui, il fallait se rapeller des erreurs, des succès et des échecs, pour envisager quel serait le meilleur des chemins. Parmi toutes les voix qui s'offrent à nous, on n'en retient qu'une, la plus belle, celle que l'on choisit.

Des années que Tom vivait avec ce principe. Tout ce qu'il voulait, c'était vivre sa vie à fond, sans regrets, et au moment de mourir ne pas se rendre compte que sa vie avait été inutile. Oui, s'il pouvait vivre et mourir de cette manière là, alors il serait content.

Il invita la jeune femme à s'asseoir, lui désignant le fauteuil de cuir noir reservé par habitude aux visIteurs. Lui meme avait retiré son manteau et son chapeau, à présent supendus au porte-manteau du coin de la pièce. Le directeur du Magenmagot appréciait l'ambiance studieuse et chaleureuse de la pièce avec son bureau en acajou et ses biblitohèques pleines de grimoires. D'ailleurs, quelques livres trainaient sur la table, dont L'illustration des progrès du Quidditch, écrit par le frère de Tom, Rodger, qui connaissait bien ce sport puisqu'il dirigeait la célèbre entreprise familiale, NimbusDone.

S'asseyant lui aussi, il déclara :

"J'ai été navré d'apprendre la mort de votre mari. Mitch était quelqu'un de bien. Quant à votre fils..."

Cette fichue histoire de hors-la-loi, encore et toujours. Tom avait pourtant remué ciel et terre pour découvrir le fin mot de l'histoire. Il avait convoqué, interrogé, torturé, et meme tué pour savoir où étaient passés ces enfants. Parmis eux, il y avait des gosses de gens qu'il connaissait. D'abord il avait mis Travers sur l'affaire. Ca n'avait rien donné. Il avait alors repris le dossier en main, cette fois avec quelques résultats.

Mais pour l'instant, il n'en dirait pas plus. Tom ne faisait rien, jamais, au hasard. Il ne livrait pas d'informations sans rien en retour. Ici, il avait de bonnes chances d'en avoir.

"On m'a parlé de vous en termes pour le moins élogieux, Miss LeeRoy. Très élogieux. On m'a dit que vous serviez bien le régime, et qu'il n'y avait pas plus loyale que vous au Seigneur des Ténèbres."

Le on était bien sur Brom, mais surtout Scofield, pourtant avare de compliment en règle générale. Mais le on était aussi Tom lui-meme, plutot enclin à croire ce qu'il répétait.

Il continua :

"Je sais que vous cherchez des réponses. Moi, je peux vous en donner certaines. Vous, vous pouvez m'apporter des éléments nouveaux sur une affaire bien précise."

Il ne comptait pas lui forcer la main. Mais quelque chose lui disait que si LeeRoy lui révélait ce qu'Abraxas lui avait, alors ce serait fort interessant.

Un atmosphère rassurant, une ambiance studieuse et chaleureuse, des livres soigneusement posés sur le bureau en acajou et des bibliothèques pleines de grimoires, la jeune LeeRoy se sentait à l’aise dans un tel endroit. Suivant le directeur du Magenmagot à l’intérieur de la pièce, le laissant refermer la porte derrière eux, elle prit place sur le fauteuil en cuir noir qu’il lui indiqua. Elle avait entraperçu Jugson quand il n’était qu’un homme de terrain. Il avait fait du chemin, tout comme elle, depuis ce temps là pas si lointain malgré tout. Et cela lui donnait encore plus de charme.

Bien que cela semblait prévisible, elle ne s’attendait pas qu’il parlait aussi vite de son défunt mari. Ils étaient amis même si elle ignorait comment ils avaient développé cette amitié. Il y avait des mystères qu’il valait parfois mieux laisser en zone obscure. Le beau Shaeffer n’avait aucun compte à lui rendre, même mort, et elle avait de nombreux secrets pour lui. N’était-ce pas l’un des principes même du mariage ? En tout cas, pour elle, s’était tout l’inverse des serments que s’évertuaient à respecter les idiots de Moldus. Ce qui était bien était mal, ce qui était mal était bien. Ainsi marché leur monde.
Quand il vint à parler de Daniel, ou en tout cas quand il commença à l’évoquer, elle crut que son cœur elle se retournait dans sa poitrine. Sa phrase en suspens en disait long comme elle ne disait rien. Elle craignait qu’il ne lui annonçait sa mort, mais il ne semblait rien en faire. Mais le doute était grand et son malaise tout autant.

