On ne lâchait rien. Lys lança quelques ordres, se sentant presque plus utile à ce niveau qu’avec le Souafle entre les mains. Mais elle ne pouvait pas abandonner ses coéquipiers, elle ne le voulait pas. Si elle ne marquait pas, elle parvenait quand même à intercepter la balle, garantir à ses amis les meilleures passes qu’elle pouvait et leur offrir une ouverture. Après tout, si elle comptait sur Evan pour le but et qu’ils l’accompagnaient, ils pourraient peut être gagner.

Lys ne savait pas si l’encouragement de Rose était un affront ou sincère, aussi ne répondit-elle pas, elle se contenta de la regarder d’un air étrange. Cependant, elle était en colère, parce qu’elle n’arrivait pas à arrêter cette Poursuiveuse. Et que les cognards semblaient l’éviter systématiquement. Si elle était mauvaise joueuse, Lys aurait crié au sortilège de triche. Mais elle pouvait reconnaître le talent de son adversaire, qu’importe à quel point ça l’agaçait. Tom devait bien rire de ses piètres performances, là haut. Et qu’en était-il de sa mère, sa marraine et sa fratrie ? Avaient-ils honte ?

Tandis que l’équipe d’en face marquait, Lys aperçut les deux vieux caïds de batteurs les viser, mais par chance le premier cognard évita Cassidy. Elle poussa un soupir de soulagement, elle ne voulait pas perdre leur attrapeuse. Bien qu’elle ne doutait pas des capacités de Thorolf, Cassidy était une pro. Et face à Tom, c’était préférable.

Rosier avait reprit le Souafle, ils étaient toujours dans la course. Elle le suivit, jurant aux batteurs de se bouger et de virer les autres d’en face. Elle vit le second batteur, le cousin d’Evan, frapper le cognard avec force, et Lys eu un haut-le-cœur en le voyant filer vers Evan. Mais heureusement, il loupa aussi. Bien, soulagement. Persuadée qu’Evan marquerait encore, elle se concentra sur les Poursuiveurs adverses, les empêchant de bloquer son ami. Puis, à son grand étonnement, la gardienne bloqua le tir, sans doute avait-il été déconcentré par le cognard.

▬ C’est pas grave, on garde le moral les gars, on est toujours dans le jeu, fit-elle pour motiver ses troupes. Evan, t’en fais pas, t’es notre meilleur Poursuiveur, j’ai une totale confiance en toi.

A nouveau, elle se retrouva le souafle en main. But droit devant, elle devait égaliser de nouveau. On comptait sur elle, après l’échec d’Evan. Galvanisée par les cris de la foule, elle fila sans prêter attention au reste. C’était elle contre cette saleté de gardienne. Betty, ou peu importe comment elle s’appelait ne l’aurait pas encore une fois. Calme mais rapide, elle feinta, changea de tactique. Fonçant vers l’anneau de gauche, elle dévia à la dernière seconde vers le cerceau opposé, et tira de toutes ses forces.

Puis il rentra. Ils égalisaient. Elle, elle égalisait. Son premier but avait mit du temps à venir, mais était arrivé à point nommé, quand on avait besoin d’elle. Elle était toujours en piste. C’était la joie. Au fond d’elle, elle espérait que Tom était fier d’elle. Son avis sur ses performances comptaient. Et ses yeux brillaient de plaisir.

Il adorait le quidditch depuis qu’il était gosse et il n’y avait que l'oncle Donovan qui assumait de partager cette passion avec lui, et parfois un peu son père. Enfin bien sûr Kate aimait elle aussi le quidditch mais elle n'était pas une Rosier. On se sent seul quand personne ne partage votre passion. Et en l'occurrence Adrian aimait vraiment le quidditch. Les matchs étaient des évènements qu’il attendait toujours avec impatience. Il y trainait de force son père. À Poudlard il avait automatiquement fini dans l'équipe. Rondouillard, puis massif, puis simplement musclé, Adrian avait un jeu brutal, mais plutôt fin et précis. Il aimait les choses nettes, bien faites. Gryffondor avait compté un bon batteur dans son équipe avec lui et le quidditch lui avait permis de se trouver une sorte de sidi deuxième famille.