Elle écouta entièrement la suite de ses propos alors que son visage, si assuré un peu plus tôt, était devenu moins confiant et plus préoccupé. Elle lissait le tissu de sa robe au dessus de son genou comme pour prendre le temps de lui répondre sans se laisser emporter par les émotions que cela lui impliquait à chaque fois qu’elle s’efforçait d’en parler. Elle parlait sans peine de son fils mais s’était totalement renfermée au sujet de son époux. La douleur qu’elle refusait d’en admettre était sans doute l’une des raisons de son malaise à ce sujet. Entre autre chose. Ce qui était certain s’était qu’elle n’acceptait toujours pas la situation.

« Mitch était un homme fort et loyal… Fidèle Serviteur des Ténèbres, il se prédestinait à une brillante ascension parmi les Mangemorts… Notre fils possède les capacités de prendre un jour sa relève…
Pourquoi lui, pourquoi nous, tant de questions qui restent en suspens… Alors si en échange de quelques informations mon aide ne va pas à l’encontre du Seigneur des Ténèbres, vous pouvez compter sur mon entière collaboration… »

Elle se serait bien levée pour renforcer ses dires et calmer les battements de son cœur. Mais pour ne pas être impolie, elle préféra rester assise. Elle avait noté à quel point on ne manquait pas d’éloge à son sujet, à quel point elle était devenue importante et incontournable aux yeux de tous. Elle ne devait pas ternir à sa réputation et rester elle même était sa meilleure atout. Donc parfaitement droite assise dans ce fauteuil, les jambes croisés, les mains jointes sur ses genoux, elle se contenta d’être la plus fière possible. Surtout que de savoir ce qu’on pensait ainsi d’elle la rendait assurément fière.
Entre compliments et informations en suspens qu’elle espérait avoir au sujet de son fils, Tom avait su gagner toute l’attention de la jeune femme. Alors il pourrait presque lui demander tout ce qu’il voulait, elle serait disposée à le lui donner…

« Mitch était un homme fort et loyal… Fidèle Serviteur des Ténèbres, il se prédestinait à une brillante ascension parmi les Mangemorts… Notre fils possède les capacités de prendre un jour sa relève…
Pourquoi lui, pourquoi nous, tant de questions qui restent en suspens… Alors si en échange de quelques informations mon aide ne va pas à l’encontre du Seigneur des Ténèbres, vous pouvez compter sur mon entière collaboration… »

Tom voyait la douleur que ressentait LeeRoy. Il la comprenait bien sur en tant que concept, sur le plan théorique. Les paroles de la jeune femme étaient poignantes, certes. Elles n'émouvaient pourtant pas le moins du monde le Mangemort. Il n'était pas compatissant pour un rond. La mort du fils de LeeRoy, la mort de Mitch...ça l'ennuyait, parce que ça montrait bien qu'il y avait un souci avec les hors-la-loi. Ça l'ennuyait, parce que ça faisait moche qu'ils enlèvent des mômes et que le ministère ne fasse rien. Mais jamais, au grand jamais, ça ne lui faisait de peine. Tom avait oublié ce que s'était la douleur. Il avait eu mal, si mal à Azkaban, qu'il était devenu insensible à tout : à la douleur physique, mais aussi à la douleur psychologique. Il faut dire qu'en plus de ça, il appliquait une règle simple : je vois, je veux, je prends. Tout lui appartenait, tout n'existait qu'en fonction de lui-meme. Les autres n'étaient rien s'il ne leur portait pas d’intérêt, s'il ne plaçait pas d'espoir en eux.
Le portrait même du parfait salaud.

D'un geste, il retira ses lunettes, eut un sourire :

"Rien de ce que je fais ne va contre le Seigneur des Ténèbres, Miss LeeRoy...jamais. J'ai bien trop de respect pour Son oeuvre, magnifique et généreuse. Non, ce que je vous demande, au contraire, a pour unique but de contribuer à Sa gloire."

Il lui sourit d'un air paisible. Le principe de fidélité du au mariage, déjà bien bancal chez Tom, du fait du principe du "je vois, je veux, je prends", tanguait de plus en plus. Ni lui ni sa femme ne se cachaient leurs aventures. Aucun d'entre eux n'ignorait ce que faisait l'autre. Aucun d'entre eux n'ignorait non plus que personne ne comptait à part eux deux. Oui, LeeRoy lui plaisait, oui, LeeRoy était séduisante. Bon. Une fois qu'on avait posé la chose, Tom décida de s'en occuper plus tard. S'il avait le temps. Toujours raisonner de façon logique, froide, subtile, et surtout ne pas oublier son objectif principal.

Allons, allons, s'encouragea-t-il. Larsen l'a déjà interrogé. Recommençons donc. Peut-être aurons nous plus de succès cette fois ci. Tenons nous en aux faits. Après...eh bien après, peut-être lui donnera-t-on ce qu'elle demande. Ce dossier, il ne l'aimait décidement pas. Les noms qui ressortaient lui étaient connus, lui rappelaient le passé. Un passé qu'il détestait. Enfin tant pis, il n'avait pas le choix....

Il expliqua :

"Je sais que Mr Menroth vous a déjà interrogé à ce sujet...néanmoins, je voudrais recommencer. Vous avez, je crois, rencontré Mr Abraxas Malefoy. Racontez moi les faits, ce qu'il vous a dit, avec autant de précision que possible. Tout a son importance, voyez vous ?
Et puis lorsque vous m'aurez raconté, alors je vous parlerais de ce que moi je sais sur la disparition de votre fils. Alors chacun aura ce qu'il voudra..."

Restait cependant à définir ce que chacun voulait...

Frédérique savait parfaitement cacher ses sentiments. Mais elle avait du mal à dissimuler sa douleur quand on lui parlait de son fils. Il n’était pas mort mais son enlèvement avait été une telle déchirure dans son être qu’elle n’arrivait pas à s’en remettre. C’était pire que quand elle avait découvert le cadavre de Mitch. Elle aimait ce dernier mais on n’enlevait pas le lien du sang qu’il pouvait y avoir entre une mère et son enfant. Elle ne cherchait pas à attendrir Tom. Mais elle se contentait d’avoir des paroles vraies, sincères. Elle ne voulait pas se défiler à ses yeux. Il connaissait trop sa petite famille pour accepter qu’elle se jouait de lui. Il avait été ami avec Mitch et s’était suffisant à ses yeux pour avoir son respect.
Elle continuait à le dévisager. Observatrice sans être non plus pressante, elle aimait à découvrir les expressions de ses interlocuteurs quand celui ci lui adressait la parole. Il y avait plus à découvrir dans les traits d’expression d’un visage et dans des regards que dans des mots. Il semblait froid, plus qu’elle ne pouvait être quand elle se détachait du monde et des gens qui l’entourait. Lui semblait l’être continuellement. Il semblait l’être encore plus que lors de leur dernière rencontre. Azkaban détruisait les êtres, pas que physiquement, mais aussi moralement. Il était regrettable qu’un homme avec son potentiel avait pu subir un tel châtiment injuste.
Elle le regarda retirer ses lunettes, lui sourire ensuite d’un air paisible avant de lui répondre. Cette réponse était sincère, fidèle à tout propos qu’elle aimait entendre au sujet de leur cause. Elle prit donc le temps de recevoir la réponse, de l’approuver et d’y répondre à son tour, sous les propres regards observateurs de cet homme qu’elle connaissait sans réellement le connaître.