Ils étaient tous là sur le terrain ou presque, aujourd'hui et il ne pouvait pas manquer l’occasion de jouer avec eux. Gagner, c'est gagner qu’il faut, parce que c’est l’occasion de rattraper toutes ces occasions manquée. Cette vie manquée, un peu, aussi. Adrian rêvait d’une carrière professionnelle et la mort de son père avait gâché cet espoir. Ce match était une très maigre revanche mais il en voulait bien tout de même. Simplement pour s’amuser.

Il partit d’un grand rire lorsque Evan lui hurla dessus :

“ Dans tes rêves, cousin ! Revoyez votre stratégie, plutôt !”

Il observa avec satisfaction Evan manquer son but. Il fit demi tour et prit de la hauteur, cherchant toujours à retrouver Cassidy Faulkner-Nott. La pluie lui coulait sur le visage, on voyait mal. Il se décida à redescendre. Achlys venait de réussir. Merde, elle est plus coriace que prévue, la petite. Maintenant il fallait qu’il choisisse une cible. Pas de Faulkner-Nott en vue ? Les batteurs étaient loin. Bon. Alors un des poursuiveurs. Malheureusement, Evan était trop loin et Achlys, sur qui il se rabattit, manoeuvra pour l'éviter. Manqué encore, la barbe. Il devait se ressaisir.

Elle accueillit l’étreinte de son ami avec une joie folle. Elle n’avait rien à faire qu’elle soit une Sang-Mêlée, que son meilleur ami soit le petit fils de Chapman Rosier, des racontars et autres sornettes. Si elle avait trouvé un mot qui était encore plus fort que Meilleur Ami, elle l’aurait attribué à Evan. Tous les deux, ils vaincraient le monde entier. Et elle espérait qu’au fond de lui, il était fier d’elle.

Ce coup lui avait rendu la confiance. Elle était rapide, agile, interceptait, passait et encourageait. Si elle n’était pas la meilleure joueuse du terrain, elle ne perdait pas de son mordant. Les adultes étaient bons, mais ils ne parvenaient pas à les devancer. Pourtant, la chance sembla leur arriver dessus.

Elle évita un cognard avec habilité. Elle fit un pied de nez avec malice à Adrian, sans méchanceté. Ils la prenaient tous pour une mauvaise joueuse, ils ne comprenaient pas à qui ils avaient affaire. En face, la balle passa de mains en mains, puis Shafiq retenta un tir. Si le Gardien ne l’arrêtait pas cette fois, Lys allait arracher la batte à l’un de ses batteurs et frapper sur son crâne de toutes ses forces pour le réveiller. Non mais, qui l’avait autorisé à s’inscrire cet empoté ?

Pourtant, et contre toute attente, le tir fut bloqué. Ils avaient là une chance incroyable de prendre de l’avance. Ils étaient unis, tous les trois, face aux autres et vers les buts. C’était à Evan que l’occasion fut donnée, et sans étonnement de sa part, il marqua. Lys éclata de joie avec le public.

▬ On va les exploser, les écraser, les pulvériser ! Hurla-t-elle en brandissant le poing de la victoire vers son équipe, puis se tourna vers son ami. Merde Rosier, t’es un champion !

Débordant de joie, Elle fonça vers son ami, l’attrapa par les épaules et lui embrassa sa joue dégoulinante d’eau de pluie. Ils étaient parfaits, à l’épreuve de tout. Mais ce n’était pas terminé, et la balle se retrouva à nouveau entre ses mains, et elle devant les buts. Elle priait pour réussir de nouveau, virevolta, déterminée. Evan avec elle, elle ne pouvait que réussir. Et ce fut un nouveau but. Au diable les autres, ils explosaient tout.

Rosier et Kaustas envers et contre tous.