« Si cela a pour but de contribuer à la gloire du Seigneur des Ténèbres… je ne peux qu’être disposée à vous aider du mieux que je le peux… »

Les choses étaient ainsi posées, clairs et sans arrière pensée. A présent ils allaient pouvoir entrer dans le vif du sujet et Jugson ne tarda pas à lui faire comprendre l’intérêt de sa convocation auprès de lui. Abraxas devait être un homme bien mystérieux pour que tous viennent à l’interroger sur leur dernier entretien. Elle avait en effet tout dit à Menroth lors de leur entrevue inofficiel. Elle avait tellement d’entrevue avec tout le monde qu’elle pouvait en fait détenir de nombreuses informations à décrypter sur tous. L’idée était amusante.

« Le Professeur Brom, comme vous devez en avoir connaissance, a fait de moi sa disciple… Il m’enseigne la Legilimencie et l’Occlumancie… Cet art permet de lire dans les pensées, de transmettre ses pensées… mais parfaitement travaillé on peut transmettre des bribes de souvenir… Cela n’est pas aussi précis ni fort qu’une pensine… mais si cela vous permet d’avoir des informations détaillées sur mon entretien avec Monsieur Abraxas Malefoy… je veux bien tenter l’expérience…
Qu’en pensez vous… ? »

Elle espérait que l’idée lui plaise. Sinon elle lui raconterait oralement comme elle l’avait raconté à Menroth. Mais les détails ni seraient pas. Quand on conversait, il était courant d’oublier la moitié des choses auxquelles on aurait pu dire, qu’on aurait pensé à dire. Elle voulait des informations fraîches sur la situation des enfants enlevés et surtout sur son fils. On ne pouvait pas dire qu’elle était prête à tout pour cela. Il y avait toujours des limites à tout malgré ce que l’on pouvait en dire. Mais elle pouvait contribuer à de nombreuses choses pour obtenir ce qu’elle désirait…

« Si cela a pour but de contribuer à la gloire du Seigneur des Ténèbres… je ne peux qu’être disposée à vous aider du mieux que je le peux… »

Bien, bien, bien. Tom eut un sourire satisfait. Si elle acceptait de collaborer, c'était tout de suite plus facile. Il n'aimait pas interroger longuement les gens, ça le fatiguait plus qu'autre chose, et il n'aimait pas non plus torturer. Assassiner quelqu'un ne lui posait aucun problème, étant donné que la vie des autres, et donc leur mort, ne le touchait pas vraiment. Il n'était pas comme Bellatrix, ou comme Greyback. Non, le directeur du Magenmagot ne faisait pas partie de cette catégorie de Mangemort qui tuaient pour le plaisir de tuer. La mort était un outil pour parvenir à assurer l'avenir des idées du Seigneur des Ténèbres. Il n'était pas cruel, loin de là : tuer un innocent l'ennuyait profondément. Mais c'était quelqu'un de loyal : s'il fallait faire des exemples, on faisait des exemples. S'il avait bien quelques scrupules, ça ne tenait pas longtemps. Il faisait ce qu'il y avait à faire, point. C'est ce qui faisait de lui l'un des mangemorts les plus aimés, et les plus respectés par le peuple : il était humain, et incarnait un homme stable,charismatique et décidé. En tant que mangemort aussi, de par son talent de stratège, et la réussite de la plupart des missions qu'on lui confiait, il était apprécié.

Frédérique LeeRoy l’intéressait. Bien sur pour les informations qu'elle avait sur Abraxas, mais aussi pour les relations qu'elle avait avec Scofield. Jugson était curieux, et il s’intéressait un peu à sa relation, qu'il trouvait un peu trop trouble pour être honnête. Même si jusqu'à là, il n'avait rien trouvé de concret...

Pour intéresser un tant soit peu Tom, il fallait que votre existence puisse influencer la sienne. Ou qu'il vous traite en ami. Mais c'était rare, très rare. Il n'aimait pas grand monde. Il fallait vraiment que vous ayez quelque chose de particulier, voire même d’exceptionnel, pour attirer son attention. Et LeeRoy concentrait tout cela.

Tom détestait les Malefoy, parce que selon lui c'étaient, comme tous ceux qui n'avaient pas étés à Azkaban, des traitres et des lâches. Il avait eu de plus, la preuve qu'ils l'étaient réellement. Interroger LeeRoy constituait en fait l'ultime vérification avant de faire quoique ce soit. Ils ne méritaient donc pas le pouvoir, et ils devaient donc partir. D'un autre coté, il était ambitieux. Alors pourquoi ne deviendrait-il pas ministre lui-même ?

« Le Professeur Brom, comme vous devez en avoir connaissance, a fait de moi sa disciple… Il m’enseigne la Legilimencie et l’Occlumancie… Cet art permet de lire dans les pensées, de transmettre ses pensées… mais parfaitement travaillé on peut transmettre des bribes de souvenir… Cela n’est pas aussi précis ni fort qu’une pensine… mais si cela vous permet d’avoir des informations détaillées sur mon entretien avec Monsieur Abraxas Malefoy… je veux bien tenter l’expérience…Qu’en pensez vous… ? »

La légilimancie. Un art que Tom maîtrisait, moins bien cependant que l'occlumancie. Il était tellement plus facile de dissimuler des choses que de les révéler...Cependant l'idée lui plaisait. C'était plus facile que de raconter. Et plus précis. Il approuva de la tête :

"Pourquoi pas ? Après..."

Il sortit un de ses dossiers. LE dossier, en fait. Celui concernant Dwight Shaft et James Moriarty. Nul doute que LeeRoy serait très interessée.

"Nous parlerons de votre affaire."


[HRP : Je te laisse raconter l'entrevue avec Abraxas, ça me semble plus logique...]

Il y avait toute sorte d’entretiens. Il y avait ceux plutôt rustre, sauvage, barbare même et qui pouvaient mener à la torture. Il y avait ceux du type professionnel, courtois, posés, polis et qui apportaient la diplomatie. Et il y avait ceux que l’on qualifierait de charmeurs, provoquant et joueurs qui s’achevaient par des passions torrides. On avait des entre-deux mais les issus n’étaient jamais prévisibles à l’avance mais qui avait des développements intéressants.
Ici on pouvait dire qu’on était dans un entre-deux. Savoir lesquels étaient plutôt aisés mais savoir duquel l’entretien avait commencé cela semblait plus corsé. Ils avaient aussi bien l’un que l’autre, l’art et la manière de converser. Ils prenaient le temps de réfléchir avant de parler. Ils pesaient leurs mots, ils les analysaient, ils les utilisaient de sorte à ce que cela coulait avec autant de facilité que l’eau s’écoulait le long du fil de la rivière. Ils étaient francs et directs. On n’était pas là à la manipulation, au secret, à la dissimulation. Comme deux personnes qui se comprenaient sans forcement en devenir ami ou plus. Juste une compréhension simple et réciproque sans rien d’autre en retour.

Tom n’était pas un bel homme, bel homme dans son sens à elle. Il avait du charme, elle ne pouvait le nier, mais cela en restait là. Scofield était ce qu’elle qualifiait de bel homme. Mitch était le bel homme par excellence, celui qui vous faisait fondre en seulement un regard et pour qui elle n’avait jamais pu rien refuser. Amour aveugle ou simple jeu de charme, elle ne saurait encore à ce jour répondre à ce propos.
Donc pour un homme comme Tom, en plus qu’il avait été un ami de son époux, elle ne pouvait refuser de collaborer. Il fallait préciser aussi qu’il faisait parti de son camp, de ses idéaux. Elle pourrait s’offrir à lui juste car elle était charmée par ces points. A moins que ça ne soit elle-même, avec les valeurs qu’elle m’était en avant, sa force et sa présence qui pouvait charmer cet homme au point de la satisfaire après qu’elle lui ai apporté entière satisfaction à cet entretien. Une satisfaction qu’il pouvait lui satisfaire lui aussi.
Ils étaient bien dans un entre-deux.

Alors que l’homme lui ai montré qu’elle pouvait avoir confiance en lui, elle n’eut pas besoin d’être plus convaincue ni d’être longuement interrogée. De plus, il acceptait sa proposition qui était de lui transmettre l’intégralité de son entretien avec Abraxas Malefoy à travers de ses souvenirs. Ainsi, il aurait tous les détails, même ceux qui ne pourraient pas être retranscrit.
Elle se mit la plus droite possible, respira doucement, allongea ses bras le long des accoudoirs de son fauteuil en pointant la paume de ses mains vers le plafond et se concentra. Les images de son entretien, un peu à l’improviste avec l’intéressé lui revint rapidement. Chaque mot, chaque attitude, chaque regard, chaque intonation, chaque pensée furent entièrement retranscrite. Rien ne passa outre. Jugson obtenait ainsi bien plus que ce qu’il voulait, comme si on avait installé une caméra qui des yeux et des oreilles de Frédérique lui apportaient des précisions que nulles n’avaient plus lui apporter jusque là.
Quand ce fut finit. Elle sourit en coin et sans ouvrir immédiatement les yeux, elle s’adressa à Tom d’un air calme et parfaitement détendu.

« Parlons de mon affaire à présent, voulez-vous… »

Ouvrant les yeux, la jeune LeeRoy décroisa ses longues et fines jambes, se laissa glisser jusqu’au bord de son fauteuil et se pencha doucement vers son interlocuteur. Elle était toute ouïe à ce qu’il allait pouvoir lui révéler. Serait-ce plus, serait-ce moins, elle l’ignorait encore, mais elle espérait que cela soit à la hauteur de ce qu’elle avait pu lui fournir grâce à son don dont elle était plutôt fière des résultats…

Tom observa. Observer une mémoire était toujours intéressant. Il était un excellent observateur, un très bon écoutant. Il vit Abraxas, homme au visage froid et triste, il vit LeeRoy, telle qu'elle était, identique à celle qui était en face de lui assise dans le fauteuil de son bureau qu'il réservait aux invités.

Il vit, écouta. Et il comprit. Associé aux preuves et aux témoignages déjà recueilli, le scénario se mettait en place, les parties manquantes du puzzle se complétaient, pour enfin restituer dans son entier l'odyssée morbide de la famille Malefoy, qui leur avait finalement été fatale. Il avait enfin plongé au coeur des Ténèbres, et il voyait les trahisons, la violence, les morts, et le sang.

Lucius avait choisi le camp du Seigneur des Ténèbres, Abraxas avait pris son contre-pied en épousant Amanda et en choisissant celui des traîtres à leur sang. Puis Lucius avait trahi une première fois à la fin de la première guerre. Abraxas n'avait pas changé de camps. Lors de la deuxième guerre, Lucius avait joué double jeu, entraînant Drago dans son sillage. Mais quand il avait vu le pouvoir se profiler devant lui, il avait définitivement choisi son camp. C'est là qu'il s'était rendu compte qu'Amanda, mais surtout Abraxas, parce que c'était lui qui en savait le plus sur ses activités, étaient trop dangereux. Il avait voulu les faire éliminer, réussissant en partie : Amanda était morte. Abraxas avait voulu se venger, sans savoir de qui, jusqu'au bout, jusqu'à ce qu'il meurt, face à Menroth. De son coté, Lucius était devenu ministre, puis était mort, emportant son secret dans la tombe. Drago décédé, Narcissa enfermée, il n'y avait plus personne pour se souvenir de ce qui s'était passé. Et c'était tant mieux.

"Quelle triste histoire...merci de m'avoir aidé, Miss LeeRoy. Grace à vous, je sais à présent ce qui s'est passé dans l'ensemble."

A présent, on allait passer à autre chose. Un sujet tout aussi intéressant, d'ailleurs.

" Parlons de mon affaire à présent, voulez-vous…
- Bien sur. Tout d'abord, l'information principale que j'ai à vous donner, c'est que votre fils est vivant.Nous ne savons pas encore où il est, ni ce que les résistants ont fait de lui, mais nous savons qu'il est vivant. "

Une pause. Quand on annonçait des choses de cette ampleur, Tom le savait, mieux valait prendre son temps. Il laissa s'écouler un peu de temps, puis reprit :

" D'autre part, nous savons aussi qui sont les assassins et les kidnappeurs. Mais reprenons depuis le début. Quand Mr Scofield a informé la brigade de la police magique, je m'en suis un peu mêlé, et j'ai demandé à ce qu'on confie l’enquête à Mr Scipio Travers, l'un des chefs de la brigade. C'est ce qu'Abraxas vous a dit, et c'est de Scipio qu'il tenait ses informations. Après plusieurs mois d’enquête sans vraiment progresser, j'ai décidé de reprendre moi-même les investigations, à l'aide d'un des meilleurs exécuteurs de nuisibles que je connaisse, Abel Peterson. Il s'est infiltré parmi les hors-la-loi, et ça a conduit à l'arrestation de trois d'entre eux. Dont un certain Luigi Pirandello.

Pirandello espérait échapper à la peine capitale. C'est lui qui nous a dit qu'ils ne tuaient pas les enfants, mais qu'ils n'en savait pas plus. Ils nous a dit qu'ils étaient dix, placés sous les ordres de James Moriarty et de Dwight Shaft. Qui eux-mêmes tenaient leurs ordres de John Sheppard en personne. Ce sont eux qui ont attaqué et tué Mitch, eux qui ont enlevé votre fils. Eux enfin qui savent, enfin savait pour Shaft, puisqu'il est mort, où allaient ensuite les enfants. "

Il ouvrit les deux dossiers, et les placa devant LeeRoy afin qu'elle puisse les lire :

"Le Professeur James Moriarty, vous le connaissez sans doute, je crois qu'il a enseigné à Poudlard juste avant vous. Professeur honoraire de sortilèges de l'université magique de Vienne. Docteur es sortilèges de l'université magique de Dublin. Membre honoraire du haut conseil des enseignants de Russie. Il avait succédé à Flitwick comme enseignant à Poudlard, puis était entré dans la résistance quand on avait découvert qu'il publiait des articles contre le régime dans un journal clandestin. Né à Salisbury en 1965, âgé de 38 ans, d'une mère sang-mêlée et d'un père sang-pur. Ex Gryffondor. Un homme extremement intelligent. Un sorcier mondialement connu.

Dwight Shaft. 33 ans. Sang-pur. Ex-Serpentard. Un parcours parfait, un avenir prometteur, de bonne fréquentation. Et puis après avoir eu ses ASPICS, quelque chose se brise, il renie sa famille, ses amis, ses valeurs, entreen résistance. Là, il rencontre Moriarty, qui devient son mentor, et ensemble, ils prennent une route de crimes et de honte.

Jusqu'à la mort de Shaft, en tout cas, commenta Tom. Peut être lisez vous la Gazette du Sorcier, et y avez vous lu le communiqué que le Magenmagot a fait dernièrement ? On y parlait de Shaft, de Moriarty, de Pirandello, sans préciser leurs crimes.

Voici ce qui s'est passé. Pirandello, celui dont je vous ai parlé tout à l'heure, a indiqué à Peterson que Moriarty et Shaft viendraient à coup sur dans un endroit de Londres précis. Moi et Peterson les avons attendus, et ils sont venus. Il y a eu combat : j'ai tué Shaft, Moriarty a tué Peterson et s'est enfui. J'aurai aimé prendre Shaft vivant, pour qu'il parle, mais bon...
Quand à Moriarty, Il est encore en fuite, et n'a plus de contact avec personne. Nous ne devrions pas tarder à le capturer, et alors il nous dira où sont les enfants. "

Tom ne jugea pas utile le fait de mentionner que Shaft avait été son ami à Poudlard. Encore moins de dire qu'il avait laisser partir Moriarty volontairement. Il y avait des choses qu'il valait mieux ignorer, et le fait que le directeur du Magenmagot pouvait faire preuve d'humanité en était une.

Le Professeur de Sortilèges qu’elle était haussa simplement un sourcil quand son interlocuteur reprit la parole en annonçant qu’il s’agissait d’une bien triste histoire. Elle n’était pas réellement sur qu’il s’agissait de ce qu’il pensait réellement de cette histoire. Elle, elle ne trouvait pas cela triste, vu qu’elle n’avait de tristesse que pour des choses qui la touchaient directement. Elle la trouvait plutôt particulière et qui méritait réflexion. En tout cas, elle était satisfaite d’avoir pu utiliser à merveille ses dons et cela puisse être utile pour son gouvernement qui s’intéressait de près à cette affaire.

Ils abordèrent enfin ce qui l’intéressait le plus et elle se redressa dans son fauteuil comme pour prendre de la mesure face à tout ce qu’on pouvait lui dire. Sa seule crainte était bien sur d’apprendre la mort de son fils. Mais qu’importait l’annonce, pour l’heure, elle aurait la même réaction pour tout ce qu’on pouvait lui dire. Elle resterait lointaine, neutre, et parviendrait ainsi de n’être touchée en aucune mesure. Elle savait contenir avec aise ses émotions et sentiments devant les autres. En privée, s’était une toute autre affaire.
La jeune femme ne perdit aucun des mots que Jugson prononça. Il lui fit une révélation qui l’interessa au plus au point. Elle avait à présent le nom des assassins et kidnappeurs de ces enfants. Dans les trois noms qu’il lui donna, elle retenait les deux qui restaient en vie et qu’elle allait devoir traquer. Elle ne fut pas étonnée de savoir que Sheppard avait un lien avec tout cela. Il ne l’avait pas nié la dernière fois qu’ils s’étaient confronté. Les propos étaient parfaitement détaillés. Elle en savait plus qu’elle n’espérait un jour savoir. Plus elle regroupait les témoignages plus elle avait une histoire complète des événements. Elle allait pouvoir ainsi agir de manière plus minutieuse, plus directe.

« Vous ne pouvez imaginer à quel point ce que vous me donnez peut-être important pour la Serviteur des Ténèbres que je suis mais aussi pour la mère que je continue d’être… »

Car il était vrai que cette histoire la touchait particulièrement et personnellement mais elle l’atteignait aussi pour son aspect politique. Toutes les actions menaient par les hors la loi avaient un aspect politique. Ils ne voulaient pas touches les sorciers en eux même, ils voulaient atteindre le Ministère, le gouvernement, Voldemort. Tout ce qu’ils faisaient étaient précis, calculés, soigneusement préparés. On ne pouvait pas leur en vouloir dans la mesure où ils étaient contre le gouvernement et faisait tout contre lui. Mais elle leur en voulait pour l’acte en lui même. Enlevés des être aussi innocents que de jeunes enfants étaient quelque chose de punissables, d’ignobles, de méprisables. Elle les méprisa encore plus depuis qu’elle n’avait plus son fils auprès d’elle. Elle les maudit définitivement en apprenant ainsi que le meurtre de son époux avait un lien direct avec tout cela.
Elle avait donc lu les dossiers que Tom plaça devant elle. Elle avait retenu sa colère quand elle avait découvert les noms de Moriarty et de Shaft. Deux personnes que personne n’avait soupçonné jusque là. Comme quoi, il ne fallait se fier ni à l’apparence, ni au passé des gens, encore moins des sorciers qui vous entouraient. Alors qu’elle était penchée, un peu trop osée dans sa manière d’être penchée, sur les dossiers, elle leva ses yeux chocolats vers le Directeur du Mangemangot et lui lança un regard presque rempli d’une sombre malice.

« Quand vous vous partirez à la capture de Moriarty, j’aimerais être présente dans vos troupes… »

Elle insistait sur cette demande mais elle avait ses raisons. Frédérique imaginait déjà comment elle pourrait le faire parler, comment elle le torturerait, comment elle le tuerait pour tout ce qu’il avait pu faire à ces enfants, à tout ce qu’il avait pu faire comme malheur autour de lui, pour avoir tuer Mitch et avoir osé ainsi détruire la petite famille qu’ils formaient. A cette idée, elle haussa un sourire en coin de satisfaction qui se présenta pourtant plus sombre que jamais